Accès à l’information des jeunes : "Il faut formaliser les liens entre les associations et les dispositifs d’information" ("Enquête urbaine")
Paru dans Scolaire, Périscolaire, Orientation le mardi 04 mars 2014.
"Quel que soit l’âge ou l’activité en cours des jeunes, nous avons constaté un décalage entre les attentes des jeunes et les informations qu’ils récoltent (...) Pour y remédier, il faudrait envisager de renforcer l’accompagnement des jeunes (…) Le rôle central joué par les associations auprès des jeunes doit être davantage mis en valeur, par l’amélioration de la formation des animateurs afin d’augmenter la qualité de l’accompagnement fourni aux jeunes et les rendre autonomes, ou le renforcement de leur implantation locale par l’attribution de locaux permanents." C’est une des préconisations de l’étude "Enquête urbaine", remise à Valérie Fourneyron, ministre des Sport, de la Jeunesse, de l’Education populaire et de la Vie associative, ce mardi 4 mars. Lancée en octobre 2013, cette enquête sur les 18-25 a pour objectif de définir les ressources et les réseaux mobilisés par les jeunes pour accéder à l’information sur la formation, l’emploi, le logement ou la santé. Réalisée dans des villes de la région parisienne, situées en zone urbaine, périurbaine et rurale, l’enquête a mobilisé six binômes associant des jeunes de l’association Alter’Actions et des jeunes étudiants issus des villes concernées. L’étude a été présentée à la ministre, via des maquettes et des vidéos, ce qu’elle a qualifié d’original. L’enquête viendra enrichir les réflexions sur la mise en place d’un service public d’information, d’orientation et d’accompagnement plus conforme aux attentes et aux besoins des jeunes, affirme le ministère. Cette étude recommande donc de formaliser les liens entre les associations et les dispositifs d’information. "Le rôle des associations et le partenariat avec les collèges et lycées peut se traduire par la mise en place d’un système de tutorat : dès le collège, chaque élève serait suivi par un tuteur qui pourra l’accompagner et le conseiller pour son orientation."
L’étude suggère "l’établissement de partenariats entre les associations, relais privilégié par les jeunes, et les collèges et lycées". Par ailleurs, affirment les enquêteurs, "nous avons rencontré des associations bénéficiant d’un soutien de la mairie et au vu du rôle qu’elles jouent auprès de la jeunesse locale, l’extension du dispositif à d’autres villes et communes peut être envisagée. Dans le même temps, il faudrait créer un partenariat entre les associations – qui fourniraient l’accompagnement – et les institutions, afin de renforcer leur attractivité et leur fréquentation par les jeunes".
Mettre les jeunes en relation avec des professionnels qui pourraient "leur ouvrir de nouvelles opportunités"
Tous les jeunes interrogés ont mentionné le réseau personnel dans leurs moyens d’information, précisent les enquêteurs. L’utilité de ce réseau se matérialise lors de recherche d’emploi ou de logement. "Face au rôle efficace mais limité du réseau, l’objectif serait de limiter les choix par défaut ou trop ‘fléchés’, notamment en mettant les jeunes en relation avec des professionnels qui pourraient les conseiller et leur ouvrir de nouvelles opportunités". Ainsi, "pour multiplier les rencontres entre lycéens et monde du travail, il faudrait compléter les dispositifs d’information par des forums animés par d’anciens lycéens, mais aussi des professionnels, afin qu’ils puissent discuter des parcours possibles et découvrir des domaines qu’ils ne connaissent pas. De cette manière, ils seront mis en relation avec d’autres personnes et pourront enrichir leur réseau professionnel afin de faciliter leur recherche de stage ou d’emploi". Par ailleurs, "il serait aussi profitable d’encourager la création de réseaux d’anciens lycéens et étudiants de type ‘réseau Alumni’, pour favoriser le partage d’expériences et donner des idées à ceux qui hésitent sur l’orientation à suivre. Il apparaît injuste de réserver de tels services aux étudiants issus des grandes écoles". Quant aux associations, "elles pourraient permettre de multiplier les opportunités des jeunes au-delà des propositions du réseau – notamment en les mettant en relation avec des acteurs du monde professionnel pour des stages, ou en leur fournissant de l’information sur les carrières possibles."
Il faudrait "étendre les contacts des lycéens avec le monde professionnel, en leur donnant plus d’opportunités de stage lors de périodes dédiées dans le calendrier scolaire, en fonction de l’orientation professionnelle qu’ils souhaitent poursuivre". De même, "des partenariats peuvent être conclus entre les collèges ou lycées et les autres structures comme les universités. Des tests et cours d’initiation aux formations professionnelles (BTS, DUT…) ou aux cours d’université peuvent être introduits dès le lycée, pour permettre aux élèves de se familiariser avec les disciplines et les domaines vers lesquels ils envisagent de s’orienter. Cela leur permettrait également d’étendre l’horizon de leurs possibilités, dans une perspective d’orientation." Par ailleurs, l’étude préconise de "promouvoir l’entreprenariat". Ce qui permettrait de sensibiliser les jeunes au cours de leur orientation, alors que beaucoup ignorent cette possibilité.
Impliquer les collectivités pour aider les jeunes en quête d'information
Pour chacune de ces thématiques, "des moyens sont mis en œuvre par les collectivités pour informer, orienter ou aider les jeunes en quête d’informations. Souvent ils ignorent que, dans leur commune, département ou région, des dispositifs d’aide sont mis à disposition. On peut citer les Points d’Information Jeunesse (PIJ) dont un grand nombre d’interrogés ignoraient leur existence." À l’inverse, "les centres d’information et d’orientation sont fortement connus chez les interrogés. Ils expliquent que les CIO sont recommandés par les professeurs dans les collèges et lycées." L’étude préconise "d’informer les collégiens et lycéens, dans leurs établissements respectifs, de l’existence et du rôle des différentes institutions qui seraient amenées à les aider à court, moyen et long terme. Il est important d’informer les moins de 16 ans dans la mesure où certains sortent du système scolaire à cet âge."
Les enquêteurs affirment qu’ils sont conscients qu’il existe déjà un réseau de missions locales qui répond à ce besoin. "Nous avons cependant constaté que les missions locales sont, en pratique, incapables de traiter les demandes de l’ensemble des jeunes. Une jeune en recherche d'emploi de 24 ans nous a par exemple confié que lorsqu’elle s’est adressée à sa mission locale, sa conseillère lui a répondu : les jeunes diplômés, on ne sait pas comment s’occuper de vous." Les enquêteurs préconisent donc de "revoir la formation des conseillers pour qu’ils puissent accompagner chaque jeune quels que soient son parcours ou ses difficultés".
En ce qui concerne les institutions, "il faudrait renforcer leur communication et leur attractivité pour donner aux jeunes l’envie de s’y rendre". Les enquêteurs proposent notamment à la création d’un forum internet pour l’orientation et la recherche d’emploi, animé par les institutions. "Les partenariats entre institutions et associations pourraient contribuer à faire augmenter la fréquentation de ces institutions : le suivi serait alors fourni par les associations tandis que les institutions conserveraient leur rôle traditionnel." Ils proposent de simplifier l’arborescence des sites internet des institutions et d’adopter un langage moins formel pour faciliter la compréhension de l’information par les lecteurs. Il faudrait créer "une plateforme web pour multiplier les opportunités et les mises en relation de contacts". Cette interface peut prendre la forme d’un forum ou d’un réseau social animé par un ou plusieurs conseillers des PIJ (Point d’informations jeunes) ou des institutions, pour apporter des réponses spécifiques aux interrogations des jeunes. "Cette interface, à laquelle pourraient contribuer tous les jeunes et employeurs potentiels, servirait à mettre en relation les jeunes et les employeurs, mais aussi à partager les expériences entre jeunes (conseils,'tuyaux', offres d’emplois, anciennes difficultés…)." Il s’agirait de créer pour chaque jeune un profil en ligne, avec des centres d’intérêts et des domaines de prédilection, pour mieux mettre en relation chacun avec les contacts du monde professionnel adéquats, ou de créer des opportunités.