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ESPE : l'analyse au vitriol de l'ancien président de la conférence des directeurs d'IUFM (exclusif)

Paru dans Scolaire le samedi 22 février 2014.

On assiste à un partage du pouvoir dans les ESPE (écoles supérieures du professorat et de l'éducation) "entre présidents d’universités et recteurs", ce qui "neutralise les forces de changement qu’il fallait mobiliser". Cette analyse est extraite d'une "note" que Patrick Demougin, l'ancien président de la conférence des directeurs d’IUFM et ancien directeur de l'IUFM de Montpellier, a fait parvenir à trois sénatrice de la mission d'information sur la mise en oeuvre de la réforme de la formation des enseignants, et que ToutEduc a pu se procurer.

L'auteur se sent "aujourd’hui exclu" d'un processus qu'il a pourtant "largement soutenu" et il évoque "l'exaspération" du cabinet de Vincent Peillon qui ne supporterait pas ses critiques. Lui-même reproche à l'Education nationale d'avoir laissé faire le ministère de l'enseignement supérieur avant de tenter de reprendre la main, ce qui explique ce partage digne du "jugement de Salomon".

En ce qui concerne la gestion par les universités, Patrick Demougin distingue les académies qui ne comptent qu'une université, et où le positionnement de l'ESPE est "très voisin" de celui de l’ancien IUFM, et les situations pluri-universitaires où les ESPE sont des "coquilles vides" comme à Montpellier, à moins que "des alliances de circonstances garantissent le statu quo, comme à Versailles et dans nombre d’autres cas". C'est ainsi que "les préparations de CAPES restent là où elles étaient". Quant aux présidents d'université, ils voient plus loin. Avec "la mise en place d’un principe d’accréditation" de ces écoles, ce sont les prérogatives d'autres composantes, comme les IUT ou les écoles d’ingénieurs qui sont visées.

La place du concours

L'auteur met aussi en cause la place du concours (en fin de M1) qui "interdit de poser sereinement la question de la progressivité de l’entrée dans le métier" et qui "aboutira [en M2] à une pression supérieure à ce que connaissaient les professeurs stagiaires des IUFM avant la mastérisation". A ce sujet, il considère d'ailleurs que "les mouvements étudiants qui se dessinent aujourd’hui doivent être pris très au sérieux. Ils témoignent de difficultés en M1 et surtout de véritables craintes sur le M2 qui sera très difficile à mettre en place."

En ce qui concerne la formation professionnelle des futurs enseignants, "on table sur le retour en force des corps d’inspection", au risque d'un retour à la situation qui prévalait dans les CPR, les ancêtres des IUFM pour le second degré. Mais surtout, on se prive de la possibilité de mettre en place pour les stagiaires de réelles analyses de pratiques qui doivent être "indépendantes des logiques hiérarchiques de l’employeur" et s'inscrire dans une logique universitaire. Il ajoute: "Il faut du compagnonnage certes, mais dans un cadre beaucoup moins aléatoire, nettement plus encadré scientifiquement et qui ne peut se réduire au seul tutorat de proximité, a fortiori piloté par un corps d’encadrement".

Patrick Demougin dénonce de plus les conditions dans lesquelles se font, ou ne se font pas d'ailleurs, les nominations des directeurs des ESPE "à Rouen, à Nice, à Besançon, à Orléans-Tours, à Amiens", avec "des interventions brutales du recteur, pour demander à un candidat légitime de retirer sa candidature", et "des pressions ou de véritables menaces personnelles de présidents [d'université]". Il a été lui-même candidat à Montpellier et à Versailles et il dénonce les dysfonctionnements qu'il estime avoir pu constater dans ces deux académies.

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