"L'Education nationale est au service de la société" (P. Roumagnac - PRISME)
Paru dans Scolaire, Périscolaire le lundi 17 février 2014.
Mots clés : PRISME, Roumagnac, Ribaud, Vanobbergen, Richez, Bollon
La loi de refondation est une loi fondatrice, qui remet en cause des postures habituelles. L'Education nationale est au service de la société, elle n'est pas au centre. Patrick Roumagnac, secrétaire général du SIEN (le syndicat UNSA de l'inspection) est intervenu lors de la journée organisée par le réseau PRISME le 12 février, et ses propos s'inscrivent bien dans la tonalité générale des débats sur les politiques éducatives territoriales. Mais ce thème amène aussitôt une autre question, est-ce le territoire qui construit un projet, ou est-ce le projet qui définit le territoire ? Et l'on comprend dès lors que cette loi suscite des inquiétudes, puisqu'un projet n'est pas un programme, et qu'avec un projet, "on ne sait jamais où on va", c'est "fatiguant", sa construction est une "co-construction", et donc "on s'engueule", c'est nécessaire, encore faut-il disposer d'espaces de débats...
Et Patrick Roumagnac d'insister. Si un PEDT, un projet éducatif de territoire, est "un geste technocratique", ce qu'il risque de devenir, c'est "une catastrophe insupportable", c'est la négation même du sens de la loi. Celle-ci est portée au niveau ministériel, mais l'est-elle au niveau rectoral ? N'assiste-t-on pas ici ou là à des conflits "calamiteux" entre le recteur et l'IA-DASEN. Pascal Ribaud, directeur de l'éducation de Seine-Saint-Denis, évoque d'ailleurs "un affaiblissement de l'échelon départemental". Il fait remarquer que l'élève du collège ignore ce qui est du rôle de l'Etat et ce qui est du rôle du Département dans l'établissement qu'il fréquente, l'éducation est donc nécessairement "partagée" et la collectivité "commence à se mêler des affaires des autres".
Fernand Vanobberghen, qui parlait au nom de la fédération des PEP, évoque de façon très concrète la nécessité d'une coordination des acteurs, quand un enfant, au cours de la même journée, lors de l'accueil du matin, dans sa classe et au cours des activités périscolaires engendrées par la réforme des rythmes, fait trois fois la même activité "Père Noël".... Mais "les projets partagés ont bien du mal à se mettre en place". Quant aux parents, "ils s'organisent très bien pour agir collectivement... mais contre les projets de l'école", fait-il remarquer, faisant allusion aux attaques contre les ABCD de l'égalité. Faut-il pour autant être méfiant ? Non, pour Jean-Claude Richez (INJEP) qui met en garde contre "une vision étriquée des ressources éducatives" d'un territoire, sur lequel on trouve des institutions sociales, des syndicats, des entreprises... Et il met aussi en garde contre un PEDT qui serait "un agrégat, une juxtaposition d'activités". Car, comme le souligne Alain Bollon (expert à l'UNESCO), le pilote du PEDT, le seul même qui soit légitime, c'est l'enfant !
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