Rythmes scolaires : le comité de suivi recense les bonnes pratiques
Paru dans Scolaire, Périscolaire le jeudi 13 février 2014.
Si "les premières semaines ont parfois été délicates", dans les communes qui ont engagé la réforme des rythmes scolaires "les différents acteurs expriment le plus souvent leur satisfaction", à la condition que la concertation préalable ait été "bien conduite". C'est ce qu'estime dans son "rapport 2", le Comité de suivi national de la réforme des rythmes scolaires qui prend toutefois acte de "divergences" en son sein, le SNUIPP (le syndicat FSU du 1er degré) et la PEEP (parents d'élèves) ayant exprimé "leur volonté de ne pas être associés à l'ensemble du rapport".
Le comité ajoute qu'il n'a relevé que "deux cas de suspension des nouveaux rythmes", mais il souligne que "les conflits entre enseignants, élus et parents naissent le plus souvent d'un défaut de concertation" et que c'est le cas des communes "où les élus n'ont pas voulu entendre les enseignants lors de la phase de concertation, notamment sur la durée de la pause méridienne". Mais ailleurs, "pour de nombreux enseignants entrés dans la réforme, les nouveaux rythmes permettent une meilleure prise en compte des temps de l'enfant", les matinées sont "plus efficaces" et les après-midi "plus calmes". Ils se disent "moins fatigués", et lorsque les TAP (activités périscolaires) "se déroulent en début d'après-midi, ils apprécient cette plus longue pause". Le Comité évoque aussi, parmi les points positifs, la "volonté réelle de co-construire une ambition éducatrice" dans plusieurs villes. Il cite par exemple Montbéliard qui a mis en avant la lutte contre toutes les discriminations et le soutien à la parentalité.
Fatigue des enfants : scepticisme du Comité
S'il est pour le moins sceptique lorsque certains évoquent une plus grande fatigue des enfants, il attire toutefois l'attention sur la nécessité d' "une réflexion spécifique" sur l'école maternelle où "il convient de valoriser le rôle des ATSEM", d'éviter "l'excès d'activités" et où l'on pourrait aménager "des projets d'emploi du temps différents selon l'âge des enfants", voire "des moments d'inactivité". A Monts de Châlus, la sieste est d'ailleurs "partiellement comptabilisée comme du temps périscolaire". Il suggère aussi d'associer à la réflexion "les professionnels de la petite enfance", et, comme à Belfort, de délivrer aux familles des informations sur le fonctionnement des cycles veille-sommeil "dans un contexte social de désychronisation des temps sociaux, familiaux et personnels".
Le Comité relève que "la pause méridienne a pu être repensée dans plusieurs communes". A Belfort par exemple, on en a fait "un temps d'apaisement" avant "une reprise sereine des activités scolaires". Et le rapport attire l'attention sur la question des locaux qui "doit être traitée au mieux des intérêts mutuels et réciproques", parlant de lieux "qui doivent demeurer avant tout des lieux d'apprentissage pour les enfants ainsi que des lieux de travail et, au-delà, d'identité professionnelle pour les enseignants". Plus globalement, il faut "régler le problème de la transition entre la fin des classes et les TAP" comme cela a été fait dans l'académie de Nice, ou dans celle des Limoges où a été aménagé "un temps calme dans la classe auquel contribuent ensemble l'animateur et l'enseignant". Le Comité préconise la mise en place de "protocoles de transfert de responsabilités" et de "chartes d'utilisation des locaux scolaires".
Il invite aussi à mieux prévoir des "temps de rencontre enseignants-parents", souvent désorganisés par la réforme, et à délivrer aux familles une "information précise, le plus en amont possible".
La formation des animateurs
Le rapport évoque encore la question des animateurs, et le risque de ne pas en trouver assez. Certaines organisations aident à la résoudre, "les élèves d'une classe peuvent commencer l'après-midi par une activité périscolaire tandis qu'une autre classe bénéficiera du même dispositif en fin d'après-midi (...) Le besoin en nombre d'intervenants est divisé par deux, tandis que leur mobilisation est doublée". Quant à leur formation, elle reste trop souvent limitée au BAFA, "les formations professionnelles, BPJEPS, DEJEPS, DESJEPS [brevet professionnel, diplôme d'Etat et diplôme d'Etat supérieur de la jeunesse, de l'éducation populaire et du sport, ndlr] ne sont pas encore suffisamment connues," et les titulaires d'un CQP "sont encore trop peu nombreux". Dans l'académie de Nantes, "les associations partenaires ont présenté un projet de formation des emplois d'avenir". Ailleurs, au sein de formations destinées à des équipes d'école, on a organisé "des composantes communes aux enseignants et aux animateurs". A noter que "6% des intervenants sont des enseignants volontaires".
Le Comité s'est également penché sur la mise en place de comités de suivi, qui permettent de régler au fur et à mesure les difficultés qui se présentent. Il vante les mérite de l'intercommunalité, voire, comme en Ariège, de schémas départementaux. Et "dans tous les territoires où la réforme a du mal à s'imposer, le comité recommande vivement la constitution d'outils de concertation et/ou de pilotage. L'appui des recteurs, DASEN et IEN, mais aussi de Jeunesse & Sports et des associations complémentaires de l'école et des fédérations d'éducation populaire doit aussi être sollicité." Il faut "valoriser l'intérêt d'instituer des espaces de rencontre et de dialogue, de garantir leur pilotage et de concevoir l'articulation entre projet d'école et projets des différents espaces éducatifs".