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Décrochage : de la souplesse plutôt qu'une circulaire (A. Armand à l'OZP)

Paru dans Scolaire, Périscolaire, Orientation le jeudi 06 février 2014.

Ce serait une erreur de croire que le décrochage scolaire est l’apanage de l’éducation prioritaire. C’est, en substance, un des premiers propos tenus par l’inspectrice générale de l’éducation nationale Anne Armand, coordinatrice avec son collègue Claude Bisson-Vaivre du récent rapport "Agir contre le décrochage scolaire : alliance éducative et approche pédagogique repensée", lors de la 136ème "rencontre" organisée par l’OZP (observatoire des zones prioritaires).

Pour l'inspectrice générale, si l’on parle du décrochage dans la voie professionnelle, c’est parce qu’il y a des remontées chiffrées et que l’on sait que l’orientation subie ou choisie sans que l’élève soit bien informé en est une des causes. Mais elle est persuadée que ce phénomène existe dès l’école primaire et qu’il ne peut être attribué uniquement à des raisons externes, qu’elles soient familiales, sociales ou médicales. Le décrochage est multifactoriel et donc il ne peut être établi de typologie.

Il peut apparaître à l’occasion de changements tel le passage de l’école (où l’élève peut être déjà un décrocheur gentil et discret) au collège ou du collège (où l’élève peut être déjà absentéïste ) au lycée ou même lors tel le passage d’une classe à une autre. L’annonce à un élève qu’il va se séparer de ses camarades parce qu’il va aller dans la voie professionnelle peut être également un facteur déclenchant, tout comme des appréciations décourageantes en lien avec la notation, qui a son utilité mais qui n’a pas à être présente tout le temps et pour tout. Mais le décrochage scolaire, qui est une sorte de déliaison, peut apparaître n’importe quand… et souvent résulter d’une absence de sens de nos apprentissages cloisonnés et hiérarchisés. Et ce, dans un système éducatif en train de craquer, caractérisé, entre autre, par un parcours de l’élève qui doit être linéaire et, si possible "en avance", vers les CPGE (classes préparatoires aux grandes écoles). Alors que dans d’autres pays, ce qui est valorisé, ce sont les parcours avec détours…

D’où l’importance de parvenir à stabiliser cette notion de décrochage : est-ce qu’un élève qui échoue au bac professionnel mais qui a déjà un CAP ou un BEP est un décrocheur ? De même pour un élève qui quitte la série S pour une autre… Mais que l’on soit à 120 000 ou à 140 000 décrocheurs, le coût humain, social et financier du décrochage est monstrueux. Or, la France a besoin d’élèves formé à bac+2, ce que pourraient devenir ces décrocheurs s’ils cessaient de l’être.

Il faut donc prévenir le décrochage par une alliance entre acteurs, en particulier entre ceux de la vie scolaire et les enseignants, ces derniers, selon Claude Bisson-Vaivre, devant prendre au quotidien toute leur place car cette prévention se joue au cœur de la classe, dans la relation pédagogique.

Un élève, un projet que l’on prend le temps de construire, une équipe pluri-professionnelle pour répondre aux besoins de cet élève à ce moment, à l’instar des dispositifs de réussite éducative: c’est la formule qu’il faut utiliser, le pluri-professionnel pouvant intégrer, suivant les cas, un délégué-parent ou un médecin de ville. Ce qui est nécessaire, ce n’est pas une circulaire qui dise ce qu’il y a à faire, ni la réinvention de préconisations que l’on connaît déjà, même si on peut toujours les compléter. Ce qui est nécessaire, c’est la souplesse, c’est l’audace, c’est l’alliance avec des associations, c’est l’utilisation des marges de liberté qu’autorise l’autonomie des établissements scolaires pour l’action de proximité, c’est savoir distinguer entre décrocheurs entrant dans le processus ou y étant déjà ou entre décrochés en train d’abandonner ou en abandon, ce sont des dispositifs dans les académies comme le MOREA (module de représentation à l’examen par alternance) ou le LATI (lieu d’accueil temporaire individualisé) de l’académie de Strasbourg… En 2013, il y a eu ainsi, grâce au travail des réseaux de bassin, 20 000 jeunes décrocheurs en moins.

Pour Anne Armand et Claude Bisson-Vaivre, le rapport qu'ils ont rendu doit permettre de déboucher aux niveaux de la classe, de l’établissement, du département, de la région et de l’Etat. C’est pourquoi, dans le cadre de la MAP (modernisation de l'action publique) et ouverts à divers acteurs, quatre groupes de travail ont été mis en place sur les concepts, objectifs et mesures, sur le pilotage, sur les comparaisons internationales et sur les leviers pédagogiques.

A noter qu'au cours des échanges qui ont suivi cette présentation par les deux inspecteurs généraux de leur rapport, personne n'a évoqué le rôle et la place des collectivités territoriales.

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