Apprendre dès le lycée le savoir-être en plus du savoir-faire, le pari en Bourgogne et en Franche-Comté d'un projet innovant
Paru dans Scolaire, Périscolaire, Orientation le mardi 04 février 2014.
C'est un cours étonnant qui s'est tenu à la Maison des étudiants sur le campus universitaire de Besançon, ce 29 janvier 2014. Une vingtaine de personnes, attablées par groupes de quatre ou cinq, planchaient sur des activités et des exercices de communication. Ce qui était étonnant ? L'hétérogénéité de cette classe qui rassemblait plusieurs générations de personnes issues d'univers socio-professionnels et culturels différents : 1 lycéen, 5 étudiants, 3 élèves ingénieurs, 5 doctorants, 3 salariés et 6 demandeurs d’emploi. Cette mixité est l'une des originalités de TalentCampus (www.ecoletalentcampus.fr), "école" dédiée à la découverte de "talents" et à l'apprentissage du savoir-être, afin de pouvoir mettre ces talents au service d'un projet, qu'il soit d'études, professionnel ou personnel.
Sélectionné parmi les 37 IDEFI (Initiatives d'excellence en formations innovantes) en 2013, cette "école" a reçu la promesse d'un financement de l'ANR (Agence nationale de la recherche) de 5,3 millions d'euros sur 8 ans. Le projet a été porté par la Fondation de coopération scientifique de Bourgogne Franche-Comté qui regroupe les universités des deux régions et l'ESC Dijon, Polytechnicum (www.polytechnicum-bfc.com) qui rassemble 11 écoles d'ingénieurs et de management et l'ABG (www.intelliagence.fr).
Le projet est né d'un double constat, explique Étienne Galmiche, le directeur de la Fondation de coopération scientifique qui gère l'école : "les étudiants et les lycéens sont bien préparés d'un point de vue disciplinaire et technique mais quand ils arrivent dans une entreprise, d'autres compétences sont attendues telles que l'aptitude à travailler en équipe, à prendre la parole, etc. L'idée est donc de proposer des formations dédiées aux compétences sociales et comportementales pour favoriser leur insertion professionnelle." La réussite des études est aussi au cœur du projet, "la confiance en soi, la gestion du stress ou être à l'aise à l'oral [étant] tout aussi déterminants pour réussir que réviser".
Se questionner sur son orientation
La formation doit également les amener à se questionner sur leur orientation (suis-je fait pour l'enseignement supérieur, comment aborder mes études... ?), et à les préparer à leurs projets d'avenir. Un questionnement que Sarah Merger, en bac pro au lycée Saint-Pierre Fourier de Gray (70), apprécie. Parce qu'au lycée, "on ne parle pas du tout de la communication et de nos talents", regrette-t-elle. Cette expérience lui vaut d'avoir développé son "estime" d'elle-même et la capacité à "prendre la parole".
Depuis la première école-pilote organisée en juillet 2012, 6 sessions ont été organisées, gratuites pour les étudiants, doctorants et lycéens. Deux types de parcours, "essentiel" et "avancé", peuvent être suivis sur 3 ou 5 jours. Exercices et activités sont complétés de jeux de création d'entreprise, du théâtre et du cirque. La diversité des publics (la répartition moyenne étant arrêtée sur environ 50 % d'actifs, salariés et demandeurs d'emploi, 40 % d'étudiants et 10 % de lycéens) vise de son côté à faire partager les expériences qui influent sur le développement de compétences telles que la confiance en soi, la faculté à vivre en groupe ou encore la créativité.
Une évaluation continue
L'IREDU (Institut de recherche sur l'éducation) travaille de son côté à évaluer les compétences développées durant ces formations. Cette évaluation, qui permet d'adapter maquettes et contenus de formation, s'appuie sur des questionnaires remplis à l'issue des parcours, puis trois mois et un an après. Un suivi est également prévu sur plusieurs années afin d'apprécier comment ces acquis sont mis en pratique. Confiance en soi, motivation, expression orale, volonté de continuer à se former et concentration sont les compétences que les lycéens et étudiants affirment avoir le plus développées lors de ces sessions.
L'école envisage d'essaimer dans d'autres régions, en vendant une "licence TalentCampus" qui comprendra la mise à disposition des contenus de formations, des intervenants ainsi que des documents de communication.
Camille Pons