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Education dans le monde : des progrès trop lents (UNESCO)

Paru dans Scolaire le mercredi 29 janvier 2014.

"Dix pour cent des dépenses mondiales consacrées à l’enseignement primaire se perdent dans une éducation de mauvaise qualité qui ne permet pas aux enfants d’apprendre" et "dans les pays pauvres, un jeune sur quatre est incapable de lire une seule phrase". Le "Rapport mondial de suivi sur l’EPT" (Education pour tous), publié avec le soutien de l’UNESCO ce 29 janvier, considère que "37 pays perdent au moins la moitié du montant qu’ils consacrent à l’enseignement primaire du fait que les enfants n’ [y] apprennent pas" les fondamentaux. Pourtant, "le fait d’offrir une éducation équitable et de qualité pour tous peut générer de grandes retombées économiques, en faisant croître le produit intérieur brut par habitant d’un pays de 23 % sur 40 ans" et ce qui vaut pour les pays les moins avancés vaut aussi pour des pays à revenu élevé qui n'arrivent pas "à répondre aux besoins de minorités importantes". C'est vrai en Nouvelle-Zélande, mais aussi en France, où "les immigrés rencontrent des difficultés particulières, et moins de 60 % franchissent le seuil minimum [en lecture], soit la moyenne des élèves du Mexique".

Voici quelques autres données sur l'état de l'éducation dans le monde. "Dans de nombreux pays d’Afrique subsaharienne, (...) parmi les enfants les plus défavorisés, un sur cinq seulement atteint la fin de l’école primaire en ayant acquis les bases en lecture et en mathématiques."

"Sur la base des tendances actuelles, le Rapport prévoit qu’il faudra attendre 2072 pour que toutes les jeunes femmes les plus pauvres dans les pays en développement sachent lire et écrire".

"Le taux de mortalité des enfants de moins de cinq ans a baissé de 48 % entre 1990 et 2012, le nombre d’enfants mourant avant leur cinquième anniversaire s’élevait toujours à 6,6 millions en 2012. Les progrès sont lents." Toutefois, "plusieurs pays pauvres qui ont investi dans les interventions auprès des jeunes enfants, comme le Bangladesh et le Timor-Leste, ont réduit la mortalité infantile de deux tiers au moins".

Tout n'est pas sombre

"En 2011, 57 millions d’enfants n’étaient toujours pas scolarisés; selon toute probabilité l’objectif de l’enseignement primaire universel n’est donc pas près d’être atteint. Tout n’est pas sombre pour autant : entre 1999 et 2011, le nombre d’enfants non scolarisés a été quasiment divisé par deux (...) Le taux brut de scolarisation dans le premier cycle du secondaire est passé de 72 % en 1999 à 82 % en 2011."

"Le nombre d’adultes analphabètes, qui s’élève à 774 millions, ne montre aucun signe d’amélioration (...) En 2015, malgré une légère diminution, il devrait toujours s’élever à 743 millions. Les trois quarts environ de tous les adultes analphabètes du monde vivent dans dix pays. Les femmes représentent près des deux tiers du total d’adultes analphabètes."

"Dans les pays à faible revenu, les disparités désavantagent généralement les filles (...) Parmi les pays à revenu moyen ou élevé, qui sont plus nombreux à avoir réalisé la parité entre les sexes, tous niveaux d’enseignement confondus, les disparités jouent de plus en plus au détriment des garçons."

"Si tous les élèves des pays à faible revenu quittaient l’école munis de compétences élémentaires en lecture, 171 millions de personnes pourraient sortir de la pauvreté, ce qui représenterait un recul de 12 % de la pauvreté mondiale (...) À l’échelle mondiale, une année de scolarité augmente les revenus de 10 % en moyenne (...) Le coût associé aux 250 millions d’enfants dans le monde qui n’apprennent pas les bases se traduit par une perte d’environ 129 milliards de dollars."

Le rapport émet un certain nombre de recommandations.

"Les pays devront consacrer au moins 6 % du PNB à l’éducation. En 2011, sur les 150 pays disposant de données, seuls 41 ont alloué à l’éducation 6 % du PNB ou davantage, contre moins de 3 % dans 25 pays (...) Les gouvernements doivent trouver les mesures incitatives qui permettent d’attirer et de retenir les meilleurs enseignants" et "mettre les meilleurs [enseignants] à disposition de ceux qui en ont le plus besoin". Mais il faudra en recruter 5, 2 millions "d’ici à 2015".

Le Rapport invite aussi les gouvernements à "lutter contre la violence liée au genre dans les écoles" et chaque enseignant devrait bénéficier "d’une formation initiale et continue sur les moyens de concentrer l’aide sur les enfants défavorisés". Il attire aussi l'attention sur le fait que "les fondations établies au cours des mille premiers jours de la vie, de la conception au deuxième anniversaire, sont d’une importance cruciale pour le bien-être futur de l’enfant".

Un rapport qui tranche, mais qui hésite aussi

Ce rapport tranche sur ces prédécesseurs. En 2008, l'éducation pour tous en 2015 apparaissait comme "un objectif accessible", à présent, "il semble évident que, malgré toutes les avancées obtenues au cours des dix dernières années, aucun des objectifs de l’Éducation pour tous ne sera atteint à l’échelle mondiale d’ici à 2015." Alors que l'objectif était la scolarisation, le rapport montre que beaucoup d'enfants sont scolarisés... pour rien ou presque, compte tenu de la mauvaise qualité de l'enseignement. Toutefois, à lire ses recommandations, il semble hésiter entre la valorisation des enseignants, et le contrôle de leur ponctualité, du sérieux de leur travail, de leur "égale attention à tous les élèves". Il hésite aussi sur la question du lien rémunération - performance alors que les témoignages des enseignants mettent plutôt l'accent sur les valeurs : "Ce qui me motive pour être une bonne enseignante, c’est de pouvoir transmettre mon talent et changer la vie des autres", explique l'une d'entre eux.

Le rapport met aussi l'accent sur le recrutement d'enseignants "issus de groupes sous-représentés, de minorités ethniques" et qui ont une bonne connaissance "du contexte culturel et de la langue locale" des élèves défavorisés. Les auteurs insistent d'ailleurs sur la prise en compte des "marginalisés", sur la formation des enseignants et sur les compétences fondamentales, mais aussi sur des compétences "axées sur la citoyenneté mondiale".

Ce rapport se présente comme un travail indépendant soutenu par l'UNESCO, mais qui ne l'engage pas.

Le rapport résumé ici, le site ici.

P. Bouchard avec C. Baudoin

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