Cybercriminalité : mobiliser les acteurs de la jeunesse et modifier le code pénal (Enjeux e-médias)
Paru dans Scolaire, Périscolaire, Culture le dimanche 26 janvier 2014.
"Il est tout à fait anormal que l’exposition des mineurs aux images pornographiques soit beaucoup plus élevée en France qu’en Allemagne (20% vs 4%) ou qu’en Grande-Bretagne (10%)" constate "Enjeux e-médias" dans sa contribution au "groupe de travail interministériel" sur la cybercriminalité. Il s'agit, estime cette association créée par la Ligue de l'enseignement, les CEMEA, les Francas et la FCPE de "mobiliser les acteurs de la jeunesse et de l’éducation" et de "responsabiliser les opérateurs du numérique". En effet, "les systèmes de signalement présents sur les plateformes ne peuvent être considérés aujourd’hui comme suffisants pour lutter contre les contenus violents, pornographiques ou haineux", mais il faut se garder "de fragiliser les enfants par des informations angoissantes ou mal formulées".
Certes "les institutions européennes et nationales souhaitent développer l’éducation, et notamment l’éducation aux médias et aux littéracies numériques", mais, en attendant "la mise en place du service public du numérique éducatif", ces initiatives restent "en deçà de ce qui serait nécessaire (...) pour sensibiliser parents et éducateurs à des pratiques responsables".
L'Education nationale, Radio-France et France-Télévision
L'association demande donc que les "deux grands acteurs de l’éducation et de l’information", à savoir l’Education nationale avec ses partenaires, et les médias de service public destinés au grand public (France télévisions et Radio France) prennent leur part d’une éducation aux médias : "A quand une émission de télévision à une heure de grande écoute traitant systématiquement des questions quotidiennes rencontrées sur le net ?" Mais il faut aussi modifier le dispositif législatif français. Il suffit à un site diffusant des images violentes ou pornographiques de demander aux internautes de certifier qu'ils ont plus de 18 ans pour "se mettre à l’abri des foudres de l’article 227-24 du Code pénal". Il importe encore "que les sanctions des mineurs auteurs de crimes ou délits soient adaptées à leur âge, et qu’elles s’inscrivent dans des mesures d’accompagnement éducatif qui prennent en compte les pratiques tissées dans les univers numériques, ce qui aujourd’hui n’est que rarement le cas".
"Enjeux e-médias" préconise donc la création d' "une instance multipartenaire, composée de représentants des ministères concernés, des associations de la société civile représentatives, des autorités administratives impliquées, des acteurs économiques ou de leurs associations professionnelles", mais aussi la fabrication de "modules de formation d’éducation aux médias et aux usages responsables d’Internet, permettant notamment, aux personnels éducatifs ou travaillant avec des jeunes d’avoir des réponses adéquates face à la cybercriminalité".
Les gendarmes ne sont pas des éducateurs
Par ailleurs, l'association dénonce "le dispositif qui voit la gendarmerie faire passer un 'permis internet' aux élèves de CM2, à l’école élémentaire", pour des raisons de forme, l'analogie avec le permis de conduire amenant à voir le réseau internet comme un réseau routier, mais aussi de fond : "l’éducation, c’est le rôle central du professeur et de tous les autres éducateurs qui interviennent auprès et avec des enfants" alors que "le rôle du gendarme est d’être garant du respect des lois".
Au mois de décembre, le Haut comité français pour la défense civile a décerné le "1er prix des Trophées de la résilience sociétale" de la catégorie cybersécurité à ce "permis Internet" mis en place par la gendarmerie et l'association AXA Prévention. Ce programe, lancé le 12 décembre "a pour but de faire prendre conscience aux élèves de CM2 des dangers de l'Internet et de leur permettre de naviguer sur le web en sécurité".