Education sexuelle : les recommandations de l'OMS agitent la "blogosphère". Un ouvrage sur les normes sociales et le genre.
Paru dans Petite enfance, Scolaire, Périscolaire le mardi 21 janvier 2014.
La publication l'an dernier de la version française d'un document sur "l'éducation sexuelle en Europe" par le Bureau régional de l’OMS pour l’Europe et le Centre fédéral allemand pour l’éducation à la santé agite depuis quelques jours la "blogosphère", du moins du côté de ceux qui s'y opposent. Ce document se présente comme "un cadre de référence pour les décideurs politiques, les autorités compétentes en matière d'éducation et de santé et les spécialistes". C'est "un plaidoyer pour l’instauration d’une éducation sexuelle holistique qui donne aux enfants et aux jeunes, filles et garçons, une information objective, scientifiquement correcte, sur tous les aspects de la sexualité (...). Au final, il veut contribuer au développement d’une attitude respectueuse et tolérante et à une société équitable." Il part du constat que si "la plupart des pays d’Europe occidentale connaissent déjà des lignes directrices et des normes minimales pour l’éducation sexuelle", "aucune tentative n’a été faite à ce jour d’en élaborer à l’échelle de la région européenne ou de l’UE". Il ne s'agit donc pas d'un document contraignant, mais d'un ensemble de recommandations faites aux Etats. Il envisage la question de cette éducation dès le plus jeune âge puisque, "dès la naissance, les bébés apprennent la valeur et le plaisir des contacts physiques, de l’affection et de l’intimité" et que, "dès leur départ dans la vie, les enfants reçoivent des messages, en particulier de leurs parents, qui ont trait au corps et à l’intimité, et qui ont donc caractère d’éducation sexuelle".
C'est ce que le site suisse "les observateurs" (qui se présente comme "libéré de la pensée unique") traduit par "la masturbation pour tous à la maternelle". Le site français "Boulevard Voltaire" titre "planquez vos enfants". "Riposte laïque" estime que "des cerveaux malades veulent formater la sexualité de nos gamins"... A l'inverse, "les chroniques du Yeti" y voient "une bouffée d'air frais"
Le site de l'OMS ici, le document ici.
A noter aussi la publication chez Erès de "Corps sexué de l'enfant et normes sociales" (Gérard Neyrand et Sahra Mekboul, 240 p., 25 €). Pour les auteurs, "la façon d'être et d'agir de l'enfant n'est pas naturelle" car "dès sa naissance, le petit d'homme évolue dans un bain de normes" qui le dotent d'un genre "au-delà de son sexe biologique". Ils étudient comment ces normes se diffusent "par de multiples canaux comme les institutions, les médias, la publicité, etc." et ils s'intéressent notamment aux polémiques soulevées par l'affaire d'Outreau et par le mouvement "pas de 0 de conduite", mais aussi aux logiques de "libération des enfants", avec l'éducation à la santé, et de protection de l'enfant, avec la répression de la pédophilie.