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Réformer les programmes est-il un moyen de réformer l'école ? (thèse)

Paru dans Scolaire le mardi 14 janvier 2014.
Mots clés : Clément

Pour Pierre Clément, qui a soutenu une thèse en sociologie sur la genèse du "socle commun", cette réforme touchait "certes à la définition du contenu de l’enseignement et de la pédagogie, avec l’introduction de la notion de compétence, mais aussi à l’organisation du système scolaire", à sa "segmentation", à la division entre enseignement primaire et enseignement secondaire. Il le dit dans une interview publiée sur le site de l'IRESMO (Institut de recherche, d'étude et de formation sur le syndicalisme et les mouvements sociaux) et signalée, avec sa thèse, par l'IFE (Institut français de l'éducation). Il y évoque "l’exacerbation de la concurrence à tous les échelons du système d’enseignement", mais aussi "une différenciation à la fois plus poussée, plus brutale, mais aussi plus insidieuse du système d’enseignement". Pour lui, les compétences sont un "objet hybride puisant à la fois aux sources d’un certain progressisme pédagogique et d’une conception utilitariste de l’enseignement développée notamment dans les milieux patronaux et par l’OCDE".

Cet entretien est aussi l'occasion d'examiner comment de telles réformes mettent en lumière le fonctionnement du "pouvoir scolaire" qui s’organise "autour de l’antagonisme entre, d’un côté, les membres de la noblesse d’État et, de l’autre, les syndicalistes enseignants". Le ministère cherche d'ailleurs à les contourner en sollicitant des experts, comme Claude Thélot ou, plus récemment, Nathalie Mons dont le choix consacre "l’évaluation internationale et quantitative des performances des systèmes éducatifs comme la forme d’expertise la plus légitime sur la question scolaire en lieu et place de la sociologie et des sciences de l’éducation".

Cet entretien est aussi l'occasion de revenir sur la contribution de Pierre Bourdieu au rapport du Collège de France sollicité par F. Mitterrand dans les années 80, et sur la toute première version du texte, très différente de la version finale. Le sociologue prônait "la mise en question permanente de la culture enseignée" au profit d'une culture à vocation "réellement universelle". Il préconisait aussi de "multiplier les formes d’excellence culturelle socialement reconnues en déhiérarchisant les savoirs et les compétences" et de lutter contre la parcellisation des savoirs. Quant à l’autonomie des établissements scolaires et à l’instauration d’un minimum culturel commun, qui figurent dans le texte adopté par l'ensemble des professeurs du Collège, ils n'étaient pas dans le texte initial.

Pierre Clément est co-auteur de La grande mutation (avec Isabelle Bruno et Christian Laval, Syllepse, 2010) et de La nouvelle école capitaliste (avec Christian Laval, Francis Vergne et Guy Dreux, La Découverte, 2011)

Le signalement de sa thèse "Réformer les programmes pour changer l’école ? Une sociologie historique du champ du pouvoir scolaire" ici. Son interview ici

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