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PISA: malgré des biais, les élèves de Shanghai sont bien les plus performants

Paru dans Scolaire le lundi 13 janvier 2014.

Malgré des biais statistiques pour l'étude PISA, les élèves de Shanghai restent les meilleurs de l'OCDE. En effet, si on compare les meilleurs élèves des pays de l'OCDE avec ceux de Shanghai, ces derniers restent toujours les plus performants. L'élite française, les 10% des meilleurs élèves, accusent deux années de retard par rapport aux élèves moyens de Shanghai, analyse Eric Charbonnier, de l'OCDE. ToutEduc a souhaité l'interroger pour comprendre ces résultats surprenants. Il nuance : "Il faut prendre des pincettes. A Shanghai comme dans le reste de la Chine, de nombreux élèves de 15 ans ne sont plus dans le système scolaire."

Shanghai est une capitale mondiale de la finance, la région compte 24 millions d'habitants dont le PIB par habitant est deux fois supérieur à celui du reste de la Chine. En outre, les parents y investissent massivement dans l'éducation. D’après le principal adjoint et directeur de la division internationale du lycée affilié à l’université de Pékin, Jiang Xuegin, cité par slate.fr (ici), "les parents shanghaïens vont dépenser chaque année une moyenne de 6 000 yuans (720 euros) en cours particuliers de maths et d’anglais, et 9 600 yuans (1 150 euros) en activités du week-end, comme des cours de tennis et de piano. Durant les années lycée, les coûts annuels de tutorat grimpent à 30 000 yuans (3 600 euros), et celui des activités double pour atteindre 19 200 yuans (2 300 euros)." 

Un module spécial pour obtenir des données par région

Pourquoi PISA a pris en compte les résultats de la ville seule et non de l'ensemble de la Chine? "Pour mettre en place un test national, on a besoin de toute une infrastructure. Or dans certaines régions de Chine, la préoccupation principale est de scolariser les enfants et de construire des écoles. Ce problème se pose aussi en Inde ou dans certains pays africains." L'OCDE propose d'ailleurs des évaluations par régions. Des Etats américains ont ainsi été testés en tant que système scolaire distincts. Ce "module régional" a aussi permis de mettre à jours des écarts importants entre régions en Italie, en Belgique ou en Espagne. La France a choisi de ne pas y souscrire.

Côté performance, Eric Charbonnier estime "qu'il y a des choses à regarder dans le système scolaire de Shanghai". Il pointe d'abord la formation des enseignants, "trop académique en France même si elle est en train d'évoluer". Il faut "apprendre aux futurs enseignants à différencier leur travail en fonction du niveau des élèves, à travailler en petits groupe, à savoir détecter et corriger la difficulté scolaire. On la gère par le redoublement alors que d'autres pays ont trouvé des alternatives." Les pays qui ont investi dans la formation des enseignants progressent. C'est le cas de l'Allemagne, du Portugal et de la Pologne. 

La communication de Vincent Peillon n'est pas claire

Pour Eric Charbonnier, le "choc Pisa" a été indéniable il y a un mois et demi au moment de la livraison des résultats de cette étude qui met en avant le caractère inégalitaire et injuste de l'Ecole française. "Maintenant, il faut annoncer des réformes", "les choses vont dans le bon sens mais il n'y a pas de communication claire sur l'objectif final: la réduction des inégalités. Or toutes les réformes doivent être réalisées avec cet objectif." Eric Charbonnier cite l'exemple de la réforme des rythmes scolaire. "On se retrouve à parler du périscolaire. Alors que l'idée avec la semaine de quatre jours et demi est de donner l'opportunité aux élèves en difficulté de mieux placer dans la journée leurs apprentissages."

Alors que le ministre de l'Education Nationale Vincent Peillon doit annoncer ce jeudi des "orientations pour l'évolution de la politique de l'éducation prioritaire", Eric Charbonnier estime que "c'est la clé d'une bonne réforme. Contrairement à ce que l'on croit, l'éducation prioritaire manque de moyens. De jeunes enseignants inexpérimentés y sont affectés. Le turnover est important. Il faut trouver les moyens d'attirer des enseignants et des chefs d'établissement expérimentés." L'Estonie et le Brésil ont mis en place des incitations financières, par exemple. "Il faut également créer un bon environnement avec un chef d'établissement qui a plus de responsabilité, faire venir des éducateurs pour assister les enseignants, en gérant la discipline par exemple", préconise Eric Charbonnier.

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