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"Le contexte est défavorable à la mise en place des ESPE" (Antoine Prost au Sénat)

Paru dans Scolaire le jeudi 09 janvier 2014.

Le contexte est défavorable à la mise en place des ESPE pour des raisons budgétaires, la dualité des deux tutelles, un vivier de formateurs inexistant ou le mille-feuille administratif. C’est ce qu’affirme l’historien Antoine Prost, auditionné par la mission d’information sur les ESPE du Sénat le 7 janvier. Il estime par ailleurs que la mission "se met au travail très tôt. Au moment où vous êtes, la première conclusion de votre rapport est déjà écrite", explique t-il aux sénateurs.

Concernant l’insuffisance des moyens budgétaires, Antoine Prost affirme que "c’est pratique d’avoir un peu d’argent à mettre pour graisser les rouages de la machine, autrement vous avez une machine qui grippe. C’est ce qui risque de se passer". Il évoque ensuite "la difficulté de s’entendre" des ministères de l’Education nationale et de l’Enseignement supérieur, "une des constantes de la vie de la République".

"Le mille-feuille universitaire" 

En outre, affirme-t-il, le vivier des personnels est "vide quantitativement et qualitativement", contrairement à ce qui s’est produit lors de la mise en place des IUFM. "Il y avait des personnalités considérables qu’on a mises à la tête des IUFM. Certains sont devenus recteurs ensuite ou présidents d’université, on avait des ‘premiers couteaux’ et un vivier de formateurs que nous n’avons plus." Ils sont partis à la retraite. Ceux qui restent ont été, selon l’historien, "écœurés par la manière dont on a saccagé le travail qu’ils avaient fait".

Par ailleurs, avance l'historien, les IUFM ont été "dépecés par les universités qui ont récupéré les postes et les budgets". "Les nouveaux directeurs des ESPE vont être obligés de se battre pour récupérer une partie des moyens que les universités ont mis ailleurs." Concernant le mille-feuille universitaire, Antoine Prost estime que " déjà un IUFM dans une université pose un certain nombre de problèmes. Maintenant, on met l’IUFM au niveau de la communauté d’universités"

L'historien affirme qu’il y a des enseignements à tirer de l’expériences des IUFM. "Ils avaient réussi", dit-il se référant aux travaux menés par le comité national d’évaluation. "Ces évaluateurs sont allés interroger les recteurs, les inspecteurs d’académie qui leur ont dit que les enseignants étaient meilleurs." Il dénonce un "battage médiatique" visant à "dénigrer" les IUFM.

La recherche reste le parent pauvre des masters 

Sophie Genelot (IREDU), affectée à l’ESPE de Bourgogne estime qu' "une formation universarisée bénéficie des apports de la recherche. (...)  Créer des master devrait pouvoir permettre de diffuser plus massivement les résultats des recherches en sciences de l’éducation". Actuellement, ce n'est pas le cas.  "On continue dans ces masters à vouloir faire beaucoup de choses en même temps notamment une préparation aux concours qui est une spécificité française. Et du coup, cela formate la formation. Il y a des épreuves, il faut les préparer. Ces épreuves ne sont pas connectées à la recherche en éducation. La contrainte des concours fait que la dimension recherche n’est pas la priorité des masters". En outre, le retour en M2 d’une forte alternance, "qui est par ailleurs heureuse", diminue de fait le volume horaire consacré aux enseignements. "Les équipes qui ont constitué des masters ont fait des arbitrages qui ne sont pas toujours en faveur de la recherche qui reste le parent pauvre des masters".

Par ailleurs, affirme Sophie Genelot, même à l’interne d’une université la maitrise d’ouvrage par l’ESPE n’est pas complétement assumée. Par exemple, détaille-t-elle, "chez nous la gouvernance de l’université a fait le choix de laisser les étudiants du second degré inscrits dans les UFR, donc ils ne sont ni inscrits ni comptabilisés par les ESPE". Ce nombre d’étudiants est un indicateur qui permet de calculer les dotations de fonctionnement et les postes notamment. "L’ESPE n’a pas la main sur un ensemble de choses très pratiques ce qui a des conséquences sur la pédagogie : la maitrise des emplois du temps, du calendrier d’examens, des dates d’organisation des stages".  Pourquoi le choix a-t-il été fait de laisser les étudiants inscrits dans les UFR ? "Pour ménager des susceptibilités."

Concernant  les UFR des universités et les ESPE,  à l’heure actuelle il n’y a pas d’articulation. "Sur le papier, on a un bon tronc commun d’enseignements aux futurs professeurs des écoles, aux professeurs des collèges et les lycées (…) en réalité je suis dubitative", explique Sophie Genelot. 

 

 

 

 

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