Que deviennent les "décrocheurs" ? (INSEE)
Paru dans Orientation le samedi 07 décembre 2013.
Mots clés : décrocheurs, sans-diplôme, INSEE
Un quart des "décrocheurs", des jeunes sortis sans aucun diplôme du système de formation initiale, étaient en troisième, voire moins, la moitié d'entre eux était en classe terminale de lycée, préparant un baccalauréat ou un CAP. Et "un jeune actif non diplômé n'ayant atteint que la classe de troisième a une probabilité d'être au chômage plutôt qu'en emploi 3,7 fois plus élevée qu'un non-diplômé ayant atteint la terminale". Ce sont deux des enseignements d'un article publié par l'INSEE au mois de décembre dans la revue "Formations et emploi" dont les auteurs montrent aussi que "les origines sociales et nationales de ces jeunes influent sensiblement sur leur insertion".
Ils rappellent que 42 % des sortants du système scolaire sont diplômés du supérieur, 24 % ont un baccalauréat, 17 % un CAP (ou un BEP) et que 17 % sont non-diplômés, un pourcentage qui "s'est stabilisé depuis le milieu des années 90. Parmi les non-diplômés, ils étaient pour 20 % en terminale, 30 % en dernière année de CAP-BEP, 13 % en seconde ou première d'un lycée d'enseignement général ou technologique, 12% en première année de CAP-BEP, 18 % en troisième, 7 % à un niveau "inférieur à la troisième". 63 % des "sans-diplôme" sont des garçons (70 % pour les niveaux de sortie inférieurs à la 3ème). Ils sont 27 % à être immigrés ou enfants d'immigrés (20 % pour l'ensemble des sortants) et 14 % à avoir un père cadre ou exerçant "une profession intermédiaire" (contre 34 % pour l'ensemble des sortants, 50 % des sortants diplômes du supérieur).
L'article porte aussi sur "le taux de chômage d'insertion", soit 1 à 4 ans après la sortie de formation initiale. Entre les périodes 2003-2007 et 2008-2012, il est passé de 13 à 15 % pour les jeunes diplômés et de 38 à 46 % pour les non-diplômés, tandis que le taux d'activité des sans diplôme régressait de 3 points. Le taux d'activité de ceux qui sont sortis avant la 3ème est de 57,5 % et leur taux de chômage est de 47,5 % (un à quatre ans après leur sortie de formation initiale). "Sept ans après la fin des études, les trajectoires des non-diplômés ne sont pas encore stabilisées."
A noter que cet article n'emploie pas le concept de "décrocheurs" qu'une autre publication de l'INSEE, "France, Portrait social" définit comme les jeunes qui "n’ont pas terminé avec succès leur formation dans l’enseignement secondaire", parmi lesquels "huit sur 10 n’ont pas de diplôme" (au moins le CAP) et deux sur 10 "ont un BEP ou un CAP, mais ont échoué dans la formation qu’ils ont poursuivie ensuite", une définition donc plus large que celle des "sortis sans diplôme". Les auteurs de ce second article distinguent des jeunes "au faible niveau d’études", la moitié des "décrocheurs", des "jeunes avec un bon niveau d’études à l’entrée au collège, mais qui échouent au CAP, au BEP ou au baccalauréat (un tiers des décrocheurs)" et des jeunes passés par l'enseignement adapté (un cinquième des décrocheurs). Au total, les auteurs comptent 200 000 décrocheurs parmi les 800 000 jeunes entrés en 6ème en 1995, un ordre de grandeur qui paraît excessif au regard de la natalité dans les années 80.
"Origine et insertion des jeunes sans diplôme", Béatrice Le Rhun, Daniel Martinelli, Claude Minni, Isabelle Recotillet, revue Formations et emploi, INSEE, téléchargeable ici
"Les décrocheurs du système éducatif : de qui parle-t-on ?" Agathe Dardier, Nadine Laïb et Isabelle Robert-Bobée, France portrait social 2013, téléchargeable ici.