PISA : des résultats "inacceptables" pour Vincent Peillon qui donne un aperçu des réformes à venir
Paru dans Scolaire le mardi 03 décembre 2013.
Les résultats de la France aux tests PISA sont "préoccupants", "inacceptables", estime Vincent Peillon ce 3 décembre. Le ministre de l'Education nationale en appelle "au rassemblement autour de l'Ecole", "autour d'une cause si grande", qui concerne "tous les enfants de France". Alors que les résultats restent globalement au niveau moyen des pays de l'OCDE, que tout n'est pas "noir sur noir", mais que "les inégalités se creusent" et que "la France reste en tête du déterminisme social"*, le ministre souhaite "une prise de conscience collective". Il cite un récent sondage, publié par l'Humanité, qui montrait que seuls 2% des Français s'inquiètent des inégalités scolaires. Or, et c'est là l'essentiel du message que veut faire passer Vincent Peillon, "une bataille profonde doit être menée" pour faire comprendre à tous qu' "aider les plus faibles ne nuit pas aux meilleurs, ni même aux moyens". Il l'affirme "solennellement", "la mixité scolaire et sociale est un atout", la démocratisation d'un système scolaire ne se fait pas aux dépens de l'excellence, même si certains continuent de croire qu'une élite se dégage "au prix de l'échec des autres". Il ajoute : "Pas un enfant ne doit pouvoir se trouver en difficulté à l'école."
Le ministre de l'Education nationale a profité de l'occasion pour revenir sur les réformes engagées et pour en laisser entrevoir d'autres.
En ce qui concerne l'éducation prioritaire, des mesures seront annoncées au mois de janvier, mais "l'effort que doit faire la Nation [devra être] considérable et inscrit dans la durée". Il s'agit notamment de stabiliser les équipes. Les enseignants du primaire sont également concernés, c'était prévu "depuis le début". Il laisse aussi entendre que les lycées actuellement en éducation prioritaire ne seront pas oubliés et que des mesures concernant les RASED seront prochainement annoncées.
Les programmes, l'éducation prioritaire, les pratiques pédagogiques
D'ici 2017, c'est l'ensemble des programmes qui aura été revu. Ils ne s'appelleront peut-être d'ailleurs plus "programmes". Ils devront surtout être mieux "calibrés". Ils doivent aussi permettre de "décloisonner les disciplines", notamment au collège.
La question du collège sera évoquée vendredi 6 décembre devant le CSE (Conseil supérieur de l'éducation), mais le ministre a laissé à entendre que l'accent serait mis sur l'accompagnement des élèves, et que "plusieurs heures hebdomadaires" seront dédiées à la différenciation des enseignements et au traitement de la difficulté scolaire sans augmenter pour autant les horaires élèves.
Car pour le ministre, il faut "changer les pratiques [pédagogiques] elles-mêmes", qu'il s'agisse de l'interdisciplinarité [sans, apparemment, remettre en cause les cadres disciplinaires, ndlr], ou de l'évaluation qui doit être positive, "redonner confiance" au lieu de décourager. Cela passe évidemment par la formation initiale et continue des enseignants.
Une nation unie autour des enseignants
Et Vincent Peillon de faire "un pari sur l'intelligence" de tous, afin que la Nation s'unisse "autour de nos enseignants" qu'il faut "conforter", "cesser de critiquer" et à qui il faut "donner les moyens de faire réussir leurs élèves", car ceux qui sont rejetés par le système scolaire se tournent vers le vote extrémiste, et c'est le pacte civique qui est en cause.
* Ces deux dernières citations ne sont pas de la bouche du ministre, mais sont reprises des notes d'information que publie ce 3 décembre la DEPP (service statistique de l'Education nationale) pour présenter les résultats de PISA sous l'angle national (notes 13.30 et 13.31, ici et ici)