Les jeunes Français rejetteraient la "culture scolaire ou cultivée" (étude du ministère de la Culture)
Paru dans Scolaire, Périscolaire, Culture le lundi 02 décembre 2013.
Les connaissances artistiques des Français baisseraient chez les jeunes, et augmenteraient chez les plus de 45 ans, à moins qu'il ne faille retenir de l'étude que vient de publier le ministère de la Culture "l’expression publique d’un désintérêt ou a fortiori d’une aversion pour la culture scolaire ou cultivée (...) Tout dépend de la conception de la culture qu’on souhaite défendre : celles et ceux qui sont attachés à une conception strictement patrimoniale (...) trouveront dans les résultats des éléments de nature à nourrir leurs inquiétudes (ou leur colère…) tandis que celles et ceux qui la pensent plutôt comme un flux en perpétuel mouvement puiseront dans les signes de renouvellement des motifs de satisfaction".
L'étude compare les réactions des Français en 1988 et 2008 à la même liste de trente noms d'artistes "couvrant la plupart des formes artistiques, des plus populaires aux plus légitimes", de Johnny Halliday à Pina Bausch en passant par Jean-Paul Sartre, Miles Davis, Pierre Boulez, Madonna et René Char : "la proportion de Français déclarant spontanément connaître les artistes de la liste ne serait-ce que de nom a progressé en vingt ans dans la grande majorité des cas, mais que la véritable connaissance, en revanche, mesurée par la capacité à préciser le domaine d’activité de l’artiste, est restée stable (...) la connaissance des artistes a progressé parmi les générations nées avant la moitié des années 1960 mais recule parmi les jeunes générations âgées de moins de 45 ans." De plus, des noms qui symbolisent la culture scolaire ou légitime, comme Flaubert, Nerval, Mahler ou Boulez sont "non seulement moins connus des jeunes générations mais également moins appréciés".
Conclusion: "Les Français expriment plus librement leurs jugements, et particulièrement les jugements négatifs qui progressent dans les jeunes générations. Plusieurs évolutions sont manifestes : – un renforcement du rejet de la culture classique ou scolaire (...) – une relative patrimonialisation d’artistes qui suscitaient le plus de rejet en 1998 en partie pour la charge de provocation ou de transgression qu’ils incarnaient alors, comme Georges Brassens, Serge Gainsbourg ou Salvador Dali." Et la notoriété de "trois grands noms de la culture classique, Mozart, Molière et Van Gogh, a nettement progressé en vingt ans au point d’approcher désormais celle des stars de la chanson et du cinéma".
L'étude "Les connaissances artistiques des Français - Éléments de comparaison, 1988-2008" est téléchargeable ici