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"A l'issue du salon, un certain nombre de problèmes sont plus intelligemment posés" (J-M Ducomte, Ligue de l'enseignement)

Paru dans Scolaire, Périscolaire, Culture, Orientation le lundi 25 novembre 2013.

"Si le salon de l'éducation n'existait pas, il manquerait un moment où l'ensemble des partenaires du monde éducatif se retrouve." Jean-Michel Ducomte, président de la Ligue de l'enseignement, organisatrice du salon européen de l'éducation qui a fermé hier 24 novembre ses portes, répond à nos questions.

ToutEduc : Le salon est aujourd'hui inscrit dans le paysage, au point d'apparaître comme un rituel. Mais à quoi sert-il ?

Jean-Michel Ducomte : Le salon s'installe sans se banaliser. Il constitue un moment de rencontre entre nous et avec d'autres, avec les jeunes, avec les enseignants, avec les syndicats, avec le ministère, avec nos partenaires au sein du CAPE, et on se dit des choses qu'on n'aurait pas l'occasion sinon de se dire de façon aussi intense. On peut focaliser leur attention sur telle ou telle question qui nous paraît importante. Je suis assez convaincu qu'à l'issue du salon, un certain nombre de problèmes sont plus intelligemment posés. 

ToutEduc : Cette année, vous aviez choisi pour thème l'égalité femmes-hommes. Mais c'est la question des rythmes scolaires qui s'est imposée...

Jean-Michel Ducomte : Nous avions fait le choix de cette thématique depuis longtemps, mais la question des rythmes, effectivement, s'est imposée, d'autant qu'une heureuse coïncidence veut que le salon des maires soit partiellement concomitant et qu'elle y ait également été évoquée. Vincent Peillon qui s'y est rendu dans la matinée de jeudi, a pu constater l'absence réelle de critiques. Et au salon, il a reçu un soutien évident.

ToutEduc : "Absence de critique", c'est peut-être un peu vite dit ?

Jean-Michel Ducomte : Il faut faire le partage entre l'essentiel et l'accessoire, négliger les tactiques politiciennes comme les calculs d'épiciers de certains élus. Sur la pertinence de cette réforme, nous avons une quasi unanimité, même si n'a peut-être pas été suffisamment travaillée l'implication des uns et des autres. Pour les enseignants, c'est le temps de travail qui est en cause, pour les municipalités, c'est le financement. Quant à nous, mouvements d'éducation populaire, nous demandons depuis 20 ans une modification des rythmes de vie des enfants et une adjonction de la logique périscolaire à la logique scolaire. Nous sommes donc satisfaits, et parmi les mouvements d'éducation populaire ou pédagogiques, ceux qui avaient des critiques à faire valoir ont estimé que le temps n'était plus aux discussions sur les détails de mise en oeuvre.

ToutEduc : Nous n'avons pas encore les chiffres de fréquentation, sinon pour la partie professionnelle du salon, Educatec- Educatice, qui annonce +18 % pour le nombre des visiteurs le premier jour.

Jean-Michel Ducomte : Le changement de configuration a pu jouer. Jusqu'à l'année dernière, le niveau 1 était occupé par le salon des vins. Nous avons bénéficié d'un changement du calendrier et le rez-de-chaussée abrite à présent la partie professionnelle du salon. Ne plus avoir à passer par le rayon des alcools, ça aide à être sérieux avant de débattre (sourire). Mais je note aussi un changement de la part des jeunes visiteurs au niveau 2, qui viennent en général pour leur orientation. Il me semble qu'ils ont des questionnements plus concrets, plus résolus. Ils ne viennent pas chercher au hasard de l'information, mais pour confirmer des choix qu'ils ont déjà faits.

On pourrait penser qu'à cet étage se côtoient deux univers, l'un qui porte sur l'offre éducative, avec l'Etudiant, l'Aventure des métiers, l'ONISEP, et l'autre qui ressemble les acteurs avec La Ligue, les syndicats, les associations complémentaires... Mais j'ai pu constater une vraie porosité des deux mondes, les jeunes vont de l'un à l'autre, du fait aussi des propositions de certains stands, comme celui de la MAIF qui propose de tester un parcours en fauteuil roulant et de mesurer les difficultés de la vie quotidienne des handicapés.

ToutEduc : Le sujet de cet année, l'égalité femmes-hommes, ne risquait-il pas d'attirer des manifestants hostiles "à la théorie du genre" ?

Jean-Michel Ducomte : Les organisations du type "la manifestation pour tous" ne s'inscrivent pas dans notre sphère intellectuelle. Le salon est ouvert à tous, et tout le monde y a sa place pour participer aux débats. Mais s'ils étaient venus, ils se seraient ridiculisés tant la dimension crépusculaire de leurs propos aurait été mise en évidence.

ToutEduc : Qu'est-ce qu'un salon peut apporter de nouveau à la thématique de l'égalité des sexes ?

Jean-Michel Ducomte : Elle ne date pas de quelques décennies, les femmes sont considérées avec condescendance depuis le début des temps historiques. Mais on peut faire avancer le débat à condition de poser les bonnes questions. Elles sont d'abord économiques et sociales, quand la différence des rémunérations est systématiquement de 20 à 30 %. Quant au débat sur le genre, il est nécessaire, il a été introduit par des sociologues américaines, mais il vient, à mon sens, renforcer la question sociale. Des progrès restent à faire, des habitudes à reconsidérer, des commodités de vocabulaire à infléchir. En attendant, il faut maintenir cette thématique à l'agenda, y revenir régulièrement. C'est pourquoi nous l'avions choisie cette année.

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