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Un établissement scolaire peut-il être un lieu de formation ... pour les enseignants ? (Journée de l'IFE)

Paru dans Scolaire le lundi 11 novembre 2013.

La formation des enseignants peut-elle être conçue à l’échelle de l’établissement et favoriser l’émergence d’une communauté éducative "apprenante" ? Cette question était au coeur de la journée "Former au sein des établissements scolaires" organisée le 5 novembre par la chaire UNESCO de l'IFE consacrée à la formation des enseignants. Alors que "le temps des certitudes est révolu", il s'agissait plutôt d'une "conférence de désaccords" que d'une "conférence de consensus", comme l'a souligné Michel Lussault, le directeur de l'institut français de l'éducation.

Elle était préparée par la publication d'un dossier d'actualité du service de veille de l'IFE dans lequel Annie Feyfant souligne que "le concept d’organisation apprenante est souvent associé à un modèle libéral d’autonomie des établissements" et que "les personnels enseignants perçoivent souvent ce modèle d’organisation comme une atteinte à leur autonomie pédagogique" alors que "le modèle français privilégie le caractère quasi-privatif de la pratique en classe". De plus, la formation "est souvent reçue comme un moyen de faire passer les réformes".

Formation informelle

La littérature mondiale sur le sujet montre une autre difficulté, le caractère nécessairement informel des formations dans l'établissement : "la recherche d’une efficacité professionnelle nécessite de ne pas se limiter aux savoirs formels (...) ou à un référentiel de compétences mais de prendre en compte les savoirs pragmatiques". Il faut éviter "une logique applicationniste d’ingénierie de formation (...) en différenciant et adaptant localement les dispositifs", passer d' "un programme de formation relativement homogène, institutionnalisé" à "des compétences hétérogènes, adaptées aux situations locales".

On sait que la coopération entre enseignants favorise la réussite des élèves, mais il ne suffit pas de la prescrire, et "la collaboration relève plus d’intentions affichées que d’une pratique effective pour les enseignants du secondaire". Pourtant, "les pratiques collaboratives induisent des échanges sur des problèmes complexes" et surtout "un soutien mutuel", particulièrement utile aux enseignants novices.

Peu de travail collectif

Lors de cette journée, Nicolas Feld-Grooten (DGESCO) demande d'ailleurs "comment favoriser l’émergence d’un collectif intelligent" pour améliorer la prise en charge des élèves. Le verbe coopérer est présent à 5 reprises dans le nouveau référentiel de compétences des enseignants, alors que les hiatus des temps, les identités disciplinaires, la faiblesse des usages collaboratifs du numérique sont autant d'obstacle à cette coopération. Virginie Gomin (DGESCO) fait remarquer que la loi de refondation évoque, notamment à propos des ESPE, une "culture professionnelle partagée", et que le nouveau référentiel de compétences mentionne "une démarche individuelle et collective de développement personnel" tandis que "la Cour des comptes préconise de s’appuyer sur les bassins de formation et une mutualisation des moyens" pour des formations à l’échelon local.

Caroline Letor (Université catholique de Louvain) observe qu’il y a en réalité peu de travail collectif des enseignants et que celui-ci est souvent superficiel. Son collègue Vincent Dupriez souligne que ce sont davantage les experts non-enseignants qui s’expriment sur l’apprentissage des enseignants que les enseignants eux-mêmes. Frédéric Saussez (Université de Sherbrooke) ajoute que la mise en avant des chercheurs concourt à une dépossession de leur métier par les enseignants, et pour permettre sa reprise en main collective, il propose un processus où "la difficulté est reconnue comme normale dans le métier". Christine Félix et Frédéric Saujat se demandent comment "faire du métier d’enseignant un objet de pensée collectif", "rendre visibles et discutables les compromis opératoires (...) par la bouche de ceux qui agissent".

Luc Ria, qui anime cette chaire UNESCO, précise la prochaine journée, le 23 janvier, sera consacrée aux usages pertinents de la vidéo pour la formation des enseignants. 

P. Bouchard avec Claude Baudoin.

Le dossier de l'IFE ici

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