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L'attachement à l'école des enfants Roms : l'exemple de Bobigny

Paru dans Scolaire le mardi 01 octobre 2013.
Mots clés : Decker, Bobigny, Roms

L'école Marie-Curie de Bobigny scolarise une bonne moitié des enfants Roms du "camp des coquetiers", qui a été démantelé le 27 août. "Mais tous étaient présents le jour de la rentrée", déclare à ToutEduc Véronique Decker, sa directrice. La police était mandatée par la justice pour évacuer "la moitié des parcelles" occupées par des caravanes, mais s'apprêtait à débarrasser la totalité du terrain quand cette enseignante, militante infatigable de la cause de ses élèves, a demandé aux enfants de s'asseoir là où ils étaient. Beaucoup, se souvenant de leurs cours de danse, se sont en fait couchés à plat ventre sur la chaussée de l'avenue Salvador Allende, la principale artère de la ville. Elle a organisé un atelier d'écriture sur place, et le sit-in a duré toute la journée. Le lendemain, les familles se sont réinstallées sur les parcelles non expulsables, et ont construit des abris de fortune, leurs caravanes ayant été détruites. Mais beaucoup dormaient encore dehors à la veille de la rentrée. La directrice n'en a pas moins expliqué aux familles l'importance stratégique de leur présence dès le premier jour de classe.

Interrogée sur cet attachement à l'école qu'elle constate, elle décrit une population qui réagit comme les milieux populaires français. Elle dit qu'elle voit de plus en plus d'élèves qui "s'accrochent" au collège, notamment depuis qu'ils ont l'espoir de pouvoir signer de contrats d'apprentissage à compter du 1er janvier 2014 et de la fin des restrictions de l'accès au marché du travail. "Ils veulent être boulangers, mécaniciens..." Véronique Decker évoque, à l'inverse, une culture où l'enfance, comme dans la France des années 20 d'ailleurs, se termine tôt. On se marie à 14-15 ans, et on ne va pas à l'école quand on est un adulte. De plus, le collège n'est "pas toujours adapté" à des jeunes qui "adorent la pédagogie Freinet".

Autre difficulté, les familles se plaignent que leurs enfants ne sont pas toujours traités comme les autres, et mis dans des classes à part. Véronique Decker persuade les mères de les mettre en maternelle dès 3 ans, pour qu'ils soient "comme les gadjé", tous originaires d'ailleurs du Maghreb ou d'Afrique subsaharienne dans cette école, et que, parlant bien français, ils soient accueillis dans les mêmes CP que les autres. Cela va à l'encontre d'une culture populaire qui considère que l'enfance est courte et qu'il faut éviter de faire pleurer les petits.

A noter deux vidéos réalisées sur la scolarisation de ces enfants dans le cadre de la DIHAL (Délégation interministérielle à l'hébergement et à l'accès au logement des personnes sans abri ou mal logées) ici et ici.

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