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Vie lycéenne : des textes qui ne se traduisent pas dans les faits (rapport)

Paru dans Scolaire le samedi 28 septembre 2013.

"Pour nombre d’adultes, le lycéen (...), citoyen 'inachevé' dans sa construction, ne serait pas tout à fait en mesure d’analyser et d’exprimer des évaluations et d’en tirer des projections." Dans son rapport "Pour un acte II de la vie lycéenne", la députée Anne-Lise Dufour-Tonini évoque longuement les réticences à reconnaître aux élèves les moyens d'une expression démocratique. "Au mieux, disent les représentants des personnels de direction, peut-on se prévaloir d’une égalité virtuelle" et "dans le domaine pédagogique, la parole de l’élève n’est pas considérée", "rares sont les enseignants enclins à entendre des propositions qui concernent l’accompagnement personnalisé par exemple", d'ailleurs souvent transformé en cours supplémentaire. "Très peu nombreux aussi sont les chefs d’établissement (...) à accepter de les entendre". Et pourtant,"les lycéens peuvent évoquer la manière avec laquelle ils vivent l’organisation [pédagogique] et dans laquelle ils étudient".

La députée-maire, qui a été enseignante et personnel de direction, estime notamment que les élections des élèves au CVL (conseil des délégués pour la vie lycéenne) "sont encore loin de constituer un véritable outil d’éducation à la démocratie représentative", qu'il s'agisse de faire émerger des candidatures, de la parité, des professions de foi, du taux de participation ... Les campagnes électorales sont "plutôt rares" et l’élection "se joue davantage sur la popularité d’un candidat que sur l’existence d’un véritable projet". Il faut dire que leurs propositions aboutissent rarement à "une réalisation aboutie avant le terme de leur passage au lycée". Et encore faudrait-il que les élus aient des interlocuteurs. Le plus souvent, ils débattent "en présence au mieux du gestionnaire et du CPE, parfois seulement d’un assistant d’éducation".

Les lycéens sont demandeurs d'un encadrement

Or les lycéens souhaitent la présence à leur côté "d’un adulte cadrant et bienveillant, comme garantie de la qualité de leur engagement ou comme sécurité dans la conduite de projets". C'est peut-être la principale raison de l'échec du passage des FSE (foyers sociaux éducatifs) aux MDL (maisons des lycéens). Une enquête conduite par la DGESCO et le délégué national à la vie lycéenne en juin/juillet 2013 "indique que 50,8% seulement des 1025 établissements ayant répondu ont procédé à cette transformation" et tout porte à penser que "ce taux traduit davantage une réponse à une commande institutionnelle qu’à la réalité du terrain". Une MDL est une association 1901 et "l’ensemble du bureau, de la présidence à la trésorerie, est confié à un élève". Dès lors, "les élèves sont perçus comme érigeant un contre-pouvoir décisionnel qui s’associe mal à l’autorité de l’adulte". Au contraire le FSE pouvait impliquer, "sous des formes diverses", des enseignants. Or si certains adultes "ne croient pas aux vertus de la construction et de l’organisation de la parole lycéenne, d’autres en ont compris les enjeux" et constituent "une force militante sur laquelle le chef d’établissement peut s’appuyer". Ils sont d'ailleurs "plébiscités par les élèves eux-mêmes" pour qui ils apparaissent comme la "garantie de la qualité de leur engagement".

Mais plus globalement, la députée et les autres membres de la commission* considèrent que la vie lycéenne devrait "faire partie du contrat d’objectifs et du dialogue de gestion des chefs d’établissement avec les autorités académiques" et que "le passage à des contrats d’objectifs tripartites signés avec les collectivités territoriales donne l’opportunité [d'en] renforcer l’importance". On pourrait "transformer l’heure de vie de classe en conseil de vie de classe saisi à la demande des élèves" pour aborder "tout sujet qui concerne la vie au sein de la communauté scolaire". Et pourquoi ne pas valoriser l'engagement des lycéens dans le livret scolaire ou même par une attestation rédigée par le proviseur, comme les recteurs en délivrent aux membres du CAVL au terme de leur mandat? "On sait l’importance de ce type d’attestation dans de nombreux cursus de l’enseignement supérieur, en France comme à l’étranger."

Des textes sans effets

Plus positif sur le fonctionnement des conseils de la vie lycéenne aux niveaux académique et national, le rapport s'interroge "sur le décalage entre le partage d’idées des membres élus au CNVL et la réalité vécue dans les CVL. On peut craindre que la pyramide (CVL-CAVL- CNVL) (...) n’articule pas véritablement les trois niveaux (...) Les uns connaissent- ils les activités des autres ?" Il s'interroge aussi sur des dispositifs qui, à considérer les textes, "favorisent la participation lycéenne", mais qui ne se traduisent pas dans les faits. "Il ne faudrait donc pas que cette volonté politique forte, née voilà plus de vingt ans, n’ait fait que nourrir une réglementation dont les entretiens et visites réalisés par la commission démontrent qu’elle fait trop peu entrer les lycéens en démocratie dans leur établissement. Il ne fait plus aucun doute que l’installation d’une vie lycéenne qui met l’accent, entre autres, sur la démocratie participative pour les élèves et sur la prise en compte des aspirations des jeunes à mettre à l’épreuve leurs acquis scolaires dans des projets responsables, est constitutive du climat scolaire."

* Les autres membres de la Commission sont Souâd Ayada, inspectrice générale de l’éducation nationale, groupe philosophie, Christiane Borredon, proviseure du lycée Condorcet, Paris 9e, Claude Bisson-Vaivre, inspecteur général de l’éducation nationale, doyen du groupe établissements et vie scolaire, Monique Sassier, médiatrice

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