La mission laïque plaide la cause de l'enseignement français à l'étranger
Paru dans Scolaire le mardi 24 septembre 2013.
Rompant avec ses habitudes de discrétion, la "Mission laïque française", second réseau d'établissements français à l'étranger après l'AEFE, a organisé ce 24 septembre une conférence de presse, bien qu'elle n'ait pas d'actualité ni de grandes nouveautés à présenter. Manifestement satisfait de la réforme annoncée en conseil des ministres le mois dernier, et qu'il ait été mis fin à "l'erreur majeure" que constituait la promesse, d'ailleurs non tenue, de gratuité pour les ressortissants français énoncée par Nicolas Sarkozy, Yves Aubin de la Messuzière, son président, laisse pourtant percer un peu d'inquiétude. Ces établissements sont soumis à une rude concurrence, notamment anglo-saxonne mais aussi turque, dans plusieurs pays du pourtour méditerranéen où elle est essentiellement implantée.
S'y ajoutent les effets de la crise économique, en Espagne notamment où certaines familles n'ont plus eu les moyens de régler les frais de scolarité, ainsi que ceux de transitions démocratiques difficiles dans plusieurs pays du Moyen-Orient, ou de la guerre en Syrie, où le lycée d'Alep a été fermé.
La "clé de voûte" pour son président, c'est l'homologation par le ministère de l'Education nationale dont il attend une "implication renouvelée". Ces dernières années, l'expertise pédagogique a en effet été "insuffisante" au regard de l'accroissement en volume, un doublement des effectifs en 10 ans. Or, pour les familles, c'est la France qui apporte la garantie de la qualité qu'ils recherchent.
Diplomatie économique
La MLF assure des missions de service public en matière d'enseignement, mais elle "se situe [aussi] au coeur de la diplomatie d'influence" et de la "diplomatie économique" de la France, au point que F. Hollande considère qu'elle "est un partenaire essentiel de l'Etat, qui apprécie sa réactivité et sa capacité à agir dans des contextes politiques difficiles et à accompagner l'action internationale des grands groupes français à l'étranger".
Actuellement, la MLF regroupe 126 établissements pour près de 50 000 élèves dans 46 pays, dont 31 écoles d'entreprises, créées en temps que de besoin, à la demande de grandes entreprises françaises, 51 établissements partenaires (associés, affliés ou adhérents) et des "actions de coopération". Elle est née au début du siècle dernier, à l'initiative d'un enseignant qui ne voulait pas laisser aux congrégations le monopole de l'enseignement français à l'étranger. Elle accueille des enfants de toutes origines puisque moins d'un quart de ses élèves sont français, 62 % étant des nationaux, et 15 % des étrangers de pays tiers. Ses personnels sont des enseignants français détachés (17 %), ou recrutés localement. Elle a des projets en Russie, en Côte d'Ivoire, et en Palestine.
Gênée par le terme de "mission" qui rappelle l'époque des missionnaires, et par son alliance avec le terme "laïque" souvent mal compris, elle a publié en 2010 une charte où elle définit ses valeurs, laïcité, solidarité, dialogue des cultures, "celles de l'humanisme et de la Déclaration universelle des droits de l'Homme". Il s'agit ainsi de "montrer qu'on ne coupe pas les enfants de leur culture d'origine". Une partie des enseignements est d'ailleurs donné dans la langue du pays, puisqu'il s'agit de former des décideurs "chez eux".
Le site de la Mission laïque française ici.