Outils numériques interactifs : la Ville de Belfort mène une expérimentation dans 3 écoles en vue d'en généraliser les usages dès 2014
Paru dans Scolaire le vendredi 20 septembre 2013.
Mots clés : Belfort, tablettes
Une tablette à la main, un mot en transparence sur l'écran : quatre enfants s'appliquent à reproduire avec leurs doigts, en les calquant, les boucles des lettres cursives qui apparaissent en fond. S'ils lèvent le doigt durant la retranscription du mot, ou ratent la courbe, les traces noires qu'ils ont dessinées s'effacent instantanément. Il faut recommencer, s'auto-corriger, jusqu'à réussir l'exercice d'écriture. Pas de raturage, tout repart à zéro et au final il ne reste que l'essai réussi. Pour leur enseignante, Rebecca Deporte, la méthode est définitivement "motivante" pour "acquérir de la fluidité dans l'écriture", alors que l'outil est de son côté "facile d'accès car très intuitif". Un quart d'heure plus tôt, ces élèves de CP de l'école Pergaud formaient un groupe avec le reste de la classe devant le tableau numérique interactif (TNI) qui occupe la place du tableau traditionnel, pour reconnaître les sons, les lettres qui y correspondent, les mots et les dessins qui y sont attachés alors que l'enseignante naviguait avec un stylet d'une image à l'autre. C'est l'une des 8 classes de la ville de Belfort (90) qui expérimentent depuis le printemps 2013 l'usage des tablettes tactiles, associées à d'autres outils numériques interactifs.
Décidée en février 2012 par le maire de Belfort, l'expérimentation "École numérique" a fait l'objet d'une convention tripartite signée le 8 février 2013 avec le CDDP (Centre départemental de documentation pédagogique) et la DASEN (Direction académique des services de l'éducation nationale). L'expérimentation prendra fin aux vacances de la Toussaint. L'évaluation permettra au comité technique de choisir la solution technique à déployer dès janvier 2014 et sur trois ans, à l'horizon 2016, dans les 32 écoles de la commune. "Les écoles étaient toutes équipées d'une classe de 12 ordinateurs dédiés au B2i, ce qui était devenu obsolète et ne correspondait plus aux besoins des enseignants qui souhaitaient surtout bénéficier d'outils servant de supports de base dans toutes les matières", précise la Ville. Celle-ci a fléché 100 000 euros pour financer le matériel nécessaire à l'expérimentation. Parallèlement et en vue du futur déploiement, la CAB (Communauté d'agglomération belfortaine) effectue l'interconnection de l'ensemble des écoles avec la fibre optique.
Des configurations différentes pour choisir la solution "technique" la plus pertinente
La première originalité du dispositif réside dans la mise à disposition d'un unique interlocuteur, un référent CDDP, qui établit des diagnostics au téléphone ou en se déplaçant, réalise une maintenance de premier niveau ou réoriente, si besoin, vers la direction des systèmes d'information de la mairie. Le choix d'un référent unique permet "de ne pas repousser les problèmes d'une structure à une autre, comme c'est le cas souvent dans le cadre d'autres expérimentations", explique Didier Ramstein, le conseiller TICE du rectorat de l'académie de Besançon. "En fournissant une réponse globale, on peut espérer vaincre les freins liés au report de la responsabilité vers l'un ou vers l'autre." Sont ainsi pris en charge par la Ville avec les assistants informatiques de la DASEN, l'assistance pour la configuration des outils en fonction des projets pédagogiques, la résolution des problèmes techniques et la maintenance, par le CDDP les besoins en ressources pédagogiques, l'accompagnement et la formation avec l'académie.
Autre originalité, les écoles ont été équipées avec du matériel différent afin de déterminer le type de matériel le plus adapté en fonction des usages, l'implantation de certains outils (le TNI doit-il, par exemple, prendre la place du tableau ?) et les difficultés rencontrées selon les environnements. L'expérimentation concerne 5 classes de l'école élémentaire Victor Schoëlcher, 1 classe de l'école élémentaire Pergaud et 2 classes de l'école maternelle Metzger. Elles ont été équipées respectivement, pour la première de 5 TNI, 5 ordinateurs portables et 1 classe mobile composée de 15 smartbooks, pour la deuxième d'1 TNI, d'1 ordinateur portable et de 15 tablettes numériques et pour la troisième d'1 TNI, d'1 ordinateur portable et de 8 tablettes numériques. Les enseignants ont été formés 3 jours et demi par le CDDP à l'utilisation des outils en janvier et février 2013.
En France, selon les données d'Eduscol, l'expérimentation des tablettes concerne aujourd'hui 119 écoles, 174 collèges et 42 lycées. Le conseiller TICE explique que cette initiative locale "s'inscrit dans la politique académique de développement des usages numériques afin de permettre la fluidité des parcours dans le premier degré" et lutter contre les redoublements précoces nombreux. "Travailler sur les intelligences multiples et des approches pédagogiques différentes permettrait d'aborder les difficultés d'apprentissage de la lecture, orale et écrite, repérées à ce niveau là." Autre exemple, l'usage de tablettes peut permettre à des enfants "qui ont des difficultés de mémorisation d'apprendre les bases du calcul en utilisant des tablettes, même s'ils ne maîtrisent pas encore les tables de multiplication". Rebecca Deporte relève de son côté les avantages pour le développement de l'autonomie, par exemple pour auto-corriger des dictées préparées, pour valoriser les productions ou encore pour créer des "moments de regroupements qui permettent de susciter davantage d'attention".
C. Pons