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Les neurosciences vont-elles sauver l'éducation, ou l'inverse ? (Dossier d'actualité de l'IFE)

Paru dans Petite enfance, Scolaire, Orientation le mardi 17 septembre 2013.
Mots clés : IFE, neurosciences, psychologie, méthodes, lecture

Que sait-on aujourd'hui sur les relations entre cerveau et école ? Le dernier "dossier d'actualité" de l'IFE (Institut français de l'éducation) apporte de nombreuses réponses, et plus encore des mises en garde contre les "neuromythes", ces idées toutes faites parfois exploitées commercialement, du type "on peut apprendre en dormant"... Mais les deux auteures, Marie Gaussel et Catherine Reverdy, montrent surtout comment "la bataille portant sur la nature et le contrôle des variables utilisées lors des expérimentations a fini par donner lieu à une véritable guerre", la plupart des neuroscientifiques étant "soit ignorants des recherches actuelles en éducation, soit les sous-estiment". Mais, même si "les applications des neurosciences cognitives en classe relèvent du domaine de l'utopie" et qu'elles n'ont produit aucun outil "pour remédier aux difficultés d'apprentissage", les enseignants ne peuvent les ignorer, par exemple lorsqu'elles montrent "le rôle très important des émotions sur le fonctionnement du cerveau".

Si elles n'ont apporté à ce jour "aucune preuve sur l'efficacité de telle ou telle pédagogie", et s'il convient de se soucier d'éthique, par exemple lors de la constitution d'un "groupe témoin" qui ne bénéficiera pas d'un programme éducatif supposé efficace, il semble pourtant "important de préparer les jeunes docteurs en recherche en éducation à des méthodes de recherche scientifiques au sens large".

Le dossier propose donc une introduction aux méthodes utilisées par les neurosciences, et à ce qu'elles ont mis en évidence, par exemple "la plasticité synaptique", dont les processus restent controversés, ou le fait que la mesure du QI "ne refléterait pas une propriété biologique" donc une intelligence innée, mais qu'il donnerait "une indication statistique sur les multiples capacités cognitives d'un individu".

Méthodes de lecture

Les auteures reviennent sur les méthodes de lecture. Lorsque Stanislas Dehaene constate que les résultats de l'expérimentation engagée auprès de 1 800 élèves sont décevants, il en conclut que c'est "la mise en application dans les classes [qui] demande encore un effort important". Sa réaction témoigne, pour Marie Gaussel et Catherine Reverdy, de "l'écart qui sépare les chercheurs en neurosciences de la réalité de la classe". Ils devraient "considérer le vécu et l'environnement d'apprentissage comme des variables à prendre en compte (...) plutôt qu'à contrôler". Ne faut-il pas éviter de penser que "c'est du laboratoire que sortiront les solutions"?

Au-delà des controverses, le dossier propose un passage en revue assez réjouissant des idées toutes faites et parfois dangereuses, du type "nous n'utilisons que 10 % des capacités de notre cerveau", on pourrait localiser dans le cerveau gauche ou le cerveau droit les aptitudes créatrices et les aptitudes analytiques, on ne peut plus apprendre certaines choses passé un certain âge, tout se joue avant trois ans, les femmes ont des capacités multitâches et les hommes sont meilleurs en mathématiques, on peut classer les individus selon des "styles d'apprentissage", les visuels, les auditifs et les kinesthésiques...

"Neurosciences et éducation : la bataille des cerveaux", dossier n° 86, téléchargeable sur le site de l'IFE ici

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