"L'école fondamentale" et la Gauche : Jean Battut publie les notes qu'il adressait à F. Mitterrand entre 1975 et 1979
Paru dans Scolaire le lundi 16 septembre 2013.
En 1975, au sein de la FEN, "la tendance communisante Unité et Action" s'oppose au "courant de pensée socialisant Unité - Indépendance - Démocratie" et à son projet d'instaurer une "école fondamentale", ce qui conduirait à "une unification de la classe maternelle à la fin de la classe de 3ème, repoussant, de ce fait, les professeurs du second degré dans l'étroit créneau de la classe de seconde à la classe terminale du lycée". C'est dans ce contexte, qui n'est pas sans rappeler les débats actuels sur "l'école du socle", que Jean Battut, secrétaire général de la section nivernaise du SNI (l'ancêtre du SE-UNSA d'aujourd'hui) et très proche de François Mitterrand lui adresse régulièrement des notes pour lui permettre de suivre les conflits internes à la grande organisation syndicale. Pour le premier secrétaire du Parti socialiste, l'heure est alors à l'Union de la gauche.
Or, comme le rappelle dans sa préface Guy Georges, ancien secrétaire général du SNI, ces années sont marquées par une "rude empoignade". D'autant que, pour contrer les socialistes de "Démocratie et université", alliés d'Unité et Action, se crée au sein du PS, le courant "Ecole et socialisme" dont "Jean Battut est la cheville ouvrière".
Les notes qu'il adresse au futur président servent de guide à l'historien "dans le labyrinthe" du syndicalisme et des évènements politiques qui précèdent la prise du pouvoir. C'est ainsi qu'il relève, dans une note de mai 75, que "U et A semble vouloir développer son action au niveau des sections syndicales de base en faisant adopter des motions portant condamnation de l'attitude du PS". Un an plus tard, il évoque la succession de Paul Fahy à la tête de la Ligue de l'enseignement, laquelle "n'est pas à l'abri d'une conquête par le PCF". En septembre de la même année, il plaide pour une alliance FEN-PS contre la politique de Raymond Barre mais ajoute que "projet éducation" du PS soulève "peu d'enthousiasme". En 77, la base du SNI demande l' "affirmation vigoureuse" du principe "fonds publics à l'école publique", un principe dénoncé en 78 par le président des parents de l'école libre pour qui "un régime totalitaire" voudrait "transformer nos enfants en robots". Mais l'échec aux législatives génère au sein du SNI amertume et atmosphère de fronde contre ceux qui liaient la fédération au PS, d'autant que Jean Battut apparaît ensuite dans l'organigramme du PS comme conseiller du premier secrétaire...
"Quand le syndicalisme enseignant rencontre le socialisme, 1975-1979, notes régulières transmises par la FEN et le SNI à François Mitterrand", L'Harmattan, 324 pages, 33 €