Comment l'UMP réformerait l'Ecole si elle revient au pouvoir
Paru dans Petite enfance, Scolaire, Périscolaire, Orientation le vendredi 13 septembre 2013.
L'UMP veut construire "l’école de demain", "celle qui donne à tous la motivation, le goût de l’effort et le bagage indispensable pour affronter l’avenir (...)". Un "document de travail" donne l'état de la réflexion du principal parti d'opposition. Si elle n'oublie pas de faire le procès de la politique actuelle, et si elle y reprend un certain nombre de ses thèmes habituels, comme l'autonomie des chefs d'établissement, l'UMP semble davantage sensible que précédemment aux pédagogies actives et aux critiques sociologiques de l'école.
Dans ce texte, elle note par exemple que le redoublement, qui concerne deux fois plus d'élèves en France que dans les autres pays européens, "est également un marqueur des inégalités" sociales alors que son efficacité "peut être remise en question". Et elle ajoute que "l’école républicaine (...) accentue les inégalités de départ bien plus qu’elle ne les résorbe". L'UMP, sans risquer la formule d'une élévation à 18 ans de l'obligation scolaire, n'en propose pas moins de rendre obligatoires des formations pour les "décrocheurs" de 16 à 18 ans; elles seraient gérées par une "Agence pour le Travail".
La pédagogie et les TICE
Plusieurs de ses 36 propositions portent sur les questions de pédagogie. Elle met l'accent sur "l'acquisition des savoirs fondamentaux pour tous les élèves du primaire", avec une augmentation des heures de français et de mathématiques. L'obligation scolaire passerait à 5 ans, la grande section étant rattachée à l'école élémentaire. L'organisation des classes en "groupes de niveau" serait favorisée, ce qui pourrait passer par "la multiplication des classes englobant deux années".
L'UMP est très favorable à "l’équipement des écoles en outils et ressources numériques", s'il s'accompagne "d’un changement en profondeur des méthodes d’apprentissage privilégiant l’interactivité, la créativité et l’autonomie…" Les CDI pourraient devenir de véritables "learning centers", afin de "développer une pédagogie mixte, à la fois en présence d’un enseignant et à distance". Il faudrait d'ailleurs "intensifier la formation initiale et continue des enseignants aux nouvelles pratiques pédagogiques", les TICE incitant les élèves "à être davantage actifs, participatifs, à travailler en équipe et à distance". Le document marque toutefois un attachement aux "méthodes qui font leurs preuves" et il demande la généralisation de l'expérimentation de la méthode PARLER. Il propose aussi "l’apprentissage précoce de l’anglais dès 3 ans".
Examen en CM2 et "fondamentaux"
Un examen en début de CM2 permettrait de s’assurer que tous les élèves "maîtrisent bien les savoirs fondamentaux (...) Le but n’est pas de tester leurs connaissances mais juste de savoir si oui ou non ils auront les moyens de réussir au collège". Des classes pourraient être "insérées entre le primaire et le collège" et les enseignements y seraient centrés sur "l’acquisition des fondamentaux".
Tout en se défendant de vouloir "remettre en cause le collège pour tous", l'UMP évoque dans ce document une réforme et "une diversification des voies", afin que "chaque enfant puisse s’orienter dès l’âge de 14 ans", "à partir de la 4ème". Seraient mises en place des classes "métiers-études" sur le modèle des "sport-études". Les établissements doivent pouvoir "aménager autrement les horaires des élèves", avec des "groupes de compétence par exemple".
Des établissements autonomes
Les évaluations-bilan des écoles primaires et des collèges seraient rendues publiques, ce qui permettrait aux parents de "connaître la performance de l’école".
Favorable à la suppression de la carte scolaire, à la condition que soit mis en place "un réseau de transport reliant centre-ville et banlieue", le parti néo-gaulliste rappelle que, pour lui, le chef d’établissement doit disposer "de davantage de marges de manœuvre", "gérer son budget comme il l’entend", "recruter librement son équipe enseignante et d’administration", à la suite d'entretiens "sur le modèle de ce qui se passe dans l’enseignement privé". L'UMP propose d'ailleurs l'expérimentation "d’écoles à charte" sur le modèle des "charter schools", ou de "maisons familiales d’éducation" en milieu urbain, sur le modèle des "maisons familiales rurales". Les écoles primaires deviendraient des établissements et dans le second degré, les chefs d'établissement ne présideraient pas nécessairement le conseil d’administration. Le financement des établissements dépendrait "du nombre des élèves accueillis et de leur profil".
Revoir les obligations de service des enseignants
En ce qui concerne les enseignants, leurs obligations de services seraient revues de façon à augmenter leur temps de présence dans l’établissement, "notamment pour assurer du soutien individuel ou en petits groupes de niveau, le travail en équipe avec les autres enseignants de l’établissement, avoir une relation plus suivie avec les parents, aider les élèves dans leur orientation". La rémunération au mérite serait renforcée. L'évaluation serait assurée par le chef d’établissement et par un "responsable disciplinaire" désigné parmi les enseignants d'une même discipline. Pour "ouvrir le monde enseignant aux professionnels issus du monde de l’entreprise", serait créé un statut de "professeur associé", qui permettrait à des professionnels d’enseigner à temps partiel.
Le document veut aussi "poursuivre le développement de la scolarisation" des élèves handicapés et créer des passerelles entre "le monde de l’éducation adaptée [et] l’éducation ordinaire". Les AVS devraient "prendre en charge les enfants dès le plus jeune âge dans tous les aspects de la vie quotidienne".
Enfin, l'UMP entend "rétablir des procédures d’exclusion réelle en cas de faute grave", créer des "internats disciplinaires", généraliser des "établissements de réinsertion scolaire".
A noter que ce document n'évoque pas le lycée. Il est accessible ici.