Le SNES refusera tout "décentrage" des missions des enseignants
Paru dans Scolaire, Orientation le vendredi 30 août 2013.
Mots clés : rentrée, SNES, enseignants, éducation prioritaire, ESPE
La situation, en cette rentrée 2013, est "contrastée" et elle se fait sous le signe de "l'impatience", estime Frédérique Rolet, co-secrétaire générale du SNES, ce 30 août 2013. Les enseignants ne constatent que "peu de changements dans l'exercice quotidien de leur profession". Ils n'ont pas été consultés lors des débats sur la loi d'orientation et ne se sentent pas concernés. Selon F. Rolet, une bonne partie des créations de postes est absorbée par la hausse des effectifs.
"Les créations de poste ne sont pas absorbés par la hausse démographique, il y a une amélioration du taux d'encadrement dans toutes les académies" avait pourtant affirmé V. Peillon à l'occasion de sa conférence de presse de rentrée (lire ToutEduc ici). F. Rolet signale au contraire que "dans les académies, les taux d'encadrement restent lourds, on voit revenir beaucoup de classes à 30 élèves en collège, voire 35-36 en seconde". Le SNES rappelle que plusieurs syndicats appellent à la grève le 19 septembre en Seine-Saint-Denis, et souligne que la situation sera également difficile dans les académies de Rennes, Créteil et Versailles. "Il y aura des problèmes de remplacement prévisibles rapidement".
Ligne rouge
Mais la conférence de presse de rentrée du syndicat FSU de l'enseignement secondaire était surtout l'occasion d'évoquer les points d'accord et les points de clivage avec la politique de Vincent Peillon. La loi, tout comme les premiers textes, marquent, estime-t-il, un "resserrement" sur la scolarité obligatoire, laquelle reste limitée à 16 ans, et à l'ensemble école élémentaire-collège. Or le SNES milite pour une scolarité obligatoire jusqu'à 18 ans, et un collège conçu comme "un tremplin" vers les poursuites d'études dans l'une des trois voies, générale, technologique ou professionnelle et vers le bac. C'est, pour lui, une structure "radicalement différente" de celle qui existe actuellement. "Il faut arrêter de penser que le collège doit orienter les élèves, ce doit être le premier maillon de la scolarité obligatoire", a affirmé Daniel Robin, cosecrétaire général du SNES.
Il n'est pas hostile à "une évolution des missions" des enseignants, et considère que les statuts de 1950 "ne font plus le tour des réalités". Un temps forfaitaire, qui ne correspondrait donc pas à des obligations hebdomadaires, pourrait être défini pour prendre en compte les nombreuses réunions de concertation, dont le nombre s'est multiplié.
En revanche, le temps devant élèves devrait rester défini par un nombre d'heures par semaine, sans annualisation. C'est une ligne rouge à ne pas franchir. "Notre mission principale est la transmission et l'appropriation des savoirs. Nous ne sommes pas hostiles à tout ce qui rend plus efficace cette mission, comme les relations avec les parents. Les associations et les collectivités peuvent d'ailleurs apporter quelque chose, on n'est pas fermés, mais à condition que toutes ces tâches ne soient que des moyens au service de l'enseignement. Nous n'accepterons pas de voir décentrer notre activité."
Le SNES envisage un service d'enseignement pour les certifiés de 16h (au lieu de 18) + 2 pour compenser le temps passé en réunions, ainsi que l'alourdissement des tâches dû à la suppression du travail en demi-groupes par exemple.
Interrogations
Au niveau des établissements de l'éducation prioritaire, le syndicat FSU du second degré n'est pas hostile à l'existence de deux cercles, avec des établissements en grande difficulté pour lesquels on aurait les moyens de "changements significatifs" en termes de conditions de travail, de concertation, d'effectifs, et d'autres qui bénéficieraient de quelques moyens supplémentaires.
En ce qui concerne les ESPE, le SNES ne cache pas ses "interrogations" face à la diversité des situations selon les académies. Il regrette que le concours ait été placé en fin de M1, et demande que la première année de master permette à ceux qui ne seront pas reçus "de choisir une autre voie", autrement dit, que la part faite à la formation professionnelle des futurs enseignants soit limitée.
Quant à la réforme des retraites, elle sera très pénalisante pour une profession où l'entrée dans le métier se fait à 27 ans en moyenne, et où les possibilités de rachat de trimestres sera sans intérêt puisque le départ sans décote se fera à 67 ans. "C'est extrêmement dur pour la jeunesse de ce pays."
par P.B. (avec R.G.)