Faut-il éviter les lois pour réformer ? Comment s'exprime l'autorité de l'enseignant ? Echos du colloque de l'IREA
Paru dans Scolaire le vendredi 14 juin 2013.
Mots clés : IREA, Prost, Jacquet-Francillon, Toulemonde
"Toutes les réformes sont possibles sauf les réformes pédagogiques... à moins de créer une administration de mission" a conclu Antoine Prost, historien de l'éducation, lors de son intervention au colloque de l'IREA, institut de recherche du SGEN-CFDT qui se déroulait mercredi 12 juin et dont voici des échos. Se référant à la loi Haby de 1975, il constate que les lois "bavardes" sont souvent moins efficaces que les décrets. "Les lois bavardes sont des proclamations. En faisant une loi pour créer le collège unique, Haby voulait afficher qu'il faisait une réforme. En faisant ça, il a empêché la réforme et a dû déshabiller sa loi. (...) La pédagogie, les projets d’établissements n'ont pas besoin d'une loi. Certaines réformes, comme les ZEP, ont été menées avec des circulaires, les deux circulaires de juillet et décembre 1981." "Le vrai moteur d'une réforme, c’est l’administration. (...) C'est l'administration qui dure, pas les décideurs, surtout depuis 1981."
Lors d'une première table ronde sur l'autorité, François Jacquet-Francillon (sciences de l’éducation, Lille-III) a nuancé "le discours dominant sur la fin de l'autorité, dont on connaît la provenance et les fondements idéologiques", même s'il "ne cherche pas à nier les problèmes que rencontrent les collègues". En revanche, sa redéfinition de l'autorité montre que l'enseignant n'a pas encore perdu toute légitimité. Certes les relations entre adultes et jeunes ont changé, surtout dans la seconde partie du XXe siècle. Mais qu'est ce que recouvre l'exercice de l'autorité ? L'enseignant exerce "son autorité comme savant. Cette autorité là a changé". Il exerce une "autorité en tant que chef, qui prescrit les comportements, les normes, comme la correction de langage, les normes vestimentaires. Mais ces normes, qui s'appuient sur des valeurs morales et des interdits, n’existent plus dans les lycées." Enfin, l'enseignant a une autorité en tant que juge. "Ils sont habilités à prononcer des jugements relatifs aux travail, aux résultats et au destin scolaire des élèves. Ce que l’histoire nous montre, c’est que ces actes ont pris une importance considérable, inversement aux normes. Nous portons moins d’intérêt pour la discipline et davantage pour les actes de jugements dans la pratique pédagogique et d’évaluation." Auparavant, le diplôme n'avait pas une telle emprise sur le destin social des élèves.
Bernard Toulemonde, ancien recteur, regrette le retard de la France par rapport aux autres pays de l'OCDE en termes d'autonomie des établissements, l'objectif étant d'adapter la pédagogie de chaque EPLE auxélèves qu'ils acceuillent.
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