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La réforme des rythmes, victime de l'égoïsme des professionnels de l'éducation ? (G. Fotinos)

Paru dans Scolaire, Périscolaire le mardi 04 juin 2013.
Mots clés : rythmes scolaires, communes, Claire Leconte

"En 2013, l’évolution de la mise en place du changement de l’organisation du temps scolaire au bénéfice des élèves n’est pas à la hauteur de cet enjeu 'cardinal' pour la refondation de  l’école". Georges Fotinos, membre du Comité scientifique de la plate-forme "rythmes de vie de l’enfant", soumet ce 4 juin au Conseil de suivi de la réforme des rythmes scolaires une note en forme de "bilan et alerte". Alors qu'entre 75 % et 80% des élèves devront attendre la rentrée 2014 pour  bénéficier de la réforme, l'ancien responsable de "la Cellule rythmes scolaires" du ministère de  l’Education nationale soutient que l'application du décret souffre "des comportements sociaux et professionnels désormais plus centrés sur les satisfactions individuelles que sur les valeurs collectives du 'vivre ensemble'". 

Il cible notamment les enseignants, pointant leurs "fortes résistances au changement", qu'elles soient justifiées par "l'intérêt des enfants" ou la préservation d'acquis sociaux. Mais il reproche surtout à l'ensemble des acteurs éducatifs leurs réticences à travailler ensemble. Ajoutée au "sentiment d'impréparation" ressentie par l'ensemble des acteurs, la "méfiance réciproque" des enseignants et des animateurs a pu aboutir à la mise en place de "semaines sans prolongement péri-éducatif", alors que l’articulation des activités scolaires et des activités éducatives est "l'un des principes essentiels du changement".

Plus généralement, G. Fotinos regrette que le monde associatif éducatif ait été victime d'une "hiérarchie implicite des acteurs" qui a pu "accentuer le clivage de l’école avec son environnement éducatif local". Pourtant, la co-construction des projets éducatifs est indispensable à leur réussite, principalement en maternelle, où l'articulation entre le temps scolaire et les activités périscolaires a été "le point le plus difficile à mettre en oeuvre". 

Lignes de clivage

Il salue en revanche "la très importante mobilisation des parents d'élèves", qui a été source de débats avec les enseignants, ces deux types d'acteurs défendant chacun un modèle d'organisation des rythmes différent. Les parents défendent un modèle "chronobiologique", qui allonge la pause méridienne, quand les enseignants positionnent pour la plupart "les activités périscolaires en milieu ou en fin d'après-midi".

Au-delà des désaccords entre les acteurs de la communauté éducative, G. Fotinos souligne "les lignes de clivage très nettes" entre les projets, en fonction du profil des acteurs concernés. En particulier, les politiques menées par les IEN et les DASEN, dont le rôle est "déterminant", ont abouti à des situations contrastées dans les projets de mise en oeuvre de la réforme en 2013. Lorsque la priorité est donnée à la gestion, les projets sont "stéréotypés" et identiques pour toutes les écoles d'une même commune. Cherchant à optimiser le coût du transport scolaires et de la formation départementale des personnels, ces projets empêchent toute innovation et tout échange entre l’école et l’éducatif associatif. En revanche, les responsables qui ont "joué le jeu" ont favorisé les innovations locales en créant "une dynamique de circonscription et/ou de département construite sur des missions et des pôles de conseils d’information, de concertation, d’ingénierie éducative".

Ces deux types de profil se retrouvent chez les élus des communes. Certains, "volontaires, actifs, innovants", considèrent l'éducation comme une véritable priorité quand d'autres sont "rétifs au changement et gestionnaires".

Souplesse

Entre ces deux extrêmes, G. Fotinos distingue un troisième type, "adepte du compromis et misant plus sur une politique globale envers la jeunesse". Même si l'expert ne le dit pas, on peut supposer que ce profil est le plus répandu. Selon lui, la "prime" proposée aux communes mettant la réforme en place dès 2013 "n'a pas eu l'effet visé" en raison de la volonté de nombreuses communes de "privilégier la recherche d'un compromis conciliant les intérêts des différents acteurs".

Ces communes devront appliquer le décret en 2014. Pour que cette mise en oeuvre se déroule bien, G. Fotinos identifie deux axes d'amélioration. A la suite de la chronobiologiste Claire Leconte (lire son interview ici), il recommande "d’introduire une plus grande souplesse dans la réglementation actuelle" pour permettre d'articuler adéquatement activités scolaires et périscolaires. Pour rendre cette articulation efficace, il faudrait surtout résoudre un problème qui "se pose avec une très grade acuité" : la formation des animateurs.

Actuellement, note G. Fotinos, les communes ont davantage tendance à recourir à "un recrutement professionnalisant" lorsque leurs projets dégagent des plages de temps périscolaire en fin d'après-midi, plutôt que sur la pause méridienne. Lorsque les activités périscolaires ont lieu le midi, "c’est le plus souvent la situation actuelle de 'garderie' assurée par des étudiants avec ou sans BAFA , et parfois des adultes de bonne volonté ,qui est retenue par les élus locaux".

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