Les microlycées: lutter contre le décrochage en pariant sur le goût pour le savoir (livre)
Paru dans Scolaire le mardi 28 mai 2013.
"On impute trop souvent les difficultés d'apprentissage à des problèmes comportementaux sans comprendre que c'est, la plupart du temps, la souffrance d'élèves qui ne parviennent pas à apprendre qui se mue en attitude de refus scolaire." Partant de ce principe, quatre enseignants d'un lycée de Seine-et-Marne jouent pleinement le jeu de la réforme des années 90 et "mettent en place des groupes de besoins modulaires. Ils ont rapidement envie d'aller plus loin, mais "les portes restent closes". C'est au moment où ils décident d'enterrer le projet que Jack Lang est nommé ministre de l'Education nationale et crée le CNIRS, pour favoriser l'innovation pédagogique. Il faudra encore deux ans pour que le "microlycée de Sénart" soit opérationnel. Depuis, d'autres initiatives analogues ont vu le jour. Deux des principaux acteurs de cette révolution pédagogique si longtemps maintenue dans les marges, aujourd'hui constamment citée comme l'un des outils de lutte contre le décrochage, mais qui peine encore à se développer, racontent cette aventure. Ils montrent surtout "concrètement que la pédagogie de la réussite n'est pas une formule creuse". Ils exposent en effet tous les outils qu'ils ont mis en oeuvre et nous donnent des portraits d'élèves.
A noter que le taux de réussite au baccalauréat est passé de 55 % en 2010 à 81 % en 2012: "il faut plusieurs années avant que les membres d'une équipe éducative fassent réellement équipe", mais c'est "le principal facteur de la réussite des élèves". Ce qui est vrai en général l'est plus particulièrement pour "des jeunes de 16 à 25 ans, en rupture complète avec l'école depuis des mois, voire des années", qui souhaitent reprendre des études, mais qui n'imaginent pas retourner dans leur lycée d'origine, qui d'ailleurs, refuse le plus souvent de les inscrire. "Ce que nous montrent les résultats de la recherche, c'est que l'enseignement standardisé réussit à des élèves que la socialisation non scolaire a préparés à de tels standards", écrit dans son introduction Patrick Rayou qui ne voit pas l'intérêt "d'empiler les dispositifs" et de séparer les élèves. Et les auteurs le précisent, il ne s'agit pas non plus de répondre au décrochage "par l'employabilité et la professionnalisation", mais de parier "sur leurs appétences intellectuelles, leur goût pour le savoir et leur ambition universitaire".
"Les Microlycées. Accueillir les décrocheurs, changer l'école", Nathalie Broux, Eric de Saint-Denis, ESF éditeur et Cahiers pédagogiques, 208 p., 23,35 €