Refondation : V. Peillon cherche à rassurer les sénateurs
Paru dans Scolaire, Périscolaire, Orientation le mercredi 22 mai 2013.
Le Premier ministre devrait faire prochainement des annonces sur les AVS (auxiliaires de vie scolaire) alors que la scolarisation des élèves handicapés suppose d'en recruter "plusieurs milliers". Vincent Peillon a lui-même annoncé "nous allons rétablir l'intégralité des aides administratives aux directeurs d'école". Il intervenait ce 22 mai en clôture de la discussion générale qui précède l'examen des amendements par les sénateurs. Il a approuvé plusieurs des amendements votés en commission à l'initiative du groupe CRC (communiste républicain citoyen), et il a cherché à rassurer pour les autres. Il a également appelé une nouvelle fois la Droite au rassemblement sur l'école, tout en affirmant que la loi d'orientation inaugure une politique qui "tranche radicalement avec ce qui a été fait [ces dernières années]".
Vincent Peillon se dit tout à fait favorable à la nouvelle rédaction de l'article 3, qui reconnaît que "tous les enfants partagent la capacité d’apprendre et de progresser". Il est également soucieux d'affirmer que le socle commun n'est pas un minimum, qu'il doit permettre "d'aller au-delà". En ce qui concerne le pré-recrutement des enseignants, il considère que le dispositif des "emplois d'avenir professeur" ne constitue qu'un "début de réponse" et qu'il faut mettre à l'étude un autre système. De même, il n'est "pas insensible" aux arguments en faveur d'un concours de recrutement placé en L3, il est "ouvert", il pourrait "envisager des évolutions", mais il fait remarquer que placer le concours en M1 était déjà "prendre un risque", alors que les enseignants sont attachés à un recrutement au niveau master, et donc à un concours en M2. Quant aux enseignements disciplinaires, ils ne "seront pas entièrement assurés" par les ESPE, ce qui, sous-entend-il, explique l'amendement gouvernemental qui supprime le verbe "assure"
Orientation, carte des formations professionnelles initiales
Mais le ministre de l'Education nationale n'ignore pas que sur la question de la territorialisation, les sénateurs CRC sont inquiets des amendements gouvernementaux. Il a cherché à les rassurer en garantissant que les personnels d'orientation continueraient de dépendre de l'Etat, tout comme les lieux où ils travaillent et que l'Etat continuerait de donner un "cadrage national", mais qu'il convenait de mieux coordonner la politique de l'Etat et les politiques régionales. Il invite les sénateurs à considérer que ce principe sera mieux défendu dans une loi sur l'éducation que dans une autre loi [de décentralisation].
En ce qui concerne la carte régionale des formations professionnelles initiales, Vincent Peillon affirme qu'il faut éviter que l'une des deux parties, l'Etat et la collectivité, impose à l'autre ses diktats, et qu'il faut rendre "le dialogue obligatoire", mais il s'inscrit en faux contre l'idée que "l'Etat abandonnerait ses responsabilités".
L'apprentissage à 15 ans
S'adressant à la Droite, le ministre de l'Education nationale fait remarquer que 18 amendements UMP et 17 amendements UDI ont été acceptés par la commission, ce qui témoigne de la sincérité de son appel au rassemblement. "Je constate que vous n'êtes pas au rendez-vous !" s'exclame-t-il. Il reconnaît que certaines interrogations sont légitimes, par exemple sur la scolarisation des enfants de deux ans, dont il souligne qu'ils ne peuvent pas être accueillis dans les mêmes conditions que des enfants de 5 ans. Mais Vincent Peillon conteste qu'on doive "forcer les enfants" de grande section à faire ce que leur développement moteur ne leur permet pas avant 6 ou 7 ans. Il récuse donc l'idée, sans le dire explicitement, d'un cycle GS-CP, ou que les moyens dévolus aux moins de 3 ans doivent aller à la dernière classe de maternelle.
Sur le collège unique, le ministre refuse sa mise en cause, la "séparation des enfants", ou l'idée qu'ils auraient "un destin" [tout tracé], mais il précise : "nous n'avons pas supprimé l'apprentissage à 15 ans." C'est le pré-apprentissage, le DIMA qui est supprimé, et "il n'a jamais concerné personne" du fait notamment de la difficulté de trouver des stages pour des jeunes de cet âge.