"Un collégien, un ordinateur portable" dans les Landes : rapport positif, mais avec d'importantes restrictions de l'IGEN
Paru dans Scolaire, Périscolaire le mardi 23 avril 2013.
"Intégrer la dimension d’éducation aux médias et à l’information dans tous les champs disciplinaires". C'est l'une des préconisations de la mission d'inspection générale dont le rapport sur le plan "Un collégien, un ordinateur portable" dans le département des Landes vient d'être publié par le ministère de l'Education nationale. Ce plan est "indéniablement une réussite". Il donne des résultats "qui ne sont atteints dans aucun autre département en France". Les ordinateurs portables sont utilisés en classe, "mais ils servent aussi pour le travail à la maison, les professeurs n’hésitant à prescrire des tâches sur cet outil" et "toutes les disciplines sont concernées".
Lancé en 2001, ce plan concerne aujourd'hui tous les élèves de 4ème et de 3ème. Le Département lui a consacré au total 52 millions d’euros: un peu plus de 8 pour le câblage des collèges, 30 pour les matériels, près de 5 pour les "ressources logicielles", près de 8 pour la logistique et les formations... "L'opération a fait l’objet d’une réelle attention, régulière et partagée [du Conseil général et des instances académiques], lors de la phase de démarrage", mais, sans qu'elle en détaille les causes, l'IGEN constate que l'Education nationale en a, de fait, pendant plusieurs années, laissé le pilotage à la collectivité.
"Le dispositif a connu une évolution majeure (...) lorsque l’interactivité a été rendue possible dans la classe par l’installation progressive de matériels complémentaires", notamment des tableaux blancs interactifs et des "visualiseurs pour projeter des travaux personnels au tableau numérique ou pour pallier l’absence du manuel scolaire numérique ou imprimé". La mission détaille pour chaque discipline comment est utilisée la ressource numérique qui sont faits de l'ordinateur, mais elle constate que si certains enseignants sont passés au "tout numérique", d’autres "n’en font aucun usage".
La vie scolaire et la documentation montrés du doigt
Elle est particulièrement sévère pour la vie scolaire qui est "davantage centrée sur l’interdiction que sur l’éducation" et rapporte que dans une salle d'études, les élèves "doivent s’installer à l’envers et de façon que le surveillant puisse, à tout instant, observer ce qui figure sur l’écran". Pour beaucoup d'équipes, "l‘usage de l’ordinateur est a priori un danger (...) On perçoit bien, ici, que l’éducation à la vie démocratique au sein de l’établissement, basée sur la confiance et inséparable de la notion de responsabilité, ou l’accompagnement d’un(e) adolescent(e) vers la maîtrise de ses propres usages n’ont pas fait l’objet de progrès." Le rapport est de même assez sévère avec certains enseignants documentalistes et constate plus globalement une absence de réflexion sur ce qu’est un ordinateur : un cahier? un livre? ou outil de plaisir "où l’on retrouve la lecture, mais bien sûr les jeux ?"La mission "ne peut que rappeler une évidence : l’ordinateur, c’est tout à la fois".
Elle préconise notamment d' "étendre l’opération aux niveaux sixième et cinquième au moins de manière expérimentale", de "repenser progressivement les espaces scolaires en fonction du numérique", de "renforcer la formation de tous les personnels aux usages pédagogiques", et de voir le numérique "comme une composante à part entière de la vie de l’établissement". Elle s'interroge aussi sur l'intérêt de passer aux tablettes et elle pose la question de la complémentarité entre les manuels papiers et les manuels numériques, qui ne sont d'ailleurs pas toujours les mêmes...
Le rapport est téléchargeable sur le site du ministère, ici.