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Les ESPE doivent donner le "sens de l'orientation" aux enseignants (Cahiers Pédagogiques)

Paru dans Scolaire, Orientation le mardi 16 avril 2013.
Mots clés : ESPE, orientation, enseignants, psychologues, compétences, BAC, enseignement supérieur, Union Européenne, collège unique,

Un dossier sur l'orientation des élèves

"A l'heure où la formation des enseignants est repensée dans le cadre des nouvelles écoles supérieures du professorat et de l'éducation (ESPE), il est indispensable de retrouver un volume de formation consacré à l'orientation." Dans le dernier numéro des Cahiers Pédagogiques consacré à l'orientation des élèves, Yvan Souleliac, président de l'Association nationale des centres d'information et d'orientation (ANDCIO), déplore le manque de formation des enseignants dans un domaine où ils sont appelés à jouer un rôle central.

Parcours de découverte des métiers, accompagnement personnalisé, entretiens d'orientation..., les tâches actuellement confiées aux enseignants dépassent les activités auxquelles l'orientation est souvent réduite, comme la distribution de brochures d'informations. L'enseignant doit recourir à une pédagogoie individualisée pour comprendre le parcours de chaque élève et ne pas se limiter à son projet professionnel. "Ce n'est pas tant le surcroît de travail qui les effraie que la maîtrise des compétences nécessaires", estime Y. Souleniac. 

Malgré les études de la DEPP, cet "outil statistique remarquable qui permet d'avoir une vision plus scientifique de la question de l'orientation", les futurs stagiaires n'ont pas intégré les objectifs nationaux en termes de qualification des jeunes. Pour Y. Souleniac, les futurs enseignants "connaissent ces objectifs mais les vivent comme des slogans", ce qui les rend "victimes de représentations erronnées" et les empêche d'en comprendre les fondements.

La loi d'orientation de 2005 a repris les objectifs fixés en 1989, à savoir mener l'ensemble des jeunes à un niveau de qualification minimum (le brevet professionnel) et 80% d'une génération au baccalauréat, tout en y ajoutant l'ambition d'avoir 50% d'une génération avec un diplôme l'enseignement supérieur. Cet objectif, est conforme aux orientations européennes prévues par le traité de Lisbonne, signé en 2004. En France, il est pourtant "aussi problématique à atteindre pour les élèves, pour les enseignants, que pour les établissements", comme le remarque Bernard Desclaux, ancien directeur d'un centre d'information et d'orientation (CIO), sur son blog.

Des outils dont personne ne connaît l'existence

D'où viennent ces difficultés de fonctionnement ? Selon B. Desclaux, qui est l'auteur d'une "synthèse" des contributions au numéro des Cahiers Pédagogiques, elles résultent de la mauvaise formation des enseignants, mais aussi de la complexité des procédures d'affectation et de la mauvaise synergie des acteurs pédagogiques au sein des établissements.

Yves Souleliac (DR:Orientactuel)

Le diagnostic d'Yves Souleniac est identique. Isolés et confrontés à la complexité d' "admission postbac", la procédure informatisée d'affectation des élèves, les enseignants limitent souvent leur mission à une explication technique sur son fonctionnement, "au détriment de l'essentiel, à savoir ce que les jeunes veulent faire". Si les professeurs peinent à aller au-delà d'un simple rôle "technique", c'est parce qu'ils ont eux-mêmes des difficutés à s'orienter parmi les ressources qui leur sont proposées. "Jamais nous n'avons disposé d'autant d'outils, directement opérationnels, remarquablement conçus et dont personne ne connaît l'existence au sein d'une équipe pédagogique!"

Pour le président de l'ANCIO, les futures ESPE devraient former les stagiaires à l'utilisation de ces outils en les "contextualisant dans une démarche pédagogique". Les futurs enseignants maîtriseraient mieux les rouages des procédures actuelles d'orientation et, ainsi, prendraient conscience "de la distinction entre orientation et affectation".

L'orientation ne peut pas mobiliser les seuls enseignants : elle ne se limite pas à la scolarité des élèves. Pour le président de l'ANDCIO, la formation  des enseignants pourrait être assurée par d'autres acteurs pédagogiques : les conseillers/conseillères d'orientation psychologues et les directrices/directeurs de centres d'information et d'orientation (CIO) interviendraient alors dans les ESPE. Cette formation aborderait la question "dans le contexte européen de la formation tout au long de la vie", tout en rappelant "l'importance que joue l'école dans ce parcours d'orientation".

Le collège unique menacé

Depuis la conférence PETRA de novembre 1994, l'orientation professionnelle est envisagée au niveau européen comme "un processus continu d'appui aux personnes tout au long de leur vie, pour qu'elles élaborent et mettent en oeuvre leur projet personnel et professionnel".

Bernard Desclaux

"Il faut prendre au sérieux la notion de parcours, pour sortir des chemins prédestinés par les pesanteurs sociales, ou des perspectives simplistes et fallacieuses de l'ascenseur social", confirme Patrice Bride dans l'éditorial des Cahiers Pédagogiques. 

Or, malgré l'institution du "Service Public de l'Orientation tout au long de la vie" en 2009, la conception française de l'orientation priviligégie le "projet professionnel" des élèves au détriment de leur parcours global. Pour B. Desclaux, c'est le seul moyen qu'ont trouvé les enseignants pour résoudre le "paradoxe pragmatique" auquel ils sont confrontés. Ils ont la mission de faire acquérir à tous les élèves de collège les compétences du socle commun, tout en déterminant leur "orientation" en fonction de leurs résultats. En clair, ils doivent à la fois permettre à tous les élèves d'atteindre le même objectif et les distinguer d'après leurs aptitudes.

"Lorsqu'on est pris devant un tel paradoxe, soit on devient fou, soit on opte pour l'une des branches de l'alternative", explique B. Desclaux, pour qui les enseignants ont jusqu'à présent choisi de privililégier les questions d'orientation sélective et d'affectation. Ce choix aurait eu "de lourdes conséquences sur le collège unique" et, ainsi, empêché certains élèves d'acquérir les compétences dont ils auraient eu besoin pour se former tout au long de leur vie.

"Actuellement, il y a une incompatibilité entre nos procédures d'orientation et l'objectif de l'éducation à l'orientation en tant qu'acquisisiton de capacités et de compétences à s'orienter dans le futur", résume B. Desclaux.

Le numéro des Cahiers pédagogiques consacré au "sens de l'orientation" est disponible ici.

Le site "Orientactuel" fait une veille d'informations complète sur la question de l'orientation, ici.

Le blog de Bernard Desclaux, ici.

Raphaël Groulez

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