Rythmes scolaires : les inquiétudes s'expriment au congrès des maires d'Ile-deFrance (AMIF)
Paru dans Scolaire, Périscolaire le vendredi 12 avril 2013.
Mots clés : Rythmes, AMIF, Hazan, Marty, Sihr, Capillon, Martin, Wauquier, Fernagu
"L'embauche d'animateurs va nous coûter 250 000 euros par an", calcule Claude Capillon, maire de Rosny-sous-Bois, qui adoptera la réforme des rythmes scolaires en 2014. "On ne peut pas lancer une loi à la hussarde. Nous avons déjà voté le budget pour 2013 et il reste encore beaucoup de choses à mettre en place, par exemple l'aménagement des transports, pour mettre en place la réforme" explique-t-il au congrès de l'association des maires d'Ile-de-France (AMIF) qui s'est déroulé mercredi 10 mars au Parc floral. Il s'inquiète de la perspective "d'une école à deux vitesse, avec des communes qui pourront proposer des activités culturelles et sportives tandis que d'autres feront de la garderie." Et il s'interroge : "faut-il faire payer les familles?"
La présidente de la PEEP (parents d'élèves), Valérie Marty, s'y refuse, rappelant que certaines familles vont déjà voir leurs allocations réduites ou supprimées prochainement. Le maire de Nogent-sur-Marne, Jacques JP Martin, vice-président de l'AMIF évalue pour sa ville le coût de la réforme à "160 000 euros pour les maternelles, 180 000 euros pour les écoles élémentaires. Sachant qu'une augmentation de 1% de la taxe locale équivaut à 190 000 euros." Et ce, "juste au moment où l'Etat se désengage sur les dotations de fonctionnement pour les collectivités locales". Il suggère que l'Etat prenne sa part dans la dépense en recréant les RASED (soutien scolaire) qui n'existent plus.
De son côté, Arnaud Wauquier, vice-président de l'ANDEV (directeurs de l'éducation des villes) dit se réjouir de cette réforme "même si elle se fait dans un contexte difficile". Il ajoute : "Notre réflexion nous a amenés à poser trois axes de travail importants : la reconnaissance des différents partenaires éducatifs et de leurs contraintes, un projet éducatif qui repose sur un diagnostic territorial partagé, la formation des ESPE permettant une meilleure connaissance des acteurs." En revanche, il s'inquiète de la frilosité des CAF à s'engager dans le financement et l'accompagnement des communes.
Pour Jean-Jacques Hazan, président de la FCPE (parents d'élèves), qui plaide en faveur de la réforme, "il faut s'appuyer sur ce qu'ont fait les 650 écoles en France qui ont déjà adopté la réforme". Pour lui, " 'est d'abord le projet d'une école plus égalitaire qui prend en compte les enfants et leurs capacités de concentration. Car les enfants, on ne les changera pas. Au bout de 5h de cours, ils décrochent." Il donne l'exemple du Danemark, où les enfants ont 4h45 de classe par jour sur 200 jours minimum par an: "les enseignants sont payés en conséquence."
Cependant, tous les parents ne sont pas favorables à la réforme. La présidente de la PEEP explique pourquoi : "50% des parents ne sont pas convaincus". S'ils sont évidemment d'accord pour améliorer le bien-être de leurs enfants, "ils s'interrogent sur les activités qui seront proposées à leurs enfants. Seront-elles payantes? obligatoires ou pas? Seront-ils obliger d'aller chercher leurs enfants à 15h30 au lieu de 16h30?" Pour Valérie Marty, "il faut que la concertation autour du projet local réunisse tous les acteurs."
Du côté des professeurs des écoles, "il n'y a pas de résistance spontanée" défend Sébastien Sihr, secrétaire général du SNUIPP (le syndicat FSU du premier degré). "Les enseignants ont fait la preuve de leur adaptabilité et de leur volontarisme, par exemple avec l'inclusion des enfants handicapés. On parle ici de leurs conditions de vie personnelles et professionnelles. Il faut en outre tenir compte du l'état moral dégradé des enseignants au moment du lancement de cette réforme." Et de rappeler les propos tenus par l'ancien ministre Xavier Darcos sur des bac+5 payés pour changer des couches et faire faire la sieste. Mais aussi la polémique sur les méthodes de lecture, les suppressions de postes, le nombre d'élèves par classe et les conditions salariales des professeurs des écoles. "Certains enseignants ont des enfants en bas âge et habitent loin de l'école où ils travaillent."
Sébastien Sihr considère qu' "il faut des garanties financières aux communes et pérenniser le financement de la réforme, le décret nécessite des aménagements." Il approuve l'idée évoquée de faire tourner les équipes d'animateurs sur une journée dans les différentes écoles d'une commune. "Mais alors les autres jours, on n'est plus à 5h30 de cours". Xavier Fernagu, président de la commission Education du CESER (Conseil économique et social régional), rappelle que "les capacités de concentration ne sont pas les mêmes chez un enfant de 6 ans ou de 11 ans." Une donnée de plus à prendre en compte dans l'élaboration des rythmes ?