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Les systèmes de notation sont actuellement inéquitables (PISA)

Paru dans Scolaire, Orientation le mardi 19 mars 2013.

"Les enseignants tendent à attribuer de meilleures notes aux filles et aux élèves issus d’un milieu socio-économique favorisé, et ce même si ces deux groupes d’élèves ne font pas preuve de meilleures attitudes ou performances que les garçons et les élèves issus d’un milieu socio-économique défavorisé". Selon la dernière note de synthèse PISA, les systèmes éducatifs de l'OCDE n'évaluent pas leurs élèves équitablement. L'organisation internationale regrette que les notes se fondent souvent sur d’autres critères que la validation de connaissances et compétences.

Les enseignants auraient tendance à favoriser les élèves dotés d'un capital socio-économique important, reproduisant ainsi les inégalités sociales "de manière durable". Ces biais d'évaluation empêchent certains élèves d'accéder à de hauts diplômes en les poussant à revoir leurs aspirations à la baisse.

Evaluations qualitatives

En septembre dernier, le sociologue Pierre Merle avait observé le même phénomène (lire ToutEduc ici). Partant du fait que "des erreurs systématiques de notation liées au contexte scolaire et aux caractéristiques des élèves ont été révélées avec constance", l'auteur de Notes, secrets d'une fabrication (PUF, 2007) militait pour la suppression des notes à l'école primaire.

L'étude PISA ne va pas jusque là. Elle souligne l'importance des notes pour "évaluer les progrès des élèves dans l'acquisition de connaissances", mais aussi de "comportements jugés nécessaires à l'apprentissage tout au long de la vie", comme "la lecture par plaisir". Les auteurs de l'étude reconnaissent en revanche le caractère désincitatif des notes médiocres, susceptibles de "décourager un élève de poursuivre ses efforts". Pour éviter que les évaluations deviennent contre-productives, les enseignants sont invités à ne pas seulement utiliser des évaluations chiffrées. "Tous les exercices d’évaluation ne doivent pas nécessairement être rendus aux élèves accompagnés d’une note. Dans certains contextes, il est préférable d’avoir recours à des évaluations qualitatives personnalisées sans note chiffrée", explique l'étude.

La notation, elle, serait d'autant plus efficace qu'elle s'appuierait sur une échelle restreinte. De manière contre-intuitive, PISA souligne que plus l'échelle d'un système de notation est restreinte, mieux elle permet de mesurer la performance relative des élèves. Dans les pays qui disposent d’un système de notation "fondé sur des catégories claires de niveaux d’acquis (par exemple, « satisfaisant », « bien », « très bien » ou « excellent »)", comme en Autriche, en Hongrie, en Pologne et en Serbie, les notes des élèves ne se concentrent pas autant autour de la moyenne que dans les pays où l'échelle d'évaluation est plus large (notamment l'Italie, Singapour et le Portugal).

L'étude ne mentionne pas la France, qui dispose d'un système de notes particulièrement étalé. Selon Pierre Merle, la notation sur 20 points "contribuerait à enfermer les élèves dans une spirale négative" en cherchant avant tout à "différencier les élèves, voire les classer". Pourtant, si l'on se réfère aux conclusions de PISA, une telle échelle d'évaluation serait précisément moins efficace pour classer les élèves.

Constante macabre ?

Si elle tend à favoriser les systèmes de notation qui permettent aux élèves de mieux se situer les uns par rapport aux autres, l'étude PISA ne promeut pas pour autant la compétition scolaire. Au contraire, elle indique que "les notes ne doivent pas se baser sur une courbe, susceptible de créer une concurrence malsaine et de réduire la motivation".

Même si elle ne mentionne pas l'existence d'une "constante macabre", l'étude reconnaît indirectement l'existence de ce phénomène qui veut que, quel que soit le niveau de la classe, un certain nombre d'élèves aient des mauvaises notes. En France, le "mouvement contre la constante macabre" s'est illustré en fin d'année dernière en lançant un appel relayé par la plupart des syndicats de l'enseignement, des associations complémentaires et des conseils généraux (lire ToutEduc ici). 

NB (actualisé le 19/03). Parmi les amendements au projet de loi de Refondation de l'Ecole adoptés par l'Assemblée Nationale, figure celui de Marie-Françoise Bechtel (apparentée SRC), selon lequel "en tout état de cause, l’évaluation doit permettre de mesurer le degré d’acquisition des connaissances et des compétences". La députée a présenté cet amendement en affirmant qu'on ne pouvait "imaginer un système scolaire dans lequel on ne noterait plus les élèves" (lire ToutEduc ici).

 

Raphaël Groulez

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