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Colloque OCDE : "la formation traditionnelle des enseignants n'a aucun effet sur la réussite des élèves" (Romuald Normand, IFE)

Paru dans Scolaire le lundi 18 mars 2013.

L'information des enseignants sur les derniers résultats de la recherche est un élément essentiel de la modernisation de leur formation. C'est du moins ce qu'affirment les chercheurs présents au colloque qui se déroulait ce matin 18 mars à l'OCDE "Enseigner, un métier qui s’apprend".

En tant que grand témoin du colloque, Nathalie Mons (université Cergy-Pontoise) retient des interventions consacrées à la formation initiale "l’importance de la composante recherche", de la co-construction "avec l'ensemble des acteurs de l'objectif pédagogique et de l'exigence de la formation dans le recrutement". La difficulté que rencontre aujourd'hui la France pour recruter des enseignants ne doit pas l'amener à baisser ses exigences de formation. Au contraire, "c’est en étant élitiste qu’on donne de la légitimité à la profession et qu’on attire les jeunes". Enfin, l'ancienne membre du comité de pilotage de la concertation sur la refondation de l'Ecole, souligne que la formation professionnelle doit être un "continuum" et qu'il ne faut pas séparer formation initiale et continue.

Cette dernière doit être dispensée par des "experts extérieurs pour créer de nouveaux savoirs professionnels que les enseignants peuvent ensuite réinvestir dans leurs pratiques pédagogiques" ajoute Romuald Normand (IFE). "L’efficacité de cette approche est confirmée dans de nombreuses revues et elle est l’un des facteurs de réussite des élèves. Aujourd’hui, "les stagiaires assistent à une série de conférences linéaires, suivies d’ateliers. Ces dispositifs traditionnels leur paraissent moins intéressants depuis qu’internet et les réseaux sociaux leur offrent l'accès à d’autres ressources. En outre, il est démontré que cette formation traditionnelle n’a pas d’effet sur la réussite scolaire des élèves."

Réflexion collective

"La formation continue doit être le résultat d’une réflexion collective des professeurs et répondre à leurs questionnements et aux problèmes qu’ils rencontrent dans une unité éducative." Pour être efficace, elle doit se construire aussi au niveau des établissements scolaires "avec une démarche d’auto-évaluation, des dispositifs de collecte et de mutualisation des données pour élaborer une nouvelle culture professionnelle et l’organisation d’échanges sur les savoirs professionnels entre plusieurs établissements pour mutualiser les résultats et coordonner des projets communs."

Claude Lessard, président du conseil supérieur de l’éducation au Québec, illustre ce propos avec les trois voies de la formation continue au Québec.

La troisième voie, émergeante, est celle de "l'organisation entrainante". Il s'agit en réalité d'expérimentations marginales qui connaissent une certaine réisstance de la part des syndicats d'enseignants, qui y voient de nouvelles tâches et de nouvelles responsabilités. Cependant, Claude Lessard défend ce modèle qui implique l'existence d'"un collectif de travail qui s'autorégule, qui réflechit et répond aux problèmes qu'il rencontre" via la formation. Elle implique "une volonté de transformation sous l'impulsion du chef d'établissement pour créer du débat et des projets."

La voie "institutionnelle", lorsque l'Etat impose ses prescriptions en la matière, reste utile notamment lors de changements dans les programmes ou de la promulgation d'une loi. La voie individuelle où l'enseignant choisit seul ses modules parmi une offre privée, qui s'est beaucoup développée dans les années 1980, a l'avantage d'investir l'enseignant dans sa formation.

Claude Lessard dresse enfin la liste des conditions de réussite de la modernisation de la formation des enseignants. Cela commence avec la formation initiale qui doit proposer un "équilibre entre le savoir et les savoirs-faire" et "permettre à l’enseignant de garder une distance socio-affective par rapport à sa pratique et de pouvoir en rendre compte." Autres conditions : "une vision commune entre le référentiel de compétences et la réalité vécue", la stabilité des équipes, l'existence de lieux et de temps d'échanges, la collaboration des syndicats, la co-construction du plan de formation qui doit s’adapter avec souplesse en fonction des aléas, et enfin la crédibilité des formateurs, qui a chuté au Québec avec l'explosion de l'offre privée qui propose "tout et n'importe quoi".

Le programme du colloque de l'OCDE "Enseigner, un métier qui s’apprend, perspectives internationales sur la professionnalisation de la formation des enseignants" ici

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