Archives » Actualité

ToutEduc met à la disposition de tous les internautes certains articles récents, les tribunes, et tous les articles publiés depuis plus d'un an...

Formation des enseignants et ESPE : échos des débats à l'Assemblée nationale

Paru dans Scolaire le vendredi 15 mars 2013.

La formation des enseignants et la constitution des ESPE (Ecoles supérieures du professorat et de l'éducation) a fait l'objet, hier 14 mars, d'un débat à l'assemblée nationale à l'occasion de l'examen de plusieurs amendements à l'article premier (le rapport annexé) du projet de loi d'orientation et de programmation pour la refondation de l'Ecole de la République. En voici des extraits significatifs.

Marie-Françoise Bechtel (apparentée socialiste) s'inquiète du "bon équilibre entre formations professionnelle et disciplinaire", et ajoute que "l’on ne transmet bien que ce que l’on maîtrise le mieux possible".  Le ministre de l'Education nationale estime qu'elle soulève "un sujet essentiel et très ancien". "Penser qu’être extrêmement bon dans sa discipline vous assure une compétence professionnelle en est un, qui a causé beaucoup de souffrances chez de jeunes enseignants. L’inverse – faire croire que l’on peut enseigner sans maîtriser son domaine disciplinaire – est tout aussi excessif (...) Je voudrais vous assurer de ma totale détermination personnelle à veiller, concours après concours, à cette double exigence : l’excellence disciplinaire qui fonde l’autorité des professeurs et la reconnaissance de leurs compétences ; une entrée progressive et professionnalisante dans le métier qui donne aussi du sens à la reconnaissance et à l’autorité des professeurs."

Annie Genevard (UMP) voudrait "que l’appréciation des qualités professionnelles soit accompagnée de l’évaluation de l’aptitude personnelle à remplir une fonction d’enseignement". Pour elle, "certaines personnes, en dépit d’un apprentissage sérieux, ne deviendront jamais de bons enseignants". Yves Durand, le rapporteur (SRC) estime au contraire "que ce sont évidemment les qualités professionnelles qui sont essentielles" et que cet amendement serait "la porte ouverte à n’importe quoi". Marie-George Buffet (Gauche démocrate et républicaine) estime que c'est à la formation professionnelle des enseignants "de faire en sorte que ces hommes et ces femmes soient en capacité de faire œuvre pédagogique et de transmettre les connaissances acquises grâce à leurs diplômes universitaires. Aller plus loin serait nier le diplôme et ouvrir la porte à toutes les dérives sur des considérations personnelles dont je ne vois pas très bien le contour." Pour Thierry Braillard (radical), cet amendement introduirait "une subjectivité totale dans une appréciation qui doit être objective".

Patrick Hetzel (UMP) voudrait que les présidents d'université aient à se prononcer sur la nomination des directeurs des ESPE, alors qu'il est prévu qu'ils soient nommés conjointement par les ministres de l’éducation nationale et de l’enseignement supérieur : "Qu’un président d’université ait dans son périmètre une école dont le directeur a été nommé par deux ministres sans qu’il ait eu le moins du monde à se prononcer, c’est une rupture fondamentale avec les traditions universitaires, et cela montre d’ailleurs une méconnaissance du fonctionnement universitaire." Frédéric Reiss (UMP) précise : "Nous ne demandons pas que le président de l’université participe à la nomination du directeur, mais qu’il puisse donner son avis."

Yves Durand, qui émet un avis défavorable, estime "que le directeur de l’ESPE remplit une mission d’État et qu’il est tout à fait normal qu’il soit nommé par ses deux ministres de tutelle" et il rappelle que les ESPE "pourront être une composante de plusieurs universités à la fois". Que se passerait-il si leurs présidents ne sont pas d'accord ? Vincent Peillon ajoute que "le ministère employeur a tout de même quelque droit à superviser et à piloter" la formation. 

Benoist Apparu (UMP) lui répond qu'en plaçant ces ESPE "au sein des universités, mais en leur donnant de fait toute l’indépendance des anciennes facultés", le Gouvernement va susciter "des demandes reconventionnelles d’autres entités des universités, les IUT par exemple" et donc affaiblir "le pouvoir universitaire". Patrick Hetzel (UMP) évoque des écoles "à côté" des universités, dont le directeur "pourra engager un bras de fer avec le, ou éventuellement les présidents d’université".

Paul Molac (écologiste) est au contraire "favorable à une certaine autonomie de ces écoles" : "La culture de l’université en France n’est pas forcément une culture professionnelle, ni professionnalisante (...) Si l’on veut que les enseignants soient bien formés sur le plan pédagogique, il faut que ce soit un objectif prioritaire pour ces écoles, qui ont donc besoin de cette indépendance."

Pour le ministre de l'Education nationale, "ces écoles supérieures sont en train de se construire, avec l’implication des recteurs mais aussi en associant les présidents d’université dans une logique extrêmement coopérative. Certes, il y a deux ou trois problèmes, liés à des concurrences entre universités qui préexistaient à ce projet. Cela ne simplifie pas la mise en place des écoles supérieures, mais, dans l’ensemble, les choses se passent très bien, dans la coopération."

Il ajoute que "les ESPE devront s’améliorer au fil du temps" et que "nous aurons (...) à procéder à des ajustements (...). Il sera effectivement difficile d’ajuster la qualification professionnelle de l’enseignant – avec tutorat, stage et présence sur le terrain – et, en même temps, la qualité disciplinaire, la recherche en éducation et la présence aux ESPE."

La veille, Vincent Peillon avait évoqué le recrutement des enseignants et il avait évoqué les exemples étrangers : "En Allemagne, c’est deux ans de formation après un bac +3. Nos amis finlandais font la même chose. Marie-George Buffet et les Verts souhaiteraient que nous les imitions. Je pense qu’ils ont raison mais nous n’avions pas les moyens financiers de le faire dès à présent".

Le compte-rendu de la séance du 14 mars ici.

« Retour


Vous ne connaissez pas ToutEduc ?

Utilisez notre abonnement découverte gratuit et accédez durant 1 mois à toute l'information des professionnels de l'éducation.

Abonnement d'Essai Gratuit →


* Cette offre est sans engagement pour la suite.

S'abonner à ToutEduc

Abonnez-vous pour accéder à l'intégralité des articles et recevoir : La Lettre ToutEduc

Nos formules d'abonnement →