Comment évaluer les enseignants ? L'OCDE prépare le 3ème sommet sur la profession enseignante
Paru dans Scolaire le vendredi 08 mars 2013.
Les simples mots "évaluation des enseignants" provoquent, dans un certain nombre de pays, des réactions immédiates et passionnées, constate l'OCDE qui prépare le 3ème sommet international sur la profession enseignante qui se déroulera à Amsterdam les 13 et 14 mars, avant un colloque à Paris le 18 (voir ToutEduc ici). L'organisation internationale publie un pré-rapport sur l'évaluation avec des exemples de pays qui ont réussi à réformer leur système.
Elle constate qu'en dépit des interrogations que suscite l'évaluation, qui évalue ? sur quels critères? pour quoi faire?, on commence à penser qu'elle est un outil pour l'amélioration de la qualité des enseignements et des résultats des élèves, pour l'organisation de leur formation continue, pour la gestion des carrières, ce qui peut d'ailleurs contribuer à l'attractivité du métier. L'évaluation permet aussi aux responsables d'être davantage attentifs aux talents des uns et des autres, et de leur confier des responsabilités. "Teachers for the 21st Century" constate aussi que les modalités d'évaluation varient considérablement selon les pays, des systèmes les plus pointus à l'informel, et que, le plus souvent, les enseignants sont satisfaits de leur évaluation. Mais d'autres n'ont jamais été évalués, n'ont jamais eu de retour sur leur pratique, ni de la part de leurs collègues ni de la part de leurs supérieurs. Et il est très difficile d'introduire des systèmes d'évaluation sans susciter la défiance des personnels. Il n'en est pas moins nécessaire, estime l'OCDE, de concilier la demande sociale d'une élévation du niveau, l'amélioration des pratiques via la formation continue et la reconnaissance des talents.
Le rapport, d'une centaine de pages (en anglais) propose notamment des "encadrés" qui témoignent de la diversité des pratiques. C'est ainsi que, dans de nombreux pays, les jeunes diplômés doivent faire leurs preuves durant leur première année d'enseignement, mais qu'à Boston ou Chicago, ils ont trois ou quatre ans pour voir confirmée leur qualification. D'ailleurs, aux Etats-Unis, le "National Board for Professional Teaching Standards" a développé un système de "portfolio" qui permet aux enseignants de présenter leur travail, et plusieurs pays se sont intéressés à ce modèle. L'Ecosse pour sa part a lancé une vaste réforme pour développer la formation continue de ses enseignants. En Finlande comme en Suède n'existent pas de procédures nationales, et ce sont les chefs d'établissement qui donnent aux enseignants un retour d'expérience. En Ontario au contraire, le ministre détermine les items du "Teacher Performance Appraisal". Au Chili, un guide recense 21 critères de qualité. En Italie, où n'existe aucun système d'évaluation, et où personne n'a autorité sur les enseignants, une expérimentation a été lancée dans des établissements volontaires pour des enseignants volontaires où toutes les parties prenantes ont leur mot à dire, y compris les élèves et les parents. En Chine, les syndicats interviennent dans les évaluations...
Le rapport est téléchargeable sur le site de l'OCDE, ici