Les médecins scolaires attendent du ministère la définition de priorités (SNMSU-UNSA)
Paru dans Scolaire, Périscolaire le jeudi 21 février 2013.
Quelle place fait à la santé le projet de loi d'orientation et de programmation pour la refondation de l’école? On compte parfois un médecin pour 15 à 20 000 élèves. Récemment, une association de parents d’élèves a organisé en Seine-Saint-Denis les visites médicales qui sont prévues dans le cadre de la scolarité, selon le SNMSU, syndicat UNSA des médecins scolaires. Corinne Vaillant, sa secrétaire générale, répond aux questions de ToutEduc.
ToutEduc : Un décret de revalorisation de la profession a été publié en juillet 2012. Peut-on en mesurer l’impact aujourd’hui?
Corinne Vaillant : La nouvelle grille n’est effective que depuis le mois de janvier. Elle se traduit par un débloquage des carrières. La revalorisation des salaires concerne les médecins qui entrent dans la carrière. Malheureusement, le ministère n’a pas assez communiqué autour de cette revalorisation. D’autres priorités, comme les rythmes scolaires, ont pris le pas sur cette réforme.
ToutEduc : Quelles sont vos attentes ?
Corinne Vaillant : Notre système date de l’après-guerre. Nous devons réorganiser la médecine scolaire et définir précisément ses missions. Il faut à la fois recruter et attirer les jeunes vers la profession, recentrer les missions des médecins et définir de grands axes prioritaires.
Nous avons demandé au ministère de l’Education nationale de travailler là-dessus. Il nous a répondu qu’il souhaite engager une approche globale de politique de santé de l’enfant, et non pas par mission. C’est-à-dire en prenant en compte l’ensemble des besoins des élèves, différents selon les zones géographiques et les populations. C’est plutôt positif.
ToutEduc : Quels sont selon vous les axes prioritaires ?
Corinne Vaillant : Beaucoup d’élus sont encore attachés au "tout systématique". Nous considérons comme prioritaires les enfants en difficulté, c’est-à-dire en situation de handicap, ceux qui nécessitent un protocole d’accueil individualisé (PAI), en souffrance psychique, ou encore ceux qui n’ont pas accès aux soins parce qu’ils sont dans des zones de désert médical. Aujourd’hui, nous avons un catalogue de missions et c’est au médecin de définir les priorités au coup par coup. Nous pensons qu’il faut substituer au "tout systématique", un ciblage des élèves en difficultés.
Les médecins sont parfois sollicités pour des missions qu’ils pourraient déléguer à d’autres acteurs de la santé scolaire. Ils souvent souvent très pris par des tâches administratives qui pourraient être effectuées par une secrétaire, par exemple tout le travail de mise en œuvre d’un PAI. Il faut que toute la communauté éducative s’engage dans un projet de promotion d’éducation à la santé.
ToutEduc : Que pensez-vous de "la convention interministérielle pour l’égalité entre les filles et les garçons, les femmes et les hommes dans le système éducatif" qui vient d'être signée?
Corinne Vaillant : Je trouve tout à fait intéressant que cette convention prenne en compte l’intergénérationnel et qu’elle développe un volet formation. La loi de 2001 et la circulaire de 2003 proposent déjà des dispositifs d’éducation à la sexualité qui promeuvent l’égalité entre les sexes, le respect des autres et luttent contre les stéréotypes, notamment en termes d’orientation.
ToutEduc : L’éducation à la sexualité, à quoi ça sert ?
Corinne Vaillant : Dès le plus jeune âge, les enfants se posent des questions sur les différences, notamment entre les sexe. Et c’est bien de pouvoir leur répondre de façon théorisée et dans le respect de tous. C’est aussi l’occasion de parler d’estime de soi, de relation à l’autre. C’est pourquoi on la rapproche de l’éducation à la citoyenneté. Au primaire, on est confronté aux jeux de récréations, où les garçons doivent apprendre à respecter les filles. Au collège, on aborde alors les questions liées à la puberté, à la sexualité.
ToutEduc : Quels sont les freins à l’application de la loi de 2001 et de la circulaire de 2003 ?
Corinne Vaillant : Il n’existe pas d’état des lieux précis de l’application de ces textes. Pour que des projets d’éducation à la sexualité voient le jour, il faut le soutien du chef d’établissement, la présence des professionnels de santé et la motivation des enseignants, qui font ce travail sur leur temps de cours, le plus souvent en dehors, et bénévolement.
ToutEduc : Peut-on en mesurer l’impact ?
Corinne Vaillant : Très souvent on remarque que ces projets améliorent le climat scolaire de l’établissement. La thématique du respect de l’autre, entendre leurs professeurs parler de choses de la vie, qui les concernent directement, changent le regard des élèves et leurs relations avec leurs enseignants. Et aussi entre eux.
Propos recueillis par Judith Veil