Pédagogie : quelle place pour les projets dans l'Ecole française et ailleurs ? (Dossier d'actualité de l'IFE)
Paru dans Scolaire le lundi 18 février 2013.
Le système éducatif français "parle en projets" depuis une trentaine d'années, mais la pédagogie du projet n'est réellement implantée que "dans certaines filières proches du monde professionnel". Le dernier "dossier d'actualité" de l'IFE (Institut français de l'éducation) porte sur cette forme de pédagogie, à ne pas confondre, prévient aussitôt l'auteure, Catherine Reverdy, avec "l'apprentissage par résolution de problèmes". D'ailleurs, le projet aborde des notions complexes, articulées les unes aux autres, "alors que l'enseignement par objectifs découpe les savoirs".
Cette notion de projet recouvre toutefois un champ très vaste, et des réalités bien différentes, selon qu'on parle de "projets d'établissement", de "projets d'action éducative", de "projets personnels des élèves"... Venue notamment des Etats-Unis, avec Dewey et Kilpatrick, et avec l'Education nouvelle portée en Europe par Freinet, Montessori, Decroly, Makarenko, cette approche "favorise une approche interdisciplinaire centrée sur l'intérêt des apprenants", et, comme l'écrit un chercheur québécois, Jeaen Proulx, elle est "idéologique avant d'être (...) une formule pédagogique", puisqu'elle prend "l'apprenant comme chef de file de sa formation et l'enseignant comme sa vigie".
S'il semble bien que cette pédagogie a plutôt de bons résultats en termes d'amélioration des acquis cognitifs et à coup sûr en termes de motivation, elle se heurte à des difficultés concrètes d'application. Si l'élève est "responsable de son projet", les enseignants doivent "pouvoir apporter leur soutien à tous les groupes à la fois, quel que soit leur avancée dans le projet". Peuvent-ils de plus renoncer à "contrôler et diriger l'apprentissage de leurs élèves pour être sûrs qu'ils ont bien compris" ? En outre, le temps consacré au projet "leur paraît souvent trop long par rapport au temps habituellement consacré à une notion", surtout lorsqu'ils ont un programme à boucler.
L'auteure revient sur l'histoire de cette pédagogie en France, avec la mise en place des "10 % pédagogiques" dans les années 70, des PPCP dans les lycées professionnels et des TPE, généralisés en terminale en 2001 avec une épreuve facultative au baccalauréat, puis supprimés en 2006...
"Des projets pour mieux apprendre ?" Dossier d'actualité n° 82, téléchargeable sur le site de l'IFE, ici.