Accompagnement personnalisé, socle commun, climat scolaire : un rapport sur les innovations de ces dernières années au collège et au lycée.
Paru dans Scolaire, Orientation le jeudi 07 février 2013.
"L’orientation reste le parent désespérément pauvre du dispositif [d'accompagnement personnalisé] alors que les enjeux de l’orientation en termes de réussite scolaire sont majeurs" constate un rapport de l'inspection générale publié sur le site du ministère de l'Education nationale. Synthèse de rapports académiques sur la vie scolaire, il constate que "le temps consacré par les enseignants à cet aspect de l’accompagnement personnalisé est très inférieur aux recommandations officielles".
L'accompagnement personnalisé, premier thème du rapport de Claude Bisson-Vaivre, connait encore trop peu de réalisations au collège, où il a été officiellement introduit en sixième, du fait des "délais internes nécessaires à la mise en œuvre de ce nouveau dispositif" et "d’un manque d’appropriation des objectifs visés". D'ailleurs, "l’analyse des emplois du temps [dans ces classes] fait apparaître des créneaux horaires aux appellations très diverses : aide au travail personnel, français, anglais, soutien, groupes de besoin, aide individualisée, études encadrées ou dirigées voire même ... accueil." Le rapport souligne le risque de voir le dispositif se transformer en soutien, voire "en extension de cours", d'autant que "de nombreux dispositifs d’aide et d’accompagnement sont mis en place au collège, mais que leur mise en cohérence autour d’un projet personnalisé de l’élève est encore insuffisante". L'inspection générale plaide pour "un travail de clarification de l’ensemble de ces dispositifs".
Au lycée, "une tendance se dégage nettement cette année" à la simplication d' "une organisation chronophage perçue comme inefficace tant par les enseignants que par les élèves". Si, en seconde, les activités proposées aux élèves restent transdisciplinaures, ce n'est pas le cas en première, où "l’accompagnement personnalisé s’est souvent centré sur le français et les mathématiques". Conclusion, "il faut continuer à conquérir cet espace de liberté à grands renforts d’imagination pédagogique". Il faudrait aussi exploiter les possibilités qu'ouvrent "deux autres modalités de mise en œuvre de la personnalisation des parcours sont offertes aux élèves : le tutorat et les stages passerelles", qui ne suscitent qu'un "intérêt très limité".
Le rapport s'intéresse aussi au LPC, ou "livret personnel de compétences" et à la "transformation en profondeur" que le socle commun produit au collège : "la réflexion pédagogique s’est considérablement enrichie et (...) les acteurs ont pris la mesure des enjeux liés à l’émergence de l’école du socle", les problèmes techniques ayant été "résolus progressivement". Mais le consensus obtenu ne reste-t-il pas "minimal" ? Beaucoup de principaux ne se sont-ils pas "contentés de répartir (...) les compétences entre les disciplines", en contradiction avec l’esprit du socle ?
A propos de l'orientation, et outre les observations sur le peu de place qu'elle trouve dans l'accompagnement personnalisé, le rapport s'interroge sur "l’évolution de la pratique consistant à faire porter sur le corps professoral la responsabilité des choix" proposés aux élèves, alors que "sa connaissance de l’offre éducative est souvent circonscrite à la spécialité disciplinaire de chacun", même si les outils mis à sa disposition peuvent l'aider. L'ONISEP est "souvent cité pour la richesse, la fonctionnalité et l’ergonomie nouvelle de son site".
Continuant de balayer divers aspects de la vie scolaire, le rapport s'intéresse aux "pratiques documentaires" sur lesquelles l'enseignement de l'histoire de l'art a eu une "forte incidence". Mais l'implication des documentalistes est "contrastée", variable selon les dispositifs, "l’approche usagers (...) fait défaut" et "en matière d’éducation à l’information, les progrès semblent bien lents".
Le "climat scolaire","en dépit des nombreux efforts réalisés en ce sens depuis quelques années", semble être un concept difficile à saisir : souvent, "on limite très nettement, la notion de 'climat' à celle de 'troubles' (...) Peu d’établissements envisagent le climat scolaire comme le résultat de l’action de la communauté scolaire et plus particulièrement du volet vie scolaire du projet d’établissement. En effet, cela nécessite d’accepter d’entrer dans une vision systémique du pilotage de la vie scolaire". Mais au total, "l’impression domine d’un 'climat scolaire' bien éloigné des descriptions délétères que les médias véhiculent souvent". Le rapport ajoute que la direction d’établissement a une forte responsabilité et que "cela nécessite [de sa part] une véritable intelligence, autant celle du cœur que la capacité à appréhender les situations, les comprendre, à donner du sens aux évènements imprévus, à construire un environnement rassurant, à donner une cohérence et une vision commune à cette organisation humaine qu’est le collège ou le lycée".
Quant aux nouvelles procédures relatives aux sanctions disciplinaires mises en place pour la rentrée 2011 (voir ToutEduc ici), elles se sont heurtées à diverses difficultés, pour la mise en place des "commissions éducatives" ou pour la rédaction d'un nouveau règlement intérieur. Il semblerait qu'il n'y ait pas eu de réduction du nombre des exclusions définitives, ce qui était pourtant le but recherché, mais peut-être "un renversement de la tendance à l’augmentation". Pour ce qui est des "mesures de responsabilisations", qui supposent que l'élève accomplisse un travail d'intérêt général dans un cadre associatif, "l’impression domine largement d’une mise en œuvre encore très limitée, très lacunaire". Le rapport considère pourtant que ce chantier "ouvre des perspectives".
Le rapport est téléchargeable sur le site du ministère ici