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Chaire Unesco "former les enseignants au XXIe siècle" : Le dire, c'est bien. Le faire, c'est mieux.

Paru dans Scolaire le lundi 28 janvier 2013.

Lyon, correspondance

Editer une sorte de "manuel du castor junior des enseignants "n'aurait rien à voir avec l'intelligence des situations sollicitée de manière permanente dans l'exercice du métier. Patrick Rayou (Paris-VIII) résume ainsi la teneur des propos du  colloque inaugurant la chaire UNESCO "former les enseignants au XXIe siècle" qui s’est achevé vendredi 25 janvier à Lyon. Quelque 150 personnes ont participé à ces deux jours d'échanges, organisés par l'IFE (Institut français de l'Education) dans les locaux de l'Ecole normale supérieure de Lyon. Responsables de formation, inspecteurs et représentants du ministère ont pu assister à une sorte d'état des lieux de la recherche sur la formation et le métier.

Une quinzaine de représentants d’instituts ou de laboratoires francophones centrés sur le travail et la formation des enseignants ont passé au crible ce sujet, pointant bien souvent des contradictions ou des limites. Ainsi, selon Christian Maroy (université de Montréal) la complexification du travail n'est pas seulement due à l'évolution du public scolaire mais est aussi liée à une "politique des résultats". Régis Malet (université de Bordeaux) a pointé les limites de la professionnalisation et ses rapports avec une politique managériale. En d'autres termes, le caractère fondamentalement discrétionnaire, autonome et éthique de la profession enseignante, ne doit pas disparaître au profit de recettes toutes faites.

Usure des enseignants chevronnés

Les difficultés auxquelles font face les débutants, mais aussi l'usure des plus chevronnés, la manière de développer la professionnalité dans l'exercice de leurs fonctions ont aussi été au cœur de ces deux jours de rencontre. Marc Durand (Université de Genève) a abordé cette question de l'apprentissage au travail, en insistant sur la nécessaire prise en compte de l'activité réelle des enseignants pour concevoir des formations, principalement centrées sur la simulation. Passant à la pratique, Valérie Lussi Borer et Alain Muller, également de l'université de Genève, ont montré comment des enseignants débutants, confrontés à une plateforme de vidéoformation, transforment leurs dispositions à agir par expériences mimétiques. Toujours parmi les pistes permettant d'améliorer la formation, de nouvelles modalités de tutorat des débutants, ont été présentées par Sébastien Chaliès (Université de Toulouse)

A l'issue de ce colloque, les représentants d'une dizaine de pays devaient choisir des expérimentations à conduire sous le regard de la chaire. Si les travaux en question ne sont pas encore précisément annoncés, plusieurs axes ont été retenus. D'abord améliorer la qualité du développement professionnel, tout au long de la carrière. Ce premier axe répond à une préoccupation corrélée à des besoins très fort. "Il faudra recruter 1,4 million d'enseignants en Afrique d'ici 2020", a notamment rappelé Suzy Halimi, vice présidente de la commission nationale française pour l'UNESCO. Les autres axes portent sur de nouveaux espaces et de nouveaux outils de formation ainsi que sur la formation des formateurs.

"Tout cela doit se faire autour de l'observation du travail réel des enseignants dans les salles de classe", insiste Luc Ria, porteur de la chaire au sein de l'ENS de Lyon. Celui-ci rappelle que ce paramètre imprégnera les autres thèmes de recherche retenus. Dans cet esprit, les représentants des autres pays ont prévu de revenir à Lyon en mars pour étudier la plate forme NéoPass@ction, mise en place par l'INRP (institut national de recherche pédagogique) devenu l'IFE fin 2010.

Quelle sera ensuite la traduction concrète de ce pont lancé entre la recherche et la formation ? Côté pile, il faut noter une forte représentation de cadres de l'éducation nationale en capacité de faire évoluer un tant soit peu la formation des enseignants lors de ces deux jours de réflexion ainsi que la détermination de l'équipe de l'Institut français de l'éducation. Côté face, on peut remarquer que les recherches sur le métier et la formation ne datent pas d'aujourd'hui et qu'elles ont une influence toute relative sur le système assez figé de formation et d'accompagnement des enseignants.

La prochaine étape attendue ne consiste pas à produire des réflexions et à proposer des outils, mais à les diffuser et à les appliquer sur le terrain, au-delà d'une certaine sphère.

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