Une chaire Unesco pour mieux former les enseignants
Paru dans Scolaire le mardi 22 janvier 2013.
Lyon, correspondance
"C’est la première chaire Unesco en France consacrée à l’éducation et à la formation", affirme Luc Ria, à propos de la chaire dont il sera le titulaire. Professeur en sciences de l’éducation, travaille depuis longtemps sur les processus de professionnalisation des enseignants. Il défend "une approche directe, réelle, en prise avec le terrain".
Sur le papier, l’ambition est de susciter de nouveaux concepts en matière de formation des praticiens, d’apporter des solutions concrètes et d’accompagner les politiques publiques en matière de formation initiale. Quoi de neuf toutefois au regard des nombreuses déclarations d’intention sur le sujet ? "Nous voulons vraiment partir du travail réel des enseignants. Nous souhaitons fournir de nouveaux outils, qui pourront véritablement accompagner ceux qui débutent ou les plus anciens", répond Luc Ria.
La chaire devrait donc permettre de construire des dispositifs "professionnalisants", ce qui correspond à une forte attente, en particulier dans le secondaire. Gage de cette volonté et de ce besoin, l’existence et le succès de la plateforme de ressources Néopass@ction dont Luc Ria est le directeur scientifique. Fondé sur l’observation des activités des enseignants, cet outil a été mis en place en septembre 2010 par l’INRP (l'Institut national de la recherche pédagogique, dissout au profit de l'IFE-ENS, l'institut français de l'éducation, une composante de l'ENS).
Colloque inaugural
Un colloque inaugural, qui se déroule mercredi 23 et jeudi 24 à l’Ecole normale supérieure de Lyon, donnera le coup d’envoi. Il réunira une quinzaine de représentants d’instituts ou de laboratoires francophones centrés sur le travail et la formation des enseignants. Quatre thématiques y seront abordées : l’évolution de la professionnalité enseignante, les caractéristiques de ceux qui entrent et de ceux qui durent dans le métier, les moyens d’apprendre en travaillant, les dispositifs innovants. A l’issue de ces deux jours, les participants définiront plus précisément des expérimentations visant à améliorer les dispositifs de formation. L’IFE agira comme une tête de réseau dans ce domaine, acteur, réceptacle et vitrine des travaux de recherche.
Peut-on vraiment croire à un échange de ces bonnes pratiques et à leur irrigation du terrain, via la formation? La démarche, somme toute, ressemble fort aux ambitions d’Innova, un observatoire européen des innovations en éducation et en formation, créé en 1995 au sein de l'ancien INRP. Or, elle n’a pas fait ses preuves. Luc Ria insiste sur l’importance de mieux définir les questions afin d’être efficace. "Limiter les objets de recherche, être concret", résume-t-il. A l’horizon 2015, l’IFE promet de créer un master "travail enseignant dans la francophonie" ainsi que la définition d’une nouvelle stratégie de formation.
La nouvelle chaire bénéficie en tout cas d’un nouvel atout. Le ministère de l’Education nationale considère que le "métier s’apprend", ce dont témoigne le projet de loi d'orientation pour la refondation de l’école. Jean-Paul Delahaye, directeur général de l’enseignement scolaire (DGESCO) participera au colloque avec 90 responsables de la formation des enseignants dans les académies.