Rythmes scolaires :
Paru dans Scolaire le mardi 08 janvier 2013.
Le CSE, le Conseil supérieur de l'éducation, a rejeté ce 8 janvier le projet de décret "relatif à l'aménagement du temps scolaire dans les écoles maternelles et élémentaires" par 23 voix contre (essentiellement les syndicats FO, SUD, CGT, FSU, le SNALC et la PEEP), 5 voix pour (dont celles de la Ligue de l'enseignement, de la JPA, de l'ARF, l'AMF et de l'ADF), 30 abstentions (dont celles des syndicats de la CFDT et celle de la FCPE) et 14 refus de vote, dont ceux des syndicats UNSA et CFTC. Pour Christian Chevalier (SE-UNSA), interrogé par ToutEduc, ce résultat témoigne de "l'embarras de la communauté éducative" qui est "divisée et inquiète". Il ajoute : "sur le terrain, les collègues sont très dubitatifs." Il pense que l'aménagement des rythmes scolaires se fera selon des modalités très différentes selon les départements et les communes, certaines se contentant d'aménager des garderies en lieu et place des activités périscolaires, et certains parents venant chercher leurs enfants dès la fin de la classe, puisque ces activités ne seront pas obligatoires. Il pense que la mise en place de cette nouvelle organisation de la semaine ne se fera pas sans "tensions ici ou là".
Le SE considère que "l’organisation du temps scolaire est éminemment pédagogique et [que] le conseil d’école ne doit pas renoncer à ses prérogatives en la matière". Il ajoute que le décret ne dit rien sur "l’amélioration des conditions de travail des personnels" : "aucune proposition précise n’a été faite par le ministère, ni sur un nouvel aménagement des 108 heures annuelles dues par les professeurs, ni même sur une nécessaire compensation financière de leur perte de pouvoir d’achat suite au passage à quatre jours et demi".
Pour sa part, la FNEC (la fédération FO de l'éducation) avait annoncé qu'elle voterait contre le projet de décret sur les rythmes scolaires" au CSE comme au CTM (Comité technique ministériel) du 11 janvier. Elle y voit une des formes de la "République des territoires" qu'elle refuse, ainsi qu'une "remise en cause des statuts et des conditions de travail des personnels". Elle dénonce une "double tutelle éducation nationale et collectivités territoriales" sur les enseignants, "le mercredi travaillé" et "l’aide personnalisée rebaptisée activités pédagogiques complémentaires". La fédération pourrait organiser le mercredi 23 janvier des actions "pour exprimer la volonté que les textes ministériels soient abandonnés", le décret et la loi. Elle participera le 24 au "grand rassemblement militant à Paris" organisé par la confédération "contre la politique de rigueur et d’austérité".
La FEP (enseignement privé, CFDT) s'est abstenue, et dénonce une modification des rythmes "modeste, très modeste, trop modeste" et s'inquiète de "certaines zones d’ombre". Le texte "n’apparaît pas comme normatif pour l’enseignement privé sous contrat" alors que les liens entre les établissements privés et les communes est "peu contraignant". Il regrette qu'il n'ait "actuellement rien de visible" en matière de programmes, d'organisation du travail et de compensations financières.
Le SNALC, qui a voté contre, évoque lui aussi l'absence de compensation financière des "dépenses qu'une telle réforme" engendre, et considère qu'elle "n'allège en rien la semaine des élèves" qui resteront "à l'école aussi tard qu'avant", d'autant que la durée de la pause méridienne n'est pas plafonnée, et pourrait aller, dans certaines villes, jusqu'à 2h30. Les collectivités pourront de plus "faire des propositions d'organisation du temps scolaire sans même consulter les conseils d'école". Mais surtout, le SNALC considère que cette réforme entérine la réduction du nombre des heures d'enseignement qu'il faudrait "restaurer".
L'association PRISME, favorable à la réforme des rythmes scolaires, a, pour sa part, proposé un certain nombre d'amendements au projet de décret. Il demande notamment que "la durée de la pause méridienne [soit] comprise entre une heure trente minutes et deux heures trente minutes", que "tous les enfants bénéficient (...) d’activités pédagogiques et/ou éducatives" et que cette organisation de la semaine "s'inscri[ve] en cohérence entre le projet d’école et le projet éducatif territorial". L'association demande que soit précisé la finalité des "activités pédagogiques et éducatives complémentaires" qui concourent "au développement personnel de l’enfant", avec "un accès plus large à la culture, au sport, aux loisirs éducatifs". Quant au "projet éducatif territorial", il "constitue le cadre par lequel la communauté éducative contribue à la définition, l’organisation et la mise en œuvre, sur des valeurs et des finalités partagées, d’une politique éducative à l’échelle territoriale (...) [Il] permet de coordonner les actions pédagogiques organisées dans le cadre du projet d’école avec les initiatives des collectivités territoriales et les propositions des associations dont celles de l’éducation populaire (...)"