Education & Devenir plaide pour une gouvernance démocratique de l'Education nationale.
Paru dans Scolaire le vendredi 28 décembre 2012.
"Peut-on refonder sans mettre en cause le fonctionnement hiérarchique et vertical de l’Ecole, sans redéfinir les missions de cadres intermédiaires sévèrement rudoyés ces dernières années ?" C'est la question que pose "Education & Devenir" dans la dernière livraison de ses Cahiers qui mêlent réflexions générales, conceptuelles, et exemples pratiques.
C'est ainsi que José Fouque (proviseur du lycée Vauvenargues, à Aix-en-Provence) regarde comment la transformation de quelques heures supplémentaires (HSA) en "heures poste" peut modifier assez profondément le fonctionnement d'un collège pourtant très médiocrement doté. Il fait la preuve que des marges de manoeuvre existent pour "créer un maillage efficace des responsabilités". De même Jean-Yves Langanay (IA-IPR honoraire) examine comment pourrait fonctionner les conseils d'administration pour qu'enseignants, élèves et parents aient la parole sur les sujets qui comptent. Gérard Heinz (principal d'un collège) montre qu'un établissement que tous les habitants du quartier voulait éviter a pu modifier son image et devenir attractif avec des classes hétérogènes et "sans créer de filières d’élite".
Vous avez dit "leadership" ?
Mais qui prend les décisions qui amènent ces changements ? Comment définir ces processus alors que "des mots comme gouvernance, performance, évaluation, résultats, régulation, leadership, autonomie (...) n’ont pas bonne presse dans les salles de professeurs" et "sont bien vite mis dans un même sac anglo-saxon et néo-libéral" ? Se cachent pourtant sous ces mots "des réalités et des pratiques sensiblement différentes". L'association, en titrant "Vous avez dit gouvernance ?", se donne donc pour objectif de "préciser le sens [qu'elle donne] à ces termes" pour aboutir à un "management participatif donc démocratique". Et pourquoi ne pas user de la notion de "leadership" pour définir le métier de chef d'établissement ? demande le chercheur Romuald Normand : "Par son étrangeté culturelle, son caractère décalé, son sens énigmatique (...), il lui permet de se réapproprier une dimension professionnelle oubliée (...) pour donner sens à un métier en pleine évolution."
Sur près de 70 pages, ce numéro décline les évolutions en cours, jusqu'au point extrême d'un CFA qui, avec l'accord de la CFDT et de FO, a pu redéfinir les missions et les services des enseignants... Tout en précisant qu'un telle expérience n'est pas transposable dans l'Education nationale, et en rejetant toute réforme autoritaire de notre système, l'association appelle de ses voeux "un travail de redéfinition de chaque maillon de la chaîne", aux niveaux national, régional, et local "associant l’ensemble des acteurs et partenaires de l’Ecole". "La refondation ne saurait réussir sans appropriation par ceux qui la feront vivre face aux élèves", ce qui suppose que les chefs d’établissement soient "porteurs de valeurs républicaines et sereinement insérés dans une… gouvernance rénovée".
Le site d'Education & Devenir, ici.