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Les parents de l'école catholique demandent la suppression du redoublement à l'école primaire

Paru dans Scolaire, Orientation le mardi 11 décembre 2012.

Caroline Saliou, présidente de l'APEL demande que soit inscrite dans la loi d'orientation, la suppression du redoublement "au moins à l'école primaire", et que l'Education nationale s'engage "à imaginer des solutions alternatives au collège et au lycée". Pour justifier cette prise de position, l' "Association des parents de l'enseignement libre" avait organisé ce 11 décembre une rencontre avec plusieurs experts et des enseignants porteurs d'alternatives. Un sondage Opinionway montre que seuls 5 % des enseignants considèrent le redoublement comme "une très bonne chose", même si 58 % d'entre eux en ont une vision plutôt positive. Ils sont pourtant 42 % à considérer que "le redoublement n'aide pas vraiment un élève en difficulté" et que celui-ci "continuera à rencontrer les mêmes difficultés".

Marcel Crahay (université de Genève) a passé en revue 200 études menées dans divers pays, qui montrent toutes que les élèves qui redoublent, par exemple un CP, ont de meilleures compétences à la fin de leur second CP, mais qu'elles seraient encore meilleures s'ils étaient passés directement au CE1, et que l'écart entre ceux qui ont doublé et les autres, à compétences égales, s'accentue dans la suite de leur scolarité. Thierry Troncin (IUFM de Dijon) a suivi le destin de 3 500 jeunes Bourguignons. Il en ressort que la probabilité de redoubler dépend fortement de l'école, ou plus exactement de la personnalité de l'inspecteur dont dépend l'école, et il considère le redoublement comme un "leurre pour l'enfant, la famille et les enseignants", puisqu'il prétend résoudre une difficulté sans analyse des causes. Mais, faute d'alternative, il apparaît parfois comme la moins mauvaise des solutions. Eric Charbonnier, expert éducation à l'OCDE, approuve, il n'y aura pas d'amélioration si on supprime le redoublement "sans changer le système". Il ajoute que plus d'un tiers, 38 % des élèves de 15 ans ont redoublé au moins une fois, contre 13 % en moyenne dans les pays de l'OCDE. Cela coûte à la France 2 milliards d'euros, qui pourraient être mieux utilisés.

Analyser les causes de son échec

Les débats avec la salle montrent qu'il faut sans doute distinguer le redoublement d'une petite classe, et celui de seconde, la classe la plus redoublée, pour des raisons stratégiques, pour obtenir une meilleure orientation. Il intervient à un âge où l'élève peut analyser les causes de cet échec, l'imputer à son manque de travail ou au système. Un enfant plus jeune peut penser que cet échec est imputable à sa "nullité", en conclure qu'il est "bête", baisser les bras pour la suite de sa scolarité. Martine Menès, psychanalyste (auteur de L'enfant et le savoir, Seuil) met aussi en garde et demande qu'on regarde au cas par cas, et dans toutes ses dimensions, l'opportunité d'un redoublement. Elle pense à l'un de ses analysants qui, 30 ans plus tard, pleure encore de n'avoir pas redoublé et d'avoir fait sa scolarité avec des élèves plus grands et plus forts que lui. Trop souvent, le désir des parents l'emporte sur celui de l'enfant. Elle raconte aussi l'histoire d'une pré-adolescente que sa famille pense surdouée, et pousse à l'excellence avec des cours supplémentaires. Elle a des troubles alimentaires qui justifient une thérapie, et déclare, à propos de l'école que "ça la gave". Elle rêve d'être cuisinière.

L'APEL met en avant des établissements qui luttent contre le redoublement, comme l'école Notre-Dame de Saint-Pierre La Cour (Mayenne) qui prend au sérieux les cycles, les enfants de trois tranches d'âge travaillant ensemble dans la même classe, ou comme le lycée Saint-Vincent de Paul à Paris, qui a divisé par deux son taux de redoublement avec un "conseil d'harmonisation" des conseils de classe, qui, dès le deuxième trimestre, amène les enseignants à débattre de leurs critères d'évaluation. 

Le sondage "Opinionway" sur le site de l'APEL, ici.

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