Jeunesse : faire confiance
Paru dans Scolaire, Périscolaire, Orientation le mardi 04 décembre 2012.
"Faites-nous confiance, et ce sera déjà un grand pas." Valérie Fourneyron, ministre en charge de la Jeunesse, cite cette parole de jeunes d'un quartier en difficulté, pour définir l'état d'esprit qui doit présider aux politiques jeunesse qui seront décidées lors du Comité interministériel de la Jeunesse qui se réunira début 2013 sous l'autorité du Premier ministre et dont elle est "la cheville ouvrière". Des groupes de travail interministériels sont déjà en place, sur les questions de trajectoire, de formation et d'orientation des jeunes, sur leur accès aux droits sociaux, sur leur engagement, sur la protection des plus fragiles, sur la gouvernance des dispositifs les concernant. L'idée générale est qu'il "mette fin au mille-feuille" des dispositifs ciblés et privilégie les dispositifs de droit commun. C'est ainsi d'ailleurs que pour l'accès au logement, on s'orienterait vers un dispositif de caution solidaire universel plutôt que vers un dispositif "jeune". La ministre a moqué le RSA jeune, "pensé pour ne pas être utilisé", puisqu'il aurait pu concerner 130 000 jeunes et qu'il ne compte que 9 000 bénéficiaires. Elle a en revanche fait l'éloge du service civique, qui a accueilli 20 000 jeunes cette année et qui devrait passer à 30 000 l'an prochain. Mais il s'agit surtout de "faire confiance aux jeunes" et de "co-construire avec eux" la politique qui les concerne.
La ministre intervenait, ce 4 décembre, en clôture du colloque organisé au Conseil économique et social pour la publication du premier rapport de l'Observatoire de la Jeunesse et des politiques de jeunesse. En voici des éléments.
"Les inégalités entre jeunes s'aggravent avec la crise." (O. Toche, directeur de l'INJEP)
"La pression à la réussite scolaire et à la détention d'un diplôme s'intensifie (...) Cette situation découle du caractère méritocratique et corporatiste de notre société." (F. Labadie, INJEP)
"Les travaux prospectifs sur l'évolution de l'emploi montrent que de nombreux postes seront à pourvoir dans les prochaines années dans des métiers peu qualifiés de service (...) occupés actuellement par des femmes peu diplômées. Cette tertiarisation de l'emploi (...) constitue une menace supplémentaire pour les jeunes hommes sans diplôme." (O. Galland, CNRS)
"Unifier les cursus scolaires au niveau collège, réduire les options qui favorisent les ségrégations scolaires et académiques, limiter la concurrence interétablissements et restreindre l'apprentissage précoce sont les politiques éducatives qui, dans d'autres pays, ont permis de combiner efficacité et équité (...)" (P. Merle, université de Bretagne occidentale)
"Les politiques de formation professionnelle axées sur l'acquisition de compétences et de connaissances reconnues et transférables au bénéfice des moins qualifiés sont vraisemblablement les plus utiles." (S. Jugnot, IRES)
"L'expérimentation du cannabis, contrairement à l'usage régulier, s'avère plus fréquente parmi les jeunes ayant un diplôme de niveau supérieur au bac (...) L'usage régulier, voire problématique apparaît plus fréquemment chez ceux qui n'ont pas le niveau bac." (F. Beck, CNRS-INSERM-EHESS et Y Amsellem-Mainguy, INJEP)
"La vulnérabilité juvénile (...) est le produit d'un mécanisme de marché (...) Mais l'exclusion sociale des jeunes est aussi un produit paradoxal de la protection sociale et du traitement spécifique qu'elle réserve aux jeunes." (L. Lima, CNAM)