Formation des enseignants : les directeurs d'IUFM
Paru dans Scolaire le lundi 03 décembre 2012.
Fait exceptionnel, les 32 directeurs d’IUFM, ont souhaité, à l'issue d'une séance de travail en plénière des 29 et 30 novembre, adresser une lettre ouverte au président de la République. Ils considèrent que les textes en préparation sur la formation des enseignants "posent plusieurs problèmes". Forts de leur expérience de ces dernières années durant lesquelles ils ont été "confrontés aux logiques des acteurs locaux", ils "ont pu mesurer toute la difficulté à maintenir la garantie d’équité sur le territoire et des logiques pertinentes de formation".
S'ils se félicitent que tous les masters portent la même mention, MEEF pour "Métiers de l’enseignement, de l’éducation et de la formation", que les futures ESPE (Écoles supérieures du professorat et de l’éducation) voient leur statut renforcé, et que les concours de recrutement soient modifiés "dans le sens d’une professionnalisation affirmée", ils redoutent de voir se poursuivre "les mouvements engagés en 2009 (...) dans le sens d’une déconstruction du potentiel de formation, d’une absence de professionnalisation des filières universitaires et d’une conception de la formation inadaptée aux enjeux de la refondation".
Pour les directeurs des IUFM, les ESPE devront "concevoir, coordonner et mettre en œuvre les formations d’enseignants", avoir les ressources correspondantes, porter le diplôme de master, mention MEEF, accueillir les étudiants inscrits dans cette formation.
Les "acteurs locaux" ne sont pas explicitement désignés dans ce courrier, mais il s'agit à l'évidence des rectorats, qui organisent les stages des futurs enseignants dans les établissements, et des UFR de lettres et sciences, qui sont vent debout contre les ESPE. La CDIUFM considère que l'organisation de la formation initiale des enseignants (et peut-être aussi leur formation continue) nécessite une vision d'ensemble, un pilotage au niveau de chaque académie, et qu'elle ne peut pas être découpée en fonction de chacune des parties intervenantes. Manifestement, ni l'administration déconcentrée de l'Education nationale, ni les formations académiques n'ont envie de voir surgir de la refondation un partenaire trop puissant.
Les 32 directeurs d'IUFM avaient adressé une lettre commune au ministre de l'Education nationale, au moment de la réforme dite de la "masterisation".
Sur l'opposition avec les UFR, lire ToutEduc Formation des enseignants : les directeurs d'IUFM plaident pour des ESPE fortes.
Télécharger la lettre des directeurs d'IUFM ici.