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Le salon de l'éducation : un espace apaisé de rencontres et de débats (J-M Ducomte)

Paru dans Scolaire, Périscolaire, Culture, Justice, Orientation le samedi 24 novembre 2012.

Le Salon européen de l'éducation, qui fermera ses portes demain 24 novembre, est "un évènement de  la Ligue de l'enseignement". Jean-Michel Ducomte, qui en est le président, répond à ToutEduc. 

ToutEduc : Le Salon de l'Education sert-il encore à quelque chose?

Jean-Michel Ducomte : Le Salon me semble plus utile que jamais aux acteurs de l'Education. Ils y trouvent des espaces informels de discussion pour confronter leurs opinions et trouver des solutions à leurs préoccupations, qui sans être identiques sont, nécessairement, convergentes. Le fait que le Salon soit organisé par la Ligue de l'Enseignement facilite les rapprochements. Nous connaissons tous les acteurs publics, du ministère aux représentants des collectivités territoriales, en passant par les associations de parents d'élèves et les syndicats. Le Salon crée une zone d'apaisement entre ces acteurs: les syndicats trouvent important que les cortèges ministériels puissent s'arrêter auprès d'eux, permettant des échanges informels qui n'étaient pas prévus initialement. Nous mettons aussi à la disposition de ces acteurs, s'ils le souhaitent, des espaces moins exposés de discussion. Cette intimité facilite l'avancée des négociations, qui impliquent des renoncements construits, et le déroulement d'échanges entre personnes responsables de l'intérêt général.

ToutEduc : Avez-vous un exemple de ce type de rapprochement ?

Jean-Michel Ducomte : La question des rythmes scolaires est un bon exemple. Alors que les propositions du ministère et leurs conditions de mise en oeuvre ne rencontraient pas un enthousiasme débordant du côté des syndicats, j'ai le sentiment que les lignes sont susceptibles de bouger pour permettre à un accord de se construire.

ToutEduc : Quel bilan tirez-vous de ces deux premiers jours?

Jean-Michel Ducomte : Il est d'ores et déjà positif. J'ai été étonné de la fréquentation dès le premier jour. Les années précédentes, les visiteurs avaient tendance à affluer le week-end. Cette année, dès jeudi, un nombre considérable de jeunes se sont déplacés au Salon. La visite de Vincent Peillon n'est pas étrangère à ce succès. Il a développé une relation particulière avec les jeunes, faite de proximité et de complicité, qui me rappelle le temps où Jack Lang était ministre de l'éducation nationale. Les jeunes ont soif de connaître, soif d'apprendre et soif de discuter. Aujourd'hui, ils ont le sentiment d'avoir face à eux un interlocuteur officiel, le ministre de l'Education, totalement ouvert à la discussion et à l'échange.

ToutEduc : Rencontrer Vincent Peillon n'est pas la principale motivation des jeunes qui se rendent au Salon...

Jean-Michel Ducomte : En effet, ils cherchent avant tout de l'information, en termes de formations. De plus, pour eux aussi, le salon est un espace de rapprochement où le lycée professionnel rencontre la classe prépa. Les élèves discutent ensemble de leurs formations, mais aussi de ce qu'ils sont. Cette proximité est rassurante: on ne peut pas nier que des fractures existent, mais ceux qui en sont acteurs ou victimes ont conscience qu'il existe des possibilité de les dépasser.

Certes, les rencontres qui se font ici pourraient se faire ailleurs, le Salon est un moment important mais pas fondateur. Nous offrons un cadre favorable à ces rencontres, et à ce sur quoi elles permettent de déboucher.

ToutEduc : Les syndicats sont nombreux à se rendre au Salon. Comment se passe leur intégration ?

Jean-Michel Ducomte : Ils sont placés en fonction de leur choix, dans un espace qui leur est dédié. Leur présence n'est ni contrainte, ni formelle, ils sont là parce qu'ils sont indispensables au Salon, parce qu'ils constituent des partenaires essentiels à toute réflexion sur l'évolution du système éducatif. Certes, tous ne sont pas là : les plus présents restent les syndicats enseignants. Nous n'en refusons aucun. Ceux qui sont absents ne sont pas demandeurs.

ToutEduc : Pourquoi certains syndicats, comme FO par exemple, ne souhaitent-ils pas se rendre au Salon ?

Jean-Michel Ducomte : Vraisemblablement cette participation ne s'inscrit-elle pas dans leur stratégie syndicale. On peut le regretter. C'est dommage, s'ils étaient présents ils y gagneraient beaucoup. Au-delà, l'absence de certains syndicats pose la question des espaces au sein desquels les acteurs de l'éducation peuvent se rencontrer. Le CNAL (Comité national d'action laïque), devrait permettre ce type de rencontres. La Ligue souhaite, depuis longtemps son élargissement , mais se heurte, pour le moment, à l'inertie de certains de nos partenaires, soucieux de conserver une forme de connivence historique. Mais la connivence peut se révéler la pire des choses : elle est rassurante au départ, mais finalement mortifère.

ToutEduc : Comment dépasser ces oppositions de principe?

Jean-Michel Ducomte : C'est une vraie difficulté, je ne sais pas comment l'aborder ou la contourner. On est souvent confronté à ce type de comportement face aux questions éducatives, qui croisent des problèmes importants, comme la laïcité, les droits acquis des personnels, la mobilisation des moyens et financements impliquant des acteurs de statut et de nature diverse. Il y a aussi une part de "jeu" syndical, et le "je" des acteurs y jouent un rôle, mais je suis convaincu que l'intérêt général prévaudra. Dans le cas de la réforme des rythmes scolaires, tout le monde s'accorde pour dire que la semaine de quatre jours et demi est une bonne chose, mais chacun, en fonction de ses intérêts, essaie de préserver ou de défendre ce qu'il considère comme essentiel. Qu'il s'agisse des conditions de travail en ce qui concerne les syndicats ou des moyens financiers et humains du côté des collectivités territoriales. Je vais confiance à chacun pour s'accorder sur un contenu et une temporalité pertinents. En cette matière comme en d'autres, il convient que nous apprenions à sortir de la temporalité fragmentée et compulsive du précédent quinquennat, où la politique se réduisait à un storystelling permanent fait d'effets d'annonce et de renoncements. Je n'ai guère de doute sur le sens de l'intérêt général et du service public des uns et des autres pour mener à son terme une réforme dont l'exigence est aussi largement partagée.

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