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La Croix-rouge s'inquiète du nombre d'enfants placés en centre d'hébergement

Paru dans Petite enfance, Périscolaire, Justice le mardi 20 novembre 2012.

"Chaque nuit, plus de 5 000 enfants dorment dans un centre d'hébergement. Cet hiver, pour la première fois, La Croix rouge devra loger des enfants dans des centres d'urgence, mais aussi dans des hébergements secs (des gymnases, par exemple). Or dans ces situations, l'accompagnement des enfants est impossible." A l'occasion du 23ème anniversaire de la Convention Internationale des Droits de l'Enfant, la Croix-Rouge a exprimé son inquiétude devant l'augmentation du nombre d'enfants en situation précaire.

Selon Mireille Gaüzere, administratrice de l'association et directrice adjointe de la PJJ , le nombre d'enfants placés en centre d'hébergement en France a augmenté pour la première fois depuis 1970. Or les conditions d'accueil de ces centres ne garantissent pas le bon développement des enfants en situation de vulnérabilité. "Les enfants ont besoin d'imagination, de temps de solitude pour assimiler les savoirs qu'ils ont appris: ces temps sont très rares en centre d'hébergement." Les enfants qui restent longtemps dans ces centres sont "trop encadrés et sans cesse stimulés, ce qui entraîne des difficultés de concentration". Pour l'association humanitaire, il est donc important de valoriser l'accès au logement autonome, "afin de donner à chaque enfant le droit d'avoir une vie d'enfant".

La parentalité mise à mal

La précarité des centres d'hébergement empêche les enfants de bénéficier d'un cadre familial stable. Les parents cherchent d'abord à assurer la sécurité de leurs enfants: leur fonction éducative passe au second plan, comme l'explique Jeanne Werner, responsable socio-éducative des Centres d'Hébergement de la Croix-Rouge dans le Val-de-Marne (94). "En hébergement d'urgence, un parent a du mal à se situer comme adulte référent détenteur de l'autorité." Les parents sont en effet soumis à des règles qui ne sont pas les leurs, puisqu'elles dépendent de la structure ou du tiers qui les hébergent. Ils doivent ainsi expliquer à leur enfant une règle qui ne correspond pas forcément à leur propre système de valeur. "Elle n'est plus perçue comme la règle de la famille, mais comme celle de l'institution."

La vie en collectivité dans les établissements d'urgence redouble cette difficulté. "Les parents sont sans cesse confrontés à l'autorité des autres parents, dont les principes éducatifs diffèrent. Ils éprouvent des difficultés à se situer.", explique J. Werner. Selon M. Gaüzere, pour que l'altération du lien familial ne soit pas trop lourde, "l'hébergement en centre d'urgence doit être transitoire".

Maintenir la parentalité dans des situations de vulnérabilité sociale: tel est l'objectif du centre maternel "les Gigognes" à Argenteuil, mis en place sous mandat de la protection de l'enfance. Il mène un travail d'accompagnement de la relation parent-enfant, principalement auprès des jeunes mères de famille. "Nous valorisons les compétences de la mère pour lui faire comprendre qu'elle peut apporter quelque chose à son enfant, quelle que soit sa situation économique”, explique Karine Carabin, responsable du centre.

Favoriser "l'entre-deux"

Ce soutien parental est indispensable au développement des enfants en situation précaire. Pour Roland Geadah, historien, pysychologue et anthropologue au CICERF, "nous avons le devoir absolu de nourrir chez l'enfant la capacité de rêver et réaliser quelque chose. Le "doudou", “l'ours en peluche” n'en sont que des exemples: même le milieu le plus pauvre peut offrir des moyens de créer à condition d'offrir des situations de consolation à l’enfant".

"En soutenant la mère, nous permettons à l'enfant de s'épanouir" conclut K.Carabin. Pour favoriser le maintien des liens familiaux, le centre des Gigognes a aussi imaginé un dispositif, "l’entre-deux", qui permet aux familles de passer des moments en-dehors du centre d'hébergement, dans une certaine intimité. "Même s'il est placé, l'enfant développe ainsi une identité familiale", assure Karine Carabin.

Ce type de centres ne parvient pas à faire face à l'afflux des demandes. En 2011, année de sa création, le centre des gigognes comptait 9 places pour 98 demandes, majoritairement des femmes entre 18 et 21 ans. 12 places de plus devraient être ouvertes en 2013.

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