Refondation de l'Ecole : "nos collègues sont exaspérés" (FO). La FCPE s'impatiente
Paru dans Scolaire, Périscolaire, Orientation le mercredi 14 novembre 2012.
"Nos collègues, sur le terrain, sont exaspérés", déclare à ToutEduc Jacques Paris, secrétaire général du syndicat FO des lycées et collèges. "Je ne pensais pas que les conseillers d'orientation psychologues étaient remontés à ce point", ajoute Hubert Raguin, secrétaire général de la FNEC-FP (fédération FO de l'éducation). Dans les lycées, tous deux voient que la réforme Chatel n'est pas remise en cause, avec cette heure d'aide personnalisée, un "OPNI" (objet pédagogique non identifié), qui provoque l'absentéisme des élèves. De plus le décompte de cette heure varie d'un établissement à l'autre. Les professeurs de langues sont "fous furieux" de la surcharge de travail. Dans les collèges, la réunionnite met les nerfs à rude épreuve, tout comme le livret d'évaluation des compétences, qui est "aménagé mais maintenu".
Les deux responsables syndicaux considèrent que la loi d'orientation va créer d'autres "points de crispation". Dans le premier degré, la demi-journée en plus signifie, estiment-ils, que les enseignants travailleront plus et auront des frais en plus, de transport et de garde d'enfants. De nombreuses questions posées par la réforme des rythmes scolaires sont "sans réponses". Que vont devenir les études surveillées ? Le ministre voudrait maintenir [au moins partiellement, ndlr] le dispositif d'aide individualisée "qui ne marche pas". La liaison "école-collège" sera dans la loi. "C'est la sanctuarisation de l'école du socle, avec des conseils pédagogiques communs dont nous nous demandons comment ils fonctionneraient, qui les présideraient, le principal ou l'IEN, et cela ouvre la voie à des décrets qui dérogeraient aux statuts, qu'il s'agisse des échanges de services entre premier et second degré ou du caractère national des programmes".
C'est en effet la décentralisation, avec une autre loi qui "concernera vraisemblablement pour une grande part l'Education nationale" et avec ce qui sera déjà dans la loi d'orientation qui concentre toutes les inquiétudes. Sur la carte des formations, Hubert Raguin fait remarquer que le ministre n'a pas reçu le SNETAA, pourtant "principal syndicat" de l'enseignement professionnel. Les contrats d'objectifs "établissement- Etat- Région" pour les lycées sont également source d'inquiétude. La FNEC ne pense pas, de plus, que le statut national des CO-Psy puisse leur être garanti par voie de conventions avec les Régions, comme le lui a affirmé le ministre. Le souvenir des manifestations pour rester dans la fonction publique l'Etat lors de "l'acte II de la décentralisation" en 2004-2005 reste très vif parmi les conseillers d'orientation. S'y ajoute la perspective de voir, avec les PEL (projets éducatifs locaux) les collectivités dire leur mot sur des questions d'organisation pédagogique des écoles.
FO considère que le ministre n'a "pas de consensus" sur lequel s'appuyer pour la refondation. C'est un constat semblable que fait, pour des raisons diamétralement opposées, la FCPE. Elle considère que "les débats comptables sur les rythmes scolaires, qui bloquent l’avancée de la loi d’orientation, n’ont que trop duré (...) Où est passée la préoccupation partagée par toutes et tous dans la concertation de lutter contre l’échec scolaire ? (...) Où est passée la cohérence d’ensemble pour bâtir un projet de société qui ne se résume pas à des choix a minima qui ne garantiront en rien l’amélioration de l’école ?"