L'Encyclopedia universalis veut "se centrer sur le monde de l'éducation" et passe au "tout numérique"
Paru dans Scolaire, Culture le mardi 13 novembre 2012.
"Nous allons nous centrer sur le monde de l'éducation" et de la culture. Les responsables de l'Encyclopedia universalis annonçaient, ce 13 novembre, un "tournant stratégique" vers le "tout numérique", et une commercialisation qui passe plutôt par les grands comptes, les Régions et les Départements notamment. Ils estiment que cette encyclopédie est déjà "la première ressource documentaire utilisée dans l'enseignement", et que "plus de 2 millions d'élèves et d'étudiants en France et autant dans les zones francophones du monde" s'y connectent. L'entreprise, fondée dans les années 60, a créé en 1999 un premier site dédié aux établissements scolaires, et en a développé depuis un pour le primaire, un pour le collège et un troisième pour les lycées et l'enseignement supérieur, ainsi qu'une banque d'images. Un millier de lycées sont aujourd'hui abonnés. Mais alors que l'abonnement d'un établissement est facturé 450 à 750 € environ, l'éditeur préfère s'adresser aux collectivités pour une insertion dans leurs ENT (environnements numériques de travail). Les Régions PACA et Rhône-Alpes ont déja souscrit, les négociations sont en cours, indique-t-il, avec 5 autres Régions, dont l'Ile-de-France. Avec les Départements, qui developpent plus lentement leurs ENT, les discussions sont en cours avec "4 ou 5 d'entre eux", et un ou deux ont souscrit, mais des contrats partiels.
Avec le numérique, l'entreprise considère que l'encyclopédie devient un élément dans un ensemble de ressources, et qu'elle ne vend pas seulement une base documentaire, mais aussi de la formation des enseignants, de l'accompagnement, des conférences, un ensemble de services. Elle considère aussi que les enseignants, peut-être les 3/4 d'entre eux, "fabriquent eux-mêmes leurs ressources" pour s'adapter au contexte local. Dans une zone de montagne, l'illustration d'un cours de géologie ne sera pas forcément le même que dans une zone de plaine, alors que le manuel, papier ou numérique, est identique pour toutes les régions de France. "Je ne connais aucun enseignant qui se contente du manuel", affirme le responsable du développement "institutionnel" de l'éditeur qui ajoute que les établissements sont aujourd'hui en mesure d'utiliser des ressources numériques, ce qui n'était pas le cas quand ils n'étaient pas équipés ou que la technologie n'était pas adaptée. Le premier test, avec une liaison "MODEM" avait très vite dû être abandonné, au vu de la facture téléphonique !
La souplesse du numérique amène aussi une modification de la demande. C'est ainsi que les écoles francophones de l'Ontario se sont plaintes que les planches anatomiques étaient sexuées, et le Maroc a demandé une modification du tracé de sa frontière sud. L'éditeur a maintenu, dans les deux cas, sa ligne rédactionnelle, mais s'inscrit dans une logique de service, donc de prise en compte, jusqu'à un certain point, des desiderata des utilisateurs. Dans les ENT, les enseignants ont un espace personnel, où ils peuvent prendre dans la matière documentaire les éléments qui les intéressent, et les modifier en fonction de leurs besoins, par exemple insérer des définitions de certains termes dans un texte. Cet espace devrait d'ailleurs être transférable si l'enseignant change d'établissement, à condition que son nouvel établissement soit abonné.
Le passage au "tout numérique" s'accompagne d'une ultime édition "papier", avec un tirage limité, de son encyclopédie, déjà vendue, depuis 1972 à 700 000 exemplaires. Le site destiné aux particuliers "génère une audience de près de 8 500 000 visiteurs uniques par an et compte déjà 8 500 abonnés" (79 €/an). Le numérique représente aujourd'hui 50 % de ses quelque 6 à 7 millions de chiffre d'affaires.